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Meta ne protège pas assez les mineurs, selon une autorité américaine

Meta est à nouveau dans le viseur de l’autorité en charge de la protection des consommateurs aux États-Unis. Cette dernière demande que le groupe cesse de monétiser les données des utilisateurs de moins de 18 ans. Elle exige aussi que tout nouveau service soit conditionné à l’approbation d’un expert indépendant. Meta s’insurge, estimant qu’il s’agit d’un coup politique.

Exit les publicités ciblées visant les mineurs sur Instagram, Messenger Kids ou Facebook ? C’est ce que propose la FTC, l’autorité en charge de la concurrence et de la protection des consommateurs aux États-Unis, qui vient de publier un communiqué sur son site le 3 mai dernier. Elle estime que Meta, le groupe fondé par Mark Zuckerberg, met les enfants en danger sur ses plateformes comme WhatsApp, Facebook ou Instagram. Conséquence : le groupe doit arrêter de monétiser les données des moins de 18 ans. Il ne pourra plus lancer de nouveaux produits ou services tant qu’ils n’ont pas été contrôlés sur le plan de la protection de la vie privée.

C’est en ces termes particulièrement cinglants que la FTC demande à Meta d’opérer des changements dans son fonctionnement. Elle accuse la firme de ne pas respecter la vie privée des enfants, notamment protégée outre Atlantique par la loi sur la protection en ligne des enfants. Elle estime aussi que le groupe ne respecte pas l’ordonnance de 2020, une sorte d’accord entre Meta et la FTC conclu après le scandale de Cambridge Analytica. Dans ce texte, le groupe s’engageait à respecter davantage la confidentialité de ses utilisateurs, y compris des plus jeunes.

Ce n’est pas la première fois que le groupe fondé par Mark Zuckerberg est accusé de ne pas assez protéger ses jeunes utilisateurs. Il y a quelques jours, une enquête du Guardian montrait que la firme ne faisait pas assez pour lutter contre le trafic sexuel d’enfants. Cette fois, ce sont ses pratiques en matière de collecte et de traitement des données des mineurs, ainsi que celles liées à la reconnaissance faciale, qui sont en cause. La FTC explique se baser sur l’examen d’un évaluateur indépendant dont l’existence et le périmètre d’action sont définis dans l’ordonnance de 2020. Ce type d’expert examine la façon dont Meta respecte ses obligations en termes de protection de la vie privée. Or, ce dernier aurait « identifié plusieurs lacunes et faiblesses » dans les mesures de protection de la vie privée de l’entreprise, rapporte l’autorité. Par exemple, dans Messenger Kids, les enfants sont censés ne pouvoir discuter qu’avec des contacts déterminés par les parents. Mais pendant longtemps, il était possible pour des personnes extérieures à la liste définie de prendre contact avec ces enfants.

Il s’agit d’un « coup politique » pour Meta

Conséquence, l’autorité propose à Meta d’adopter différentes modifications : ces nouvelles règles interdiraient, dans les faits, aux plateformes du groupe de monétiser les données des mineurs. L’entreprise ne pourrait par exemple plus leur diffuser de publicités ciblées. Toute nouvelle utilisation de la technologie de reconnaissance faciale devrait recevoir le consentement explicite de l’utilisateur.

Enfin, tout nouveau produit ou service mis en place par le groupe devrait recevoir préalablement le feu vert d’un évaluateur indépendant de la protection de la vie privée. « Si cette partie des changements proposés prend effet, la FTC mettra un énorme coup d’arrêt à la feuille de route des nouveaux produits de Meta », explique Debra Aho Williamson, analyste principale chez Insider Intelligence citée par Gizmodo. Il s’agit d’un « coup politique » a répondu Meta sur Twitter. Par ce communiqué, l’autorité essaie « d’usurper l’autorité du Congrès pour établir des normes applicables à l’ensemble de l’industrie », avance le porte-parole de l’entreprise, Andy Stone.

« La FTC n’a pas l’autorité pour imposer de telles règles ». Et aucun problème soulevé « ne justifie les changements radicaux demandés par la FTC ». « Nous nous battrons vigoureusement contre cette action et espérons l’emporter », a-t-il ajouté. L’autorité américaine n’est pas la seule à contrôler de près le groupe de Mark Zuckerberg. En octobre dernier, les Cnils européennes avaient aussi estimé, amende record à la clé, que Meta traitait les données personnelles des enfants de manière illicite. Outre Atlantique, le groupe a désormais 30 jours pour répondre à l’autorité. En fonction de son retour, la FTC votera pour modifier ou adopter les règles proposées qui deviendront alors définitives.

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Source : Communiqué de la FTC


Stéphanie Bascou