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Meta accusé de fermer les yeux sur l’exploitation sexuelle des mineurs dans Facebook et Instagram

Meta est de nouveau sous le feu de l’actualité et pas pour les bonnes raisons. L’opérateur de Facebook et d’Instagram est accusé de fermer les yeux sur l’exploitation sexuelle des mineurs, voire pire.

Des documents internes à Meta dévoilés à l’occasion d’une procédure judiciaire intentée par l’État du Nouveau-Mexique dévoilent que le groupe aurait fait la promotion de ses plateformes de messagerie auprès des enfants, mais aussi — et beaucoup plus grave —, qu’il savait que des volumes importants de contenus inappropriés et sexuellement explicites circulent entre des mineurs et des adultes.

Exploitation sexuelle de mineurs

Ces documents, repris par TechCrunch, indiquent qu’à plusieurs reprises, des employés de Meta ont fait part de leur inquiétude en interne sur l’exploitation des enfants et des ados sur les messageries de l’entreprise. Cette dernière a reconnu les risques que font peser Messenger et la messagerie intégrée d’Instagram sur les utilisateurs mineurs, sans toutefois réagir en conséquence pour des raisons de rentabilité.

Le procureur général du Nouveau-Mexique a des mots très durs : selon lui, Meta et Mark Zuckerberg permettent aux prédateurs d’exploiter sexuellement des mineurs. « Pendant des années, les employés de Meta ont tenté de tirer la sonnette d’alarme sur les décisions prises par la direction [de l’entreprise] qui ont exposé les enfants à des sollicitations dangereuses et à l’exploitation infantile », déplore-t-il.

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« Les dirigeants de Meta, y compris Mark Zuckerberg, ont constamment pris des décisions privilégiant la croissance [du groupe] au détriment de la sécurité des enfants », attaque le procureur, « alors que l’entreprise continue de minimiser les activités illégales et nuisibles auxquelles les enfants sont exposés sur ses plateformes, les données internes et les présentations de Meta montrent que le problème est grave et omniprésent ».

La plainte du ministère de la Justice de l’État, qui remonte au mois de décembre 2023, allègue que Facebook et Instagram sont devenus un « marketplace pour les prédateurs sexuels à la recherche d’enfants à exploiter ». Meta n’aurait pas supprimé de nombreuses contenus d’abus sexuel sur enfant (CSAM) après leur signalement. Toujours d’après la plainte, « certains contenus exploitant des enfants sont plus de dix fois plus répandus sur Facebook et Instagram que sur Pornhub et OnlyFans ».

Meta a réagi à ces révélations en rappelant les dizaines d’outils mis en place pour « soutenir les enfants et leurs parents », l’embauche d’experts en sécurité des enfants, et les signalements réguliers faits au National Center for Missing and Exploited Children. « En un seul mois, nous avons désactivé plus d’un demi-million de comptes pour violation de nos politiques de sécurité des enfants », affirme un porte-parole. Visiblement, c’est très loin d’être suffisant.

Lire Sur Instagram et Facebook, les ados et les adultes ne verront plus les mêmes contenus

Le vorace des données

Pour ne rien arranger, une nouvelle étude réalisée par Consumer Reports confirme la voracité de Facebook quand il s’agit des données. Elle montre qu’en moyenne, le réseau social récolte les données de 2 230 entreprises différentes pour chacun des 709 volontaires. L’exemple le plus extrême (et le plus absurde) est celui de ce cobaye pour qui près de 48 000 entreprises ont partagé des données avec Facebook !

Près de 190 000 entreprises ont fourni des données à Facebook pour tous les participants à cette enquête, ces derniers ayant livré aux chercheurs une copie des informations que le réseau social conserve sur chacun d’entre eux (on peut récupérer le paquet à cette adresse). Les annonceurs qui s’appuient sur la plateforme publicitaire de Meta téléversent des informations personnelles ainsi que les habitudes d’achat des clients, qui sont ensuite exploitées par Facebook dans le cadre de campagnes de pub très ciblées.

Cette étude démontre s’il en était besoin l’incroyable volume de données utilisées par Facebook (et certainement par les autres activités de Meta) pour l’affichage de pubs ciblées. On comprend mieux dès lors pourquoi les régulateurs s’intéressent à cette collecte et cette exploitation des données.

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Mickaël Bazoge