Bouygues Telecom est ainsi l’un des opérateurs télécoms les moins endettés au monde. A la fin de l’année 2000, sa dette nette consolidée n’était plus que de 1,1 milliard d’euros, contre 2,2 milliards un an plus tôt.
Il disposait de plus de 5 milliards d’euros de capitaux propres consolidés, contre 2,9 milliards à fin 1999, pour un chiffre d’affaires 2000 d’un peu plus de 2 milliards d’euros, en progression de 60 % par rapport à celui de 1999.
Dans une lettre à ses actionnaires, Martin Bouygues, p.-d.g., explique que le crédit bancaire de 2,3 milliards d’euros déjà mis en place se révèle largement suffisant. Même dans le cas où il se porterait candidat à une licence UMTS, le groupe n’aurait pas besoin de fonds propres complémentaires. En attendant, sa non-candidature aux services mobiles de 3e génération lui permet d’économiser 8 milliards d’euros jusqu’à fin 2004, tant en frais de licence qu’en investissements d’infrastructures.
Pour l’UMTS, il n’y avait d’ailleurs aucune raison de se précipiter, puisque les premiers terminaux ne seront pas disponibles avant 2003-2004, et que les équipements UMTS grand public n’arriveront pas avant 2004-2005.
Au demeurant, Bouygues a moins de contraintes que ses confrères. Sa licence GSM n’arrive à échéance qu’en janvier 2010, alors que celles d’Itinéris et de SFR, qui avaient été attribuées plus tôt, vont expirer dès mars 2006. Ensuite, sa bande de fréquence DCS 1800 le prémunit, pendant un certain temps encore, contre tout risque de saturation, contrairement à ses compétiteurs. ” Ces deux raisons, précise Martin Bouygues, nous font considérer l’UMTS avec un regard différent. “
Pour autant, même s’il joue la carte de la prudence, Bouygues Telecom ne se ferme aux services mobiles multimédias de demain. Depuis la fin de 2000, il expérimente le GPRS en vue d’un lancement commercial national dans le courant du printemps 2001.
Grâce aux progrès réalisés dans la compression numérique, ces services GPRS pourront, à brève échéance, comprendre des prestations vidéo comparables à celles annoncées pour l’UMTS, mais à des coûts évidemment beaucoup plus accessibles.
Puis, quand l’UMTS aura accédé réellement au stade industriel, Bouygues Telecom aura toujours le choix entre trois attitudes. Soit il sera candidat à une licence, si un nouvel appel d’offres est organisé dans des conditions plus raisonnables. Soit il se positionnera comme un MVNO (Mobile Virtual Network Operator), utilisant le réseau UMTS d’un autre opérateur. Soit enfin il décidera d’attendre la mise en disponibilité des technologies mobiles de 4e génération.
Pour le moment en tout cas, Martin Bouygues se félicite de ne pas avoir cédé aux aberrations de l’Internet mobile large bande. “Obliger les opérateurs à investir tous en même temps, dit-il, est une absurdité. Cela provoque nécessairement l’indisponibilité des équipements.”
Accorder des licences d’une durée de 15 ans seulement, tout en les assortissant d’une obligation de couverture minimale en données de 20 % de la population en deux ans, et de 60 % en huit ans, comme ce fut le cas en France, était une autre idiotie. C’était imposer sans raison des risques financiers absolument démesurés.
Enfin, dernière aberration, et non des moindres : la taxation de 32,5 milliards de francs, que Bercy avait exigé des 4 opérateurs autorisés, quelle que soit leur base clientèle respective. Cet impôt, d’un montant sans précédent, est d’autant plus aberrant qu’il devait être payé d’avance, pour un marché qui restait encore à créer de toutes pièces.
“Depuis plus d’un an, ajoute Martin Bouygues, je repose les mêmes questions : pourquoi l’Europe n’a-t-elle pas reconduit la recette qui a fait gagner le GSM ? Pourquoi ne s’est-elle pas contentée d’imposer une norme, puis de faire confiance au marché ? Je n’ai trouvé devant moi qu’un mur d’incompréhension.”
Pas étonnant, alors, que le résultat obtenu soit diamétralement contraire au but recherché ! (www.bouygues.fr) (www.bouygtel.com).
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