Vous glissez le disque dans votre PC, puis cliquez sur ‘ Propriétés ‘ dans Windows Media Player. Et là, vous pouvez lire : ‘ Contenu protégé. Il vous reste 8 écoutes. Les titres
ne seront plus écoutables le 30 novembre à minuit. Copie sur CD interdite. Copie sur lecteur portable interdite. ‘ Encore un coup des majors ? Oui et non.Ce disque est un CD-Rom de MC Solaar, distribué gratuitement, mardi matin, en même temps que le quotidien Métro, aux bouches de métro, à Paris, Lyon et Marseille. En parallèle, Warner, la maison de disques de
l’artiste, se charge de diffuser le CD directement auprès des collégiens et des lycéens. Soit 300 000 CD-Rom au total.Le disque contient sept pistes, dont cinq extraits (entre 1 minute 22 et 1 minute 46) et un titre complet du prochain album de MC Solaar, Mach 6, qui sera en vente une semaine plus
tard, le 1er décembre. Quatorze écoutes sont autorisées, à combiner comme on veut (deux fois les sept titres, quatorze fois un seul titre, huit fois un titre, etc). Dans tous les cas, et même si l’utilisateur n’a pas
profité de toutes ces possibilités, le disque devient inécoutable le 30 novembre à minuit. Place au véritable album.Le CD-Rom est protégé par les technologies de Microsoft et de MPO Online contre la copie sur CD et sur baladeur numérique. Il est lisible uniquement sur PC (avec Windows Media Player 7.1 et les versions suivantes), apparemment au
grand dam d’Eric Daugan, directeur nouveaux medias chez Warner Music France, et ne demande aucune connexion à Internet.L’utilisateur peut copier les titres sur son disque dur et, surtout, les envoyer par e-mail. Dans les deux cas, les compteurs sont remis à zéro : l’utilisateur bénéficie à nouveau de quatorze écoutes. ‘ C’est
le même contenu, insiste Philippe Thorel, président de MPO Online, partenaire de l’opération. Même si six écoutes ont déjà été faites avec l’original. ‘
L’art du marketing sans bourse délier…
Ses licenses épuisées, l’utilisateur est alors invité à entrer son adresse e-mail. Un lien lui sera envoyé, donnant droit à de nouvelles licences, téléchargeables cette fois sur les serveurs de MPO. Le quota ? Trois licences par
adresse e-mail, autant d’adresses e-mail que l’on veut par personne et la possibilité d’utiliser deux fois la même… Au final, on peut réécouter tous les extraits du CD-Rom (le premier fichier était une entrée en matière composée exprès pour
le support).Ce qui veut dire que, en une semaine, le contenu du CD-Rom peut très vite se répandre. Et notamment sur les réseaux peer-to-peer… Warner et Microsoft le reconnaissent volontiers, ‘ Le risque zéro n’existe
pas, il y aura toujours un petit malin qui arrivera à contourner les protections. ‘ Sauf que ce sera pour lancer sur le réseau des morceaux tronqués et un seul morceau entier. La major y compte bien,
d’ailleurs : que ces extraits circulent tellement bien qu’ils donnent envie d’acheter l’album.Warner joue donc sur les deux tableaux. D’un côté le marketing viral, et les économies induites, puisque ce sont les auditeurs qui font tout le travail. De l’autre, le piratage et les réseaux peer-to-peer court-circuités. En proposant
un large aperçu du prochain MC Solaar, Warner répond à cet argument bien connu selon lequel les internautes téléchargent illégalement plutôt que d’acheter un disque dont ils n’apprécieront qu’un ou deux titres. Cela dit, ces extraits peuvent
toujours décevoir…Néanmois, la grande astuce est d’avoir réussi à utiliser les systèmes de protection autrement que comme une brimade, même s’‘ il reste des choses à faire, admet Eric Daugan. Seulement 10
à 15 % des possibilités ont été exploitées. ‘Reste à savoir si Warner aura le temps de peaufiner sa méthode, au moment où l’on évoque son rachat par EMI. Il nest pas sûr que cette dernière, chaud partisan du verrouillage des CD, partage le même enthousiasme.
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