Un an après l’arrivée de l’EQE, Mercedes a renouvelé la version thermique de sa grande berline. Cette mise à jour pourrait paraître anodine, telle une tentative désespérée de prolonger la carrière d’un véhicule hybride à l’orée d’une transition qui doit amener la marque allemande vers le tout électrique dans un peu plus de cinq ans. Il n’en est rien et ceci pour deux raisons. La première, on le sait peu, c’est que la Classe E est le modèle le plus vendu dans la longue histoire de la firme à l’étoile. 16 millions de véhicules écoulés à travers le monde depuis son origine en 1993, selon les puristes, bien avant pour ceux qui font remonter l’épopée aux ancêtres de la W123.
L’autre raison de s’intéresser de près à la Classe E, et qui découle de la première, c’est que c’est le modèle qui a été choisi par Mercedes pour inaugurer la nouvelle version de son habitacle et son tout dernier MBUX, celui qui doit amorcer la transition vers un système d’infodivertissement next gen.
Belle, élégante, attendue
Nous passerons rapidement sur l’esthétique extérieure de la Classe E. D’une part parce qu’il est on ne peut plus conventionnel, dans le style de la version précédente, mais aussi parce que le nouveau style pourrait se résumer à quelques retouches à la marge : un double bosselage sur le capot une ligne plus plongeante à l’arrière. Finalement, donner un peu plus de caractère et d’allure sportive semblerait presque être un jeu d’enfant. Mention spéciale tout de même à la signature lumineuse arrière, en forme d’étoile s’il vous plait !
Habitacle : la nouvelle signature
C’est à l’intérieur, donc, que la Classe E évolue plus sensiblement. Pas tant sur le design général et le choix des matériaux, excellent, mais sur la partie dédiée aux médias. C’est elle qui saute immédiatement aux yeux avec un ensemble de trois écrans. Le premier, classique, est dédié à l’instrumentation et essentiellement au conducteur. Deux autres, l’écran central de 14,4 pouces et un autre pour le passager de 12,3 pouces, complètent la planche de bord. L’ensemble, immense, porte un nom : « Super Screen MBUX ». À différencier de l’Hyperscreen donc, apparu avec l’EQS, nettement plus impressionnant puisqu’il va d’un bord à l’autre de l’habitacle, mais aussi nettement plus cher.
En effet, alors que l’Hyperscreen est proposé à 8 000 euros en option sur les Classe S et EQS, le coût du « Super Screen » n’est lui « que » de 1 850 euros.
Mais plus encore que le dispositif de trois écrans, c’est toutes les possibilités offertes par l’écosystème de Mercedes qui placent la Classe E sur un autre niveau. Le constructeur de Stuttgart ne s’est pas contenté d’ajouter une dalle devant le passager, comme a pu le faire par moment son concurrent Audi. Sur la Classe E, cet écran est indépendant de l’afficheur central. Le passager peut donc, à loisir, surfer sur le Web, consulter les informations sur le trajet, mais aussi regarder un film. Ces mêmes fonctionnalités sont disponibles sur l’écran central, mais uniquement à l’arrêt.
Comment se prémunir contre la tentation de regarder le film du passager lorsqu’on est au volant ? C’est sans doute parce que c’est particulièrement difficile que Mercedes à opter pour une contrainte d’ordre technique. Lorsque le conducteur tourne la tête vers l’écran passager, celui-ci s’obscurcit et devient quasi illisible. Pour cette fonction, MBUX s’appuie sur un nouvel élément qui jour un rôle central dans l’habitacle : une caméra.
Placée au centre de la planche de bord, celle-ci n’a pas pour seule mission de « surveiller » le pilote. Ses possibilités sont bien plus étendues et permettent, entre autres, de filmer l’habitacle pour réaliser des visios. D’ailleurs, l’OS maison de Mercedes embarque désormais l’application Zoom par défaut. Mais la caméra doit également permettre à MBUX de proposer de nouvelles fonctionnalités qui doivent servir de rampe de lancement pour le prochain OS de la marque.
