Les patrons de sites Web, par peur de manquer un train vers une direction inconnue, ont dépensé beaucoup d’argent. Histoire de voir, histoire d’en être. L’année et le compte en banque épuisés, les voilà bien embêtés. Quelques-uns pensent se refaire une seconde ou une troisième fois en levant à nouveau des fonds. C’est oublier que les Venture Capitalists ont, eux aussi, des comptes à rendre. Autrement dit, le robinet est fermé.Le miracle de la Net-économie n’est pas encore pour demain. Conséquence immédiate, les fonds d’investissement ont perdu de l’argent. Mais pas l’espoir de réaliser de grosses plus-values sur les meilleurs produits. Les rares sites qui ont atteint leur seuil critique seront secourus, parcimonieusement. Pour les autres, le nettoyage va se poursuivre, inexorablement, pendant au moins six mois. Et les managers qui se voyaient en Bill Gates du Net, ceux qui étaient devenus milliardaires en actions ? Ils vont retrouver le bitume quotidien.C’est sûr, quelques-uns continueront à ne pas comprendre. Les autres auront mûri et tiré une expérience de leur aventure… et quelques prêts personnels à rembourser. Ceux-là savent désormais qu’il ne suffit pas ” d’enfumer les investisseurs “, de les faire saliver avec un business plan visionnaire d’enfer. Ils savent aussi qu’une manne, aussi énorme soit-elle, ne se dépense pas sans précautions, sans un poil de bon sens.Ce sont ces managers devenus raisonnables qui comptent, semaine après semaine, les cadavres parmi tous ces sites ” sublimes, fabuleux, épastroufiants “. Ils méditent aussi ce paradoxe : ceux qui vont survivre, ce sont souvent ceux qui ont fonctionné avec rien ou quasi rien.Vous ne connaissez pas la recette ? Simple : une compta à l’ancienne, du bon sens paysan, des équipes ultra légères soudées 80 heures par semaine, des salaires juste pour subsister, pas de frais somptuaires, pas de communiqués de presse triomphalistes, pas d’articles complaisants dans les médias, une guérilla continue avec le banquier. Et aussi : une information de qualité sur le site, des services simples et impeccables, des clients fidèles, une progression continue et désormais une excellente notoriété. Mieux encore, l’équilibre financier en vue dans les six à dix mois.Pourtant, paradoxe du paradoxe, ces sites qui, hier n’attiraient pas les fonds d’investissement (trop petits projets, pas assez communicants, etc.) risquent de mourir demain, faute d’un minimum de ressources. Ce qui leur est nécessaire ? Pas des millions, juste quelques centaines de milliers de francs ; alors qu’ils ont fait 95 % du chemin sans aide.Alors, pour tous les VC qui veulent se refaire, mon conseil du millénaire : investissez dans les sites qui affichent quatre années d’existence au compteur. Cest une vraie performance. Et un critère de qualité imparable.Prochaine chronique le 6 janvier 2001.
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