CrowdTangle n’était guère connu du grand public, en revanche cette plateforme était un point de passage obligé pour tous ceux — chercheurs ou journalistes — qui voulaient suivre les tendances en direct sur les réseaux sociaux du groupe Meta. Tout particulièrement la désinformation, sa propagation et l’engagement qu’elle provoque chez les utilisateurs de Facebook ou d’Instagram.
Bruxelles contre-attaque
Malgré l’utilité de CrowdTangle, en particulier en période électorale comme c’est actuellement le cas aux États-Unis, Meta a décidé en novembre dernier de fermer cette boîte à outils, ce qui est le cas depuis le 14 août. Des parlementaires américains avaient demandé à l’entreprise de reporter cette fermeture de six mois, le temps justement de laisser passer la campagne pour la présidentielle, un moment particulièrement propice à la désinformation.
En réponse, Meta a déploré que CrowdTangle était « difficile à maintenir » et qu’il ne fournissait pas une « image représentative » de ce qui se passe sur ses plateformes. L’outil de surveillance est remplacé par Meta Content Library, qui est censé fournir davantage de données et la possibilité d’analyser les commentaires sous les publications. Si les chercheurs peuvent accéder à cette bibliothèque, ce n’est pas le cas des éditeurs de presse ou d’autres organisations.
CrowdTangle a été créé en 2011 et est rapidement devenu un outil essentiel pour les médias, afin de suivre la viralité des posts. Meta, qui s’appelait alors Facebook, a acheté la plateforme en 2016 et l’a rendue gratuite. Elle a particulièrement servi pour suivre la désinformation sur le Covid-19 pendant la pandémie, le mouvement conspirationniste QAnon, ou encore les opérations d’influence menées par la Russie.
Meta n’est cependant pas sorti de l’auberge, car la Commission européenne a demandé à l’entreprise de s’expliquer sur la fermeture de CrowdTangle dans le cadre du DSA. Le règlement sur les services numériques impose aux très grandes plateformes en ligne un certain niveau de transparence, ce qui inclut l’accès aux données par les chercheurs.
Le régulateur européen veut notamment des détails sur la nouvelle bibliothèque et ses API, les critères d’éligibilité, les fonctionnalités et les données accessibles, entre autres. Meta a jusqu’au 6 septembre pour répondre aux demandes de la Commission. En avril, Bruxelles ouvrait une enquête sur le groupe concernant le respect du DSA : une des plaintes portait sur l’absence d’un outil efficace de surveillance du discours civique et des élections en temps réel par des tiers.
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