Ses collaborateurs disent que “sans lui, La Poste n’aurait pas pris le virage du net”, et ajoutent, mi-admiratifs, mi-narquois, que “sa boulimie de projets e-business n’est pas justifiée que par la volonté de servir son image !” PDG de La Poste depuis fin 2000, Martin Vial, 38 ans, a voulu piloter et médiatiser personnellement l’ancrage de l’entreprise publique dans les nouvelles technologies. Avant même d’être nommé à la tête de cette dernière. En 1998, il est directeur général de La Poste, et ?”uvre déjà à la création de deux entités dédiées aux projets high-tech : le comité des nouvelles technologies (qui réunit, entre autres, PDG, DG, directeurs de métiers, directeur du réseau grand public, directeur de la stratégie, DSI, et DG de Sofipost) réfléchit à la stratégie internet du groupe, et la direction des nouveaux services, dirigée par le directeur de Sofipost (le holding des filiales de La Poste) et rattachée à Martin Vial, chapeaute directement les projets technologiques.Passionné par le web depuis qu’il en découvre l’utilisation à la tête de l’Aérospatiale (en 1996), adepte de l’assistant personnel numérique, Martin Vial organise, début 2000, en partenariat avec la direction des systèmes d’information, une journée de sensibilisation et de formation à la messagerie et à l’internet pour les 25 membres du comité exécutif, et instaure que tous les échanges au sein de ce dernier se feront désormais prioritairement par e-mail. Dans la foulée, il emmène la joyeuse troupe en voyage d’études en Californie, et en revient avec l’idée de créer une structure de capital-risque (toujours en gestation) pour financer les projets de La Poste et la conviction qu’il faut développer les activités de certification ?”notamment via Certinomis, la filiale certifications et authentifications électroniques de La Poste, créée en 1999.Membre de l’Electronic Business Group jusque récemment (il s’est fait remplacer par le DG de Sofipost) et du conseil stratégique des technologies de l’information (qui rapporte au Premier ministre), auteur de La Lettre et la Toile(*), manifeste en faveur de la nouvelle économie, l’homme commande moults études pour convaincre, chiffres à l’appui, cadres et postiers que le courrier électronique ne se substituera pas au courrier physique. Pour lui, la sacoche des facteurs sera toujours pleinement alimentée, “seul son contenu changera, puisque nous sommes devenus le premier fournisseur des prestataires du commerce en ligne”. La tempête boursière autour des valeurs technologiques n’a pas brisé l’élan de ce diplômé de l’Essec et de l’École nationale supérieure des Postes et Télécommunications, même s’il a rendu ses choix plus sélectifs : “Mon ambition est d’installer La Poste comme l’un des premiers fournisseurs de services sur internet, avec l’e-mailing, ou la gestion des paiements en ligne, et d’en faire le transporteur attitré des e-vendeurs.” Comme un symbole, c’est sur la côte Est, moins “frivole” et plus “réaliste” que la Silicon Valley, que le comité exécutif se rendra, Martin Vial en tête, pour son prochain voyage détudes “technologique”, au printemps.(*) Albin Michel, 2000
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