Ce 18 octobre 2022, l’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a inauguré son propre métavers. Mis à disposition par la division Secure Cloud d’Interpol, ce monde numérique est destiné « aux forces de l’ordre du monde entier », explique le communiqué de presse. Il a été annoncé lors de la 90e Assemblée générale annuelle de l’organisme, qui était organisée dans la ville de New Dehli.
Un métavers pour former les forces de l’ordre
Une fois entrés dans le métavers par le biais d’un casque de réalité virtuelle, les délégués internationaux d’Interpol ont pu visiter une version numérique du Secrétariat général de l’organisation, situé à Lyon. Au sein de cet espace, ils ont pu échanger avec des agents qui se trouvent dans des bureaux à l’étranger. En miroir de Meta, The Sandbox, Decentraland et la plupart des métavers, Interpol propose à ses agents d’apparaître sous la forme d’avatars virtuels.
Selon Interpol, ce métavers sera surtout utilisé pour organiser des formations immersives. Le communiqué évoque notamment des formations d’enquête médico-légale, dispensées « sans frontières géographiques ou physiques ». Grâce à ce centre de formations en ligne, l’organisation cherche également à améliorer le travail à distance, le réseautage entre les différents bureaux, et la création d’activités pratiques.
Des experts ont fait une démonstration des possibilités offertes par le métavers lors de l’annonce à New Delhi. Ce cours en ligne était dédié à la vérification des documents de voyage et le contrôle des passagers. Les visiteurs ont pu mettre en application la théorie dans un aéroport virtuel.
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La criminalité dans le métavers augmente
Avec son propre métavers, Interpol ambitionne essentiellement de répondre à l’explosion de la criminalité en ligne. Citant un rapport mis au point par ses équipes, l’organisation policière affirme que la criminalité en ligne « a de plus en plus évolué à mesure que le rythme de la numérisation a augmenté ».
Interpol précise que les criminels exploitent déjà activement les métavers. Relayant les conclusions du Forum économique mondial et de géants de la tech, comme Meta ou Microsoft, l’entité assure que les escroqueries et l’extrémisme gangrènent déjà les mondes accessibles en réalité virtuelle.
« À mesure que le nombre d’utilisateurs des m2tavers augmentera et que la technologie se développera, la liste des crimes possibles ne fera que s’élargir pour inclure potentiellement les crimes contre les enfants, le vol de données, le blanchiment d’argent, la fraude financière, la contrefaçon, les rançonnages, l’hameçonnage, les agressions sexuelles et le harcèlement », estime Interpol.
Les experts en sécurité informatique de TrendMicro abondent. Selon eux, l’essor du métavers va s’accompagner du développement d’une nouvelle forme de criminalité, similaire à celle qui s’est organisée sur le Dark Web, la face cachée d’Internet.
Les experts l’ont baptisé le darkverse. Les chercheurs estiment que ce darkverse va surtout faciliter l’émergence de marchés noirs, de la pornographie infantile et du blanchiment d’argent. TrendMicro craint qu’une pléthore de ces pratiques illicites dans le métavers échappent aux forces de l’ordre, notamment à cause des technologies blockchain, comme les tokens non fongibles (NFT) :
« Les activités illégales ou criminelles sont susceptibles de prospérer dans le darkverse car il sera difficile de les suivre et de les surveiller ».
C’est pour préparer ses agents à affronter ces nouveaux défis qu’Interpol a conçu son métavers. Comme le souligne l’organisation, la police doit impérativement faire l’expérience des mondes numériques pour les comprendre.
« En identifiant ces risques dès le départ, nous pouvons travailler avec les parties prenantes pour façonner les cadres de gouvernance nécessaires et stopper les marchés criminels avant qu’ils ne soient pleinement formés. Ce n’est qu’en ayant ces conversations maintenant que nous pourrons construire une réponse efficace », explique Madan Oberoi, directeur de la technologie et de l’innovation d’Interpol.
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Source : Interpol
