Dans une bataille financière, la victoire ne revient pas toujours au plus offrant. L’opérateur de télécommunications américain MCI a ainsi préféré répondre aux sirènes de son homologue Verizon, alors que son offre de rachat était
inférieure à celle de Qwest. Depuis février, la bataille faisait rage entre les deux rivaux.Verizon, numéro un américain, va au final débourser 8,45 milliards de dollars pour fusionner avec MCI (ex MCI-Worldcom), soit environ 26 dollars par action. Qwest, lui, avait annoncé fin avril être prêt à dépenser la bagatelle
de 9,75 milliards de dollars (30 dollars par action). Dès lors, MCI avait invité Verizon ?” à qui allait sa préférence depuis le départ ?” à relever son offre, alors de 23 dollars, histoire de recoller à l’offre de
Qwest jugée cette fois ‘ supérieure ‘. Ce que Verizon a fait, sans pour autant égaler la proposition de son rival.Le conseil d’administration de MCI a finalement choisi de rester fidèle à Verizon. Il a jugé que MCI formerait avec ce dernier un meilleur tandem industriel, doté de perspectives de croissance plus fortes. Il a également estimé que sa
santé financière était plus solide que celle de son adversaire.Les entreprises clientes auraient aussi joué un rôle dans ce choix final. ‘ Le conseil d’aministration a pris note qu’un grand nombre de grands clients de MCI ont indiqué préférer une transaction avec Verizon
plutôt que Qwest. Plusieurs ont même fait savoir qu’ils ne renouvelleraient pas leur contrat, une fois celui-ci terminé, en cas d’accord avec Qwest. ‘
Qwest a cette fois reconnu sa défaite et choisi de retirer les gants. Dans un communiqué, l’opérateur installé à Denver a indiqué qu’il n’était plus dans l’intérêt de ses actionnaires, de ses clients et de ses employés, de s’acharner
dans un processus ‘ systématiquement biaisé ‘ en sa défaveur. Et d’ajouter que MCI n’avait jamais eu l’intention de négocier de bonne foi avec lui.
MCI tourne la page Worldcom
Le rapprochement entre Verizon et MCI va créer un autre géant dans un paysage américain des télécommunications en perpétuel chamboulement, après
le rachat de l’ancêtre AT&T par sa ‘ fille ‘, la baby bell SBC Communications. Cette alliance fait suite à celle entre Sprint et
Nextel en décembre 2004.Si Qwest se retouve isolé et fragilisé, Verizon, lui, profite de l’opération pour asseoir son leadership américain. Cet opérateur, qui domine le monde des mobiles, et qui se trouve très bien positionné sur le haut-débit résidentiel, se
renforce sur le marché des grandes entreprises et à l’international, puisque MCI possède un vaste réseau mondial et de nombreux data centers.Pour MCI, ce rachat tourne la page Worldcom, qui l’avait racheté en 1998. La faillite de cette entreprise, suite à des irrégularités comptables de près de 11 milliards de dollars, est l’une des plus importantes de l’histoire
économique américaine. L’opérateur est sorti de ce scandale au printemps 2004. En ce qui concerne le fondateur de Worldcom, le ‘ cow-boy ‘ Bernie Ebbers, son procès
se déroule actuellement. Il risque très gros : jusquà 85 ans de prison. Le verdict est attendu pour le 13 juin.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.