Dernier rendez-vous avant l’OS du futur ?
En effet, la Classe E est pour son constructeur l’occasion d’opérer une dernière mise à jour sur son OS apparu en 2017 sur la Classe A, mais aussi d’amorcer le virage vers MB.OS 1 son système d’exploitation futur. Celui-ci sera officiellement lancé en 2024 sur le prochain CLA, et devrait complètement changer l’approche logicielle sur les véhicules de l’Allemand.
En effet, en plus d’offrir un accès aux médias, MB.OS devrait aussi pouvoir interagir directement avec la partie technique de la voiture, changer ou améliorer certains réglages (comme chez Tesla par exemple), bloquer ou débloquer certaines options (payantes évidemment). Bien entendu, cet MB.OS devrait également permettre aux futures Mercedes d’améliorer leurs aides à la conduite et d’aller toujours vers plus de conduite autonome.
En attendant, la dernière version de MBUX sur cette Classe E, multiplie les tests et intègre pêle-mêle Youtube, Angry Birds ou encore TikTok. Mais il va également plus loin en proposant des « routines » pour lesquelles la caméra est mise à l’œuvre. De quoi s’agit-il ? D’une fonction permettant à la voiture de comprendre les habitudes d’utilisation de son ou ses conducteurs et de s’adapter en conséquence. Concrètement, la Classe E sera capable de reconnaître son conducteur, d’ajuster la position des sièges et la température en fonction de ce que ce dernier choisit habituellement, et pourrait aussi lancer sa radio préférée, et la navigation vers son lieu de travail dès lors qu’il prend place dans l’habitacle. En la matière, les possibilités sont innombrables.
Sur la route, la Classe E, ça donne quoi ?
Monstre de technologie, cette 6ᵉ génération de Classe E n’en demeure pas moins… une voiture. Pour notre part, nous avons opté pour l’essai de la version 300 e en finition AMG Line, la plus sportive. Ce modèle hybride de 313 ch et d’une batterie de 20,3 kWh promettant 100 km d’autonomie est l’une des nombreuses versions inscrites au catalogue de Mercedes, qui compte même un diesel !
Au volant, la Classe E est un modèle de confort et de souplesse. Normal, nous direz-vous, pour une voiture qui se négocie à plus de 70 000 euros. Certes, mais cela n’empêche pas de souligner le remarquable travail des suspensions pneumatiques, notamment dans les courbes, là sans doute ou les presque 2,3 tonnes du véhicule se font sentir. C’est d’ailleurs probablement le seul point sur lequel notre impression de conduite s’est trouvée renfrognée. Le poids pachidermique de cette Classe E, c’est sans doute ce qui l’empêche d’exprimer la sportivité que ses lignes suggèrent.
C’est peut-être de ce côté-là aussi qu’il faut aller chercher les raisons d’une consommation électrique quelque peu gourmande. Sur nos deux boucles d’essai, la barre des 100 km nous a semblé hors de portée. Même en éco-conduite, il nous parait difficile de viser plus de 85 km avec une seule charge, mais sur ce point de nombreux facteurs entrent en jeu et mériteraient sans doute qu’on renouvelle l’essai plusieurs fois avant d’aboutir à cette conclusion.
Verdict de l’essai :
Sensations de conduite, confort extrême, qualité de fabrication… les critères incontournables pour une berline Mercedes sont tous maîtrisés avec cette nouvelle Classe E, et ce n’est pas vraiment une surprise. Là où l’hybride surprend, c’est dans son appétence technologique, son nouvel écosystème à triple écran et toutes les possibilités qu’il offre. Si la Classe E est classique dans son approche en matière de design, de conduite et de performances, elle innove avec justesse dans l’habitacle tout en donnant un avant-goût de ce que sera l’OS du futur chez Mercedes. On a hâte !
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