« Réparer Facebook » : après l’avoir annoncé dans un billet consécutif à l’affaire Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg passe à la pratique. Dans un long texte publié sur son profil, le P.-D.G de la société expose les futurs développements de ses réseaux sociaux et applications de messagerie (Instagram, Messenger et Facebook). Et le chantier est vaste.
Mark Zuckerberg semble vouloir changer complètement son fusil d’épaule, mettant en avant le caractère éphémère des publications, leur diffusion à des groupes privés plutôt que publics et le chiffrement des messages. Un changement de paradigme total dont le fondateur de Facebook est le premier à avoir conscience : « Je comprends que beaucoup de gens pensent que Facebook ne peut ni ne voudrait créer ce type de plate-forme axée sur la protection de la vie privée. En effet, nous n’avons pas une réputation solide en matière de protection de la vie privée […]. Mais nous avons montré à plusieurs reprises que nous pouvons évoluer pour créer les services que les gens veulent vraiment, y compris dans la messagerie privée et les stories ».
WhatsApp comme modèle d’utilisation
L’idée est tout d’abord de mettre en avant le caractère privé des interactions : « Les gens doivent avoir des endroits simples et intimes où ils peuvent contrôler qui peut communiquer avec eux et avoir la certitude que personne d’autre ne peut accéder à ce qu’ils partagent ».
Ce fonctionnement par groupe plutôt que publiquement est par exemple l’une des clés du succès de WhatsApp. Elle semble également signer la mort ou du moins la relégation au second plan du Fil d’actualités qui a pourtant fait le succès de Facebook depuis ses débuts.
Depuis quelques semaines, Mark Zuckerberg a également abordé le sujet du chiffrement et de l’interopérabilité. Il insiste ici une nouvelle fois sur la chose. Ses trois messageries (Messenger, WhatsApp et Instagram Direct) pourront dans les prochains mois communiquer entre elles. Elles seront surtout chiffrées de bout en bout par défaut pour empêcher quiconque de pouvoir accéder aux messages.
Vers plus de publications éphémères
L’aspect permanent des publications Facebook est aussi quelque chose qui inquiète la société au plus haut point. Les stories – ce format inventé par Snapchat – connaissent un succès monstre depuis qu’Instagram les a copiées. C’est désormais ce vers quoi Facebook semble vouloir se tourner et éviter ainsi que l’on retrouve des photos ou des statuts gênants pour ceux qui les ont publiés il y a quelques années.
Toutefois, Zuckerberg évoque aussi la possibilité d’archiver les stories une fois leur durée de vie écoulée, permettant aux utilisateurs d’en garder une trace de manière privée.
Enfin, Zuckerberg fait la promesse que les données des utilisateurs ne seront pas stockées sur des serveurs situés dans des pays où les droits de l’homme sont peu défendus : « Les gens s’attendent à ce que nous ne stockions pas de données sensibles dans des pays où les droits de l’homme, comme la vie privée et la liberté d’expression, font l’objet de faiblesses, afin de protéger les données contre tout accès abusif ». Cette position est importante puisqu’elle confirme entre les lignes que Facebook ne pourra pas s’établir en Chine et le place dans une position paradoxale face à certains pays qui commence à exiger que les données soient stockées sur leur territoire, comme la Russie ou le Vietnam.
Comment gagner désormais de l’argent ?
Mark Zuckerberg n’a certainement pas eu une épiphanie concernant la gestion des données personnelles. Depuis l’affaire Cambridge Analytica, certains utilisateurs ont perdu confiance dans le réseau social. Le cabinet Edison Research estime par exemple que ce sont plus de 15 millions d’Américains qui ont quitté Facebook entre 2017 et 2018. Pire, CNBC explique que certains annonceurs – comme la fondation Mozilla – quittaient eux aussi le navire face au « business model abject » du réseau social.
Malgré cela, le mot « publicité » n’est employé que deux fois par Mark Zuckerberg dans sa tribune. Une manière pour lui de faire semblant de ne pas voir qu’un changement de modèle économique est clairement en cours chez Facebook. En effet, si toutes les publications des utilisateurs sont privées et chiffrées, comment faire en sorte de les cibler pour leur afficher des publicités ? C’est tout le problème de WhatsApp actuellement qui est le produit le plus difficile à monétiser pour sa maison mère.
Avec un Fil d’actualité moribond pour afficher de la publicité, Facebook devra trouver d’autres modèles comme le commerce en ligne. Il est déjà possible d’acheter sur Instagram certains objets exposés dans les photos. Le paiement pourrait être une autre piste de croissance. On sait que David Marcus – qui a conduit l’émancipation et le succès de Messenger – travaille désormais sur une cryptomonnaie qui pourrait être utilisée pour payer les achats effectués au sein de Facebook, notamment sa Marketplace. Facebook est malade et le grand chantier pour le « réparer » est lancé.
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