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Mauvais ” employeurs ” et bons ” entrepreneurs “

Le coupable-responsable est en passe de devenir le nouvel exutoire de l’angoisse psychosomatique nationale. Le coupable-responsable, jumeau du bouc émissaire, est un personnage intéressant car modélisable…

Le coupable-responsable est en passe de devenir le nouvel exutoire de l’angoisse psychosomatique nationale. Le coupable-responsable, jumeau du bouc émissaire, est un personnage intéressant car modélisable : on peut créer un sociotype dans chaque secteur d’activité, dans tous les domaines, avec une stratégie simple et éprouvée pour un investissement pratiquement nul. Retombées assurées ! Le coupable-responsable est la proie de la catégorie opposée : le revanchard-opprimé.Le coupable-responsable doit être si possible puissant, riche de préférence, et identifiable sinon individuellement (médiatique) du moins collectivement : entreprise, association, mouvement, etc. Le revanchard, lui, doit être exploité (forcément), professionnellement modeste et “sous les ordres” de quelqu’un.

Une espèce venue d’ailleurs

En France, l’exception confirme toujours la règle, et c’est ainsi qu’une catégorie a échappé un moment à cette hostilité. Une race venue d’ailleurs a désarçonné les ennemis traditionnels du patron : le “créateur de start-up “. Mais une “start-up”, était-ce bien une entreprise ? La consonance anglo-saxonne a contribué à semer le doute. S’agissant en outre de “nouvelles technologies”, on ne pouvait pas être contre, d’emblée. Quant aux salariés, étaient-ils exploités ? Qu’ils passent tous volontairement 20 heures par jour dans leur start-up et affichent un air content a décontenancé les syndicalistes… Le temps qu’ils s’organisent, la plupart des “start-up” avaient disparu !De quoi se méfier encore plus et se retourner contre ceux qui restent : les bons vieux patrons traditionnels !La stratégie s’appuie sur les médias et l’actualité ; le fait divers est l’indispensable déclencheur de l’action. Le nouveau feuilleton social en vogue concerne “l’employeur” et le harcèlement au travail. Notons l’importance de la sémantique : le “patron” a disparu, porteur de toute la misère économique, paternaliste ou esclavagiste, les poches pleines d’argent volé. Gros et gras, impitoyable, le mot est totalement incorrect. Vive “l’entrepreneur” ! Il devrait tenir quelque temps surtout s’il est de “terrain”, ça rassure, on le sent plus proche du commun des mortels. Les opposants, eux (qu’il s’agisse de l’État, des syndicats exploités, des chômeurs ou encore des politiques de gauche en meeting), parlent “d’employeur “. L’employeur est a priori malveillant, et pour cause : il emploie. Les Français veulent des emplois mais pas de “travail”, en tout cas pas plus de trente-cinq heures !Le chômage étant en voie de résorption, selon les mois et les chiffres considérés, grâce à ceux qui pensent avec un bon sens pour le moins inébranlable que moins on travaillera, plus il y aura du travail (comme les piles, le travail n’use que si l’on s’en sert), il fallait partir sur une autre croisade.

Plus besoin d’aller aux urnes ?

Nous y sommes, sondage à l’appui ?” essentiel le sondage. Grâce à lui, on gouverne, on réforme, et on “prouve” ! Grâce au sondage, on vote tous les jours et, du coup, on n’aura bientôt plus besoin d’aller aux urnes ?” on aura eu assez d’émotions comme ça avant, et puis les politiques nous ennuient, paraît-il… Le vrai sujet c’est décidément bien l’employeur : mondialiste, sans foi ni loi, qui nous ôte de la bouche le pain quotidien qu’il nous fournit. En période électorale, c’est un peu embêtant comme position, parce qu’il faut avoir l’air économiquement moderne. Mais les candidats se débrouillent : il y a les mauvais “employeurs” et les bons “entrepreneurs “. Tout est dans le terme !* Pdg de Multilignes Conseil, présidente dEthic (fédération de moyennes entreprises)

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Sophie de Menthon*