Ne l’appelez plus « Project Cambria » mais Quest Pro. À l’occasion de sa conférence annuelle Connect, Meta a annoncé, et commercialisé dans la foulée, son nouveau casque de réalité virtuelle. Il sera disponible dès le 25 octobre et d’ores et déjà en précommande.
Mais les fans de jeux en VR peuvent ranger leur carte bancaire tout de suite : bien qu’il soit rétrocompatible avec la logithèque du Quest 2, ce casque-là n’est pas vraiment fait pour les joueurs. Ou pas encore. Car, autant le dire d’emblée, son prix risque de faire fuir la plupart des fans de Beat Saber : l’engin ne coûte en effet pas moins de 1800 euros.
Non, le Quest Pro cible une autre clientèle, celles des pros, des créatifs, des développeurs. Et a surtout pour ambition de rendre un peu plus crédible, de matérialiser le « métavers » que la firme de Menlo Park appelle de ses vœux. « Le Quest Pro a été conçu pour étendre les possibilités de la réalité virtuelle et mixte » annonce l’entreprise dans un communiqué. Et en effet, il nous fait plutôt penser à un Hololens à la sauce Zuckerberg.
Des spécifications inédites
Soyons honnêtes : c’est, d’un strict point de vue technologique, une pure merveille. Meta a réussi à produire ce qui est sans doute le produit de réalité mixte le plus excitant depuis celui de Microsoft, et il y a mis les moyens. Ce qui explique certainement ce prix qui semble a priori démesuré.
On résume. D’abord, il y a le design de l’appareil. Beaucoup plus équilibré que le Quest 2, le Quest Pro a été conçu pour être porté longtemps et enlevé sans effort, la partie arrière (qui comprend la batterie) assurant un contrepoids à la partie avant. Mais c’est loin d’être la seule astuce ergonomique : le Quest Pro permet aussi un réglage à la carte de l’écart pupillaire, entre 55 et 75 mm. C’est un grand progrès : son prédécesseur ne propose que trois réglages différents, et s’ils ne conviennent pas, des images floues, voire un mal de crâne peuvent surgir très rapidement…
L’essentiel (et le prix de composants !) est toutefois ailleurs. D’abord, dans l’optique. Meta a troqué les bonnes vieilles lentilles dites de « Fresnel » pour des optiques plates, dites « pancakes ». Cela améliore non seulement l’ergonomie de l’appareil, mais aussi le confort de vue en VR, notamment la vision dans les coins de l’image. Le champ de vision a par ailleurs été un peu amélioré par rapport au Quest 2.
La définition des écrans, toujours LCD, n’évolue en revanche pas beaucoup (1800 x 1920) mais on a désormais droit à des écrans à points quantiques (quantum dots) et un meilleur rétro éclairage (mini-Led) qui devraient tous deux largement améliorer la qualité d’affichage.
Mais là où le Quest Pro innove vraiment, c’est en matière de réalité mixte. Il troque les caméras basse définition noir et blanc du Quest 2 pour des modules en couleur, qui brassent quatre fois plus de pixels. À quoi ça sert ? Ces caméras filment votre environnement pour « reconstruire » le monde qui vous entoure en réalité virtuelle et mixer ainsi contenus réels et virtuels.
Autre nouveauté : une caméra, à l’intérieur du casque, permet de détecter vos expressions faciales. Meta souhaite s’en servir pour offrir davantage de réalisme à vos interactions sociales en VR, durant lesquelles votre avatar sera, du coup, capable de sourire, de froncer les sourcils ou de grimacer tout comme vous.
Même les manettes bénéficient d’une sérieuse upgrade, puisqu’elles bénéficient désormais chacune de trois caméras, qui permettent un suivi des mouvements beaucoup plus précis, qui ne dépend plus du casque. Elles profitent aussi d’un moteur haptique bien plus évolué qu’auparavant.
Toutes les données sont traitées par une toute nouvelle puce, exclusive pour l’instant à ce produit : le SoC XR2+ de Qualcomm, associé à 12 Go de RAM. De quoi, selon Meta, assurer des performances 40 % supérieures à celles d’un Quest 2.
Mais à quoi ça sert, tout ça ?
Oui, cette avalanche de détails techniques alléchants est séduisante. Mais une question capitale reste en suspens : que va-t-on faire avec un tel casque ? Existe-t-il des applications suffisamment intéressantes pour justifier un tel achat ?
D’abord, on le redit : ce n’est pas vraiment une console de jeux VR, même s’il est compatible avec toute la ludothèque du Quest 2… Car le Quest Pro a plutôt été pensé pour la réalité augmentée. Il laisse ainsi entrer beaucoup plus de lumière par défaut : il faut recourir à deux blocs aimantés pour mieux se protéger de la lumière ambiante lorsqu’on joue, voire acheter un accessoire supplémentaire (oui, oui) pour l’occulter complètement.
Durant la conférence, Meta a davantage insisté sur d’autres aspects, comme le travail collaboratif, par exemple. Travailler sur un bureau virtuel en surimpression de la réalité, participer à des réunions virtuelles « immersives » ou les expressions faciales de vos collègues seront retranscrites, coopérer sur un modèle 3D à distance… voilà les scénarios d’usage privilégiés pour l’instant. Mais la firme n’a pas été capable de montrer, tout au long de sa conférence, une « killer app » qui aurait permis au grand public de se projeter dans cette révolution annoncée.
« Nous pensons que les appareils VR vont participer à l’émergence de la prochaine plate-forme informatique, deviendront aussi omniprésents que les ordinateurs et les tablettes aujourd’hui, et que les gens les utiliseront dans leur vie quotidienne pour accéder au métavers. Avec ses technologies dernier cri, le Meta Quest Pro représente un pas important vers ce futur. »
Cet extrait d’un communiqué de Meta le dit en creux : cet appareil est surtout une étape vers de nouveaux produits, sans doute moins chers, plus autonomes et encore plus faciles à porter, qui verront le jour dans les prochaines années.
En ce sens, et au regard de son prix, difficile pour l’instant de voir en le Meta Quest Pro autre chose qu’un superbe kit de développement pour le métavers. Aux développeurs de s’en emparer pour nous convaincre que ses successeurs nous seront demain indispensables…
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