Il faut sauver le satellite Artemis ! C’est le mot d’ordre des techniciens de l’ESA et d’Altel (consortium associant l’industriel Alenia Spazio et l’opérateur Telespazio) après le semi-échec du vol 142 d’Arianespace du 12 juillet 2001 provoqué par une perte de puissance du troisième étage d’Ariane V. Artemis est sous contrôle et va utiliser pendant plusieurs mois ses deux propulseurs ioniques pour rejoindre sa position orbitale définitive à 15?’ E sans épuiser ses précieuses réserves d’ergol nécessaires à son maintien à poste pendant plusieurs années. L’enjeu est important, car Artemis emporte plusieurs missions cruciales pour l’avenir des télécoms et des industriels européens.Sylex est sûrement l’un des outils les plus novateurs. Il consiste, en effet, à établir une liaison optique par faisceau laser, entre la plate-forme géostationnaire et des satellites défilant en orbite basse, comme Spot 4 (observation). Développé par Astrium, le système, qui requiert une visée d’une extrême précision, relaiera la transmission bidirectionnelle des données entre Spot et sa station de contrôle en triplant le temps de communication en visée directe avec la Terre (actuellement 10 à 20 s par orbite). Des liaisons radiofréquences seront aussi testées en bandes S et Ka, avec le satellite européen Envisat (surveillance de l’environnement), et des équipements japonais sur la station internationale ISS.Artemis embarque également une charge utile compatible EMS (service EMSat, d’Eutelsat), qui relaiera les transmissions vers des mobiles situés dans les quatre faisceaux de couverture déployés sur l’Europe de l’Ouest et centrale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La nouveauté ici consistera en une gestion sophistiquée de l’allocation de bande passante, de puissance et de fréquences en bande L, utilisée en voie retour, pour répondre au mieux aux besoins des utilisateurs et cohabiter avec les services d’Inmarsat qui emploient les mêmes fréquences.
Le système de localisation américain concurrencé
Enfin, la troisième mission d’Artemis revêt une importance stratégique, puisqu’elle représente une étape majeure du programme Galileo qui doit mettre fin à la prédominance américaine en matière de système de localisation. Baptisée Egnos (European geostationary navigation overlay system), cette mission se veut un complément du GPS et de son équivalent russe Glonass dont elle récupère les données afin de les affiner et de les rendre utilisables pour la navigation des avions et autres mobiles.Egnos est la première phase européenne du programme mondial GNSS-1 (Global navigation satellite system), qui comprend des contributions japonaise (MSAS) et américaine (WAAS). Elle est déjà en test sur deux satellites Inmarsat, complétés dans quelques semaines par Artemis. GNSS-2 débutera vers 2004 par le lancement des premiers des trente satellites de la constellation Galileo, un système résolument tourné vers les usages civils et dont la précision conviendra aux services de localisation qui vont se multiplier sur les terminaux professionnels ou grand public.
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