01net. : Avec votre parcours, quelle culture pensez-vous apporter à Free ou quelle culture Free cherche chez vous ?
Maxime Lombardini : J’ai commencé il y a quinze ans ma carrière à TF1, entreprise que j’ai quittée il y a trois mois pour rejoindre Iliad/Free. J’ai été à la direction technique à mes débuts, j’ai été secrétaire général
de TPS à son lancement pendant trois ans, puis j’ai géré pendant mes trois dernières années les productions audiovisuelles de TF1. Sinon, j’ai travaillé pendant cinq ans comme directeur du développement sur les acquisitions, la stratégie…
Mais je pense que c’est essentiellement des qualités de management et d’organisation qui intéressent Free, plus qu’un savoir-faire dans l’audiovisuel, même si cela ne peut pas nuire.Lors de la présentation de
TV Perso,
vous avez évoqué les efforts en terme de veille de TF1, comparé à ceux moindres de Free. Cela vous a
surpris ?
Il ne faut pas forcer le trait. D’abord, je n’ai pas été surpris, parce que j’étais un peu prévenu ! Ensuite, ce sont des métiers différents. L’audiovisuel est un métier mûr dans lequel il n’y a plus tellement de marge de
man?”uvre. Avec Free, on est sur un secteur en pleine croissance, en plein développement. Et puis, chose très rare, il y a au sein de Free deux ou trois personnes visionnaires autour de Xavier Niel [fondateur d’Iliad, la maison mère
de Free, et actuel vice-président du conseil d’administration, NDLR]. Quand vous avez une vision très claire du marché, il est moins nécessaire d’aller regarder ce que font les autres.N’est-ce pas plus difficile de diriger un FAI aujourd’hui qu’il y a cinq ans, quand le marché se mettait au haut-débit alors qu’actuellement les différentes offres semblent être figées ?
Je pense au contraire que c’est peut-être plus facile, toutes choses égales par ailleurs, parce que l’entreprise est aujourd’hui profitable, bien installée sur son marché, avec une base d’abonnés importante, une bonne image, une marque
forte et qu’on démarre un autre projet très lourd qui est la fibre optique (1). Mais on attaque ce projet sur des bases solides.
Il y a cinq ou sept ans, certes le marché croissait, mais il y avait une quinzaine d’intervenants, pas encore de profits, pas de base installée, des incertitudes technologiques, un combat difficile avec France Télécom… C’est plus
facile d’innover et d’imaginer le futur quand vous avez un business de base qui fonctionne bien que lorsque vous luttez pour votre survie.Justement, est-ce que Free aurait des velléités de croissance externe ?
Jusque-là, Free n’a fait pratiquement que de la croissance organique sur son métier de base qui est l’ADSL. On a regardé Club Internet, mais nous n’avons pas voulu poursuivre dans la surenchère. Il n’y en a plus beaucoup mais si
d’aventure le dernier acteur significatif venait à être vendu, on regarderait. Mais on a quand même une approche consistant à ne pas payer trop cher les actifs, d’autant plus que les abonnés viennent encore chez nous en grande partie d’eux-mêmes. On
n’a pas forcément besoin d’aller les payer très cher chez un concurrent.
S’ajoute à cela le fait que nous préférons mettre notre argent dans le déploiement de la fibre, et peut-être dans la mobilité si c’est possible.Le projet TV Perso est très technique mais il a aussi une forte coloration contenu. Est-ce que Free peut s’orienter vers le développement, l’acquisition de contenu ?
Très clairement, la réponse est non. L’idée est d’être une plate-forme assez ?”cuménique, ouverte à tous. Il y a aujourd’hui près de 300 chaînes sur la plate-forme, dont plus d’une centaine qui font partie du forfait.
TV Perso est un élément complémentaire. Après, investir des sommes importantes dans la production, non, et c’est un métier que je connais bien. C’est toujours très long de sortir un bon produit, très incertain et c’est économiquement difficile,
en particulier en France.
(1) Initialement prévues au mois de juin, les premières offres d’accès par fibre optique de Free devraient être commercialisées dans le courant de l’été ou à la rentrée prochaine. L’opérateur sera présent essentiellement en
région parisienne. Il évoque également la couverture de plusieurs autres grandes villes, comme Marseille, Montpellier et Valence.
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