Le 19 janvier 2012, Megaupload est fermé par le FBI. Les 7 à 15 millions d’internautes français qui l’utilisaient chaque mois se retrouvent sur la page du site face au logo de l’agence fédérale américaine et face à un grand vide. Vide qui est vite comblé. Car si Megaupload était le plus emblématique des sites de téléchargement, il était loin d’être le seul et sa disparition profite à beaucoup de monde.
70 Gbit/s de bande passante dégagée chez OVH
Avec sa multitude de services, Megaupload représentait environ 4 % du trafic Internet et était le 13 e site Web le plus fréquenté au monde. Sa disparition brutale a provoqué une véritable bouffée d’air sur le réseau. Ainsi, dans sa dernière lettre d’information, l’hébergeur et prestataire OVH explique qu’avant le 19 janvier, le débit maximum sur ses infrastructures en Europe était de 450 Gbit/s. Aujourd’hui, il est d’environ 520 Gbit/s, soit 70 Gbit/s de différence !
OVH précise que la hausse des débits n’est pas effective pour tout le monde. Selon l’entreprise, Orange France ne souffrait plus de Megaupload, car il avait appliqué des règles de QoS (Quality of Service) pour brider le trafic en fonction de certains protocoles réseau (pour le streaming) et de sites particuliers. Cette QoS avait été mise en place à la suite de problèmes entre Orange et Cogent, qui fournissait ses tuyaux à Megaupload.
Les sites de téléchargement direct : l’hydre à 110 têtes
Megaupload est fermé. Qu’à cela ne tienne, des centaines de sites de téléchargement direct de fichiers existent. Le logiciel JDownloader, spécialisé dans le téléchargement de fichiers, dénombre environ 110 services équivalents dans sa base de données. Certains noms sont bien connus comme Rapidshare ou Mediafire. Si le premier semble le mieux placé pour prendre la relève, MediaFire n’a pas de compte à rebours avant le début du téléchargement, ce qui le rend populaire. HotFile, dl.free.fr (de Free) et DepositFiles sont eux aussi bien placés comme solution de remplacement.
D’autres hébergeurs, comme FileServe et FileSonic, déjà très utilisés, ont bloqué tout échange de fichiers entre utilisateurs de peur que le FBI leur réserve le même sort qu’à Megaupload.
Le P2P revient en force, malgré Hadopi
Selon les chiffres de la Hadopi, les échanges de fichiers en peer to peer (P2P) ont reculé en France en 2011. Les échanges concernant les 10 films les plus téléchargés l’année dernière sont passés de six millions en janvier 2011 à moins de deux millions en décembre. La rupture a eu lieu en mars, au moment où la Hadopi a envoyé ses premières lettres recommandées aux internautes pris en flagrant délit de téléchargement illégal. Selon Le Point, la Haaute Autorité a détecté 25 000 adresses IP pratiquant le P2P illégal en 2011, sur 8 743 700 procès-verbaux envoyés à la Hadopi par Trident Media Guard, la société qui assure la surveillance des réseaux P2P.
Mais ce n’est pas parce que les chiffres de la Hadopi montrent une baisse des volumes de fichiers illégaux échangés par P2P que le piratage a diminué. Au contraire ! Outre les solutions non surveillées par la Hadopi, les internautes utilisent des technologies de cryptage ou de VPN pour échapper à toute surveillance. Le constructeur de routeurs Ipoque publie un observatoire de l’usage de la bande passante à travers le monde qui montre une explosion du trafic P2P depuis la fin de Megaupload. Le protocole BitTorrent est le grand gagnant devant le retour de la bonne vieille mule (eMule et eDonkey).
Audience multipliée pour la TV de rattrapage et la VOD
TF1 et M6 se frottent eux aussi les mains. Les deux chaînes disent avoir vu exploser la fréquentation de leurs sites de TV de rattrapage (replay ou catch-up TV), essentiellement pour les séries américaines. Avec une mention spéciale pour W9, la chaîne de la TNT, filiale de M6 : l’audience de son service de TV de rattrapage a été multipliée par quatre ! M6 Replay connaît une hausse de fréquentation « à deux chiffres », indique Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6. Au sein de TF1, on indique que le trafic a augmenté de 40 % sur mytf1.fr. Quant à l’offre de VOD, elle a vu la demande multipliée par deux, preuve que les internautes sont en manque.
Les statistiques ne donnent pas d’informations sur les autres solutions de remplacement utilisées comme les newsgroups (Giganews, Easynews, Astraweb, etc.), même si les recherches concernant Giganews sur Google ont été multipliées par quatre.
D’autres solutions sont plus simples comme échanger une clé USB ou un disque dur entre amis, entre collègues de bureau ou dans la cour de récré. L’histoire ne dit pas non plus si la mort du géant Megaupload a poussé les internautes vers les cinémas, la lecture ou les sorties en plein air…
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