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Mauvaise année pour Interop

Les actes terroristes du mardi 11 septembre ont torpillé le salon Networld + Interop d’Atlanta, qui n’a pas retrouvé son souffle les deux jours suivants. Mais même avant le drame, l’atmosphère n’était pas au beau fixe.

Les années antérieures, Networld + Interop sacrifiait à la course au gigantisme. Un peu comme dans le cas des jeux Olympiques, il fallait que chaque édition dépasse en nouveautés et en extraordinaire la précédente. Le spectacle commençait dès l’extérieur où les drapeaux rivalisaient d’invention dans les formules marketing et les démonstrations d’extravagance. Il est plus facile de concevoir des slogans publicitaires que de bons produits.Cette année, rien de tout cela. La morosité économique est passée par là. Et les exposants ont manifesté une modestie et une discrétion fort inhabituelles.Comme si cela ne suffisait pas, il y a eu la matinée du 11 septembre. Juste le jour de l’ouverture de l’exposition. La nouvelle de la tragédie new-yorkaise s’est évidemment répandue comme une traînée de poudre.Dans les allées, pas grand-monde. En revanche, des grappes humaines s’agglutinaient autour des téléviseurs. On aurait presque pu croire à un canular tant les nouvelles qui tombaient paraissaient incroyables. Mais les images étaient là, terrifiantes, qui ne laissaient pas de place au doute.Comme le siège de la chaîne de télévision CNN se trouve à une centaine de mètres du centre d’exposition et qu’elle a acquis sa notoriété pendant la guerre du Golfe, les organisateurs ont pensé qu’elle pouvait constituer une cible des plus symboliques. Le salon a donc été fermé l’après-midi. Des exposés ont été annulés ou, au mieux, reportés ; des manifestations, comme la remise des fameuses distinctions (Awards), supprimées.Le lendemain, Networld + Interop a rouvert, et tout était censé redevenir normal. Mais l’élan était brisé. Certains exposants ont déclaré forfait, tels Microsoft, 3Com ou Redhat ; d’autres, comme Novell, ont considérablement allégé leur présence. En fait, chacun était plus préoccupé de trouver un avion pour repartir que de participer à une manifestation qui paraissait tout à coup bien dérisoire.Mais l’édition européenne, qui se déroule cette semaine à Paris, n’a guère suscité plus d’enthousiasme. Plusieurs intervenants américains ont annulé leur visite. Les allées ne sont pas encombrées de visiteurs.
” On a surtout reçu la visite de quelques journalistes et de nos concurrents “, résume cet exposant. Mauvaise année pour Interop.Au-delà de ce contexte tout à fait particulier, n’assiste-t-on pas, tout simplement, au déclin de ce type de salons ? Jugés hier trop spécialisés au regard d’un Sicob, on les perçoit aujourdhui comme trop généralistes face à la multitude de manifestations très ” ciblées “?” comme disent les gens du marketing.Prochaine chronique vendredi 5 octobre

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Jean-Pierre Soulès, grand reporter