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Mark Opzoomer, vice-president de Yahoo Europe : ” Yahoo doit son redressement au travail de ses seules équipes “

Acquisitions, services, partenariats, indépendance : le patron du portail pour l’Europe dévoile la stratégie du “pure player”, comme il le souligne.

Le Canadien Mark Opzoomer, 43 ans, dirige Yahoo Europe depuis l’été dernier. Titulaire d’un MBA, il présidait précédemment la société de services mobiles Xtempus. Il a aussi dirigé l’éditeur scolaire Hodder Headline. Il répond en exclusivité aux questions du Nouvel Hebdo.Quel est votre sentiment sur les derniers résultats trimestriels de Yahoo ? Ils traduisent un vrai redressement financier. L’Ebitda ?” le meilleur critère pour mesurer notre capacité à dégager des profits ?” est passé de moins de 1 million de dollars l’an dernier à 24 millions. Dans un environnement économique encore difficile, c’est une vraie performance et Yahoo doit ce redressement à ses seules équipes. Contrairement à nos concurrents, comme AOL, MSN, ou Wanadoo en France, nous restons un pure player. Cela veut dire que nos équipes vont chercher chaque dollar, chaque euro, sans l’aide d’un réseau traditionnel. C’est un choix, celui de l’indépendance. Et nous travaillons dur pour offrir les meilleurs services à nos utilisateurs.Quelle a été la contribution européenne ? Le ralentissement économique américain, notamment sur le marché publicitaire, a rattrapé le Vieux Continent et l’Asie. Le chiffre d’affaires de Yahoo à l’international, qui provient en grande part de l’Europe avec 35 millions d’utilisateurs pour nos sites, a donc été inférieur au premier trimestre : 26 millions de dollars (29,5 millions d’euros), contre 33 millions pour la même période en 2001. Nous l’avions prévu et la perte d’exploitation des activités internationales a été divisée par deux, à moins de 14 millions, par de gros efforts sur les coûts, particulièrement en Europe.Un pays s’est-il distingué ? Cela va plaire à Isabelle Bordry [DG de Yahoo France, ndlr] : Yahoo France a été le top performer des filiales internationales. La France a un marché internet plus jeune que la Grande-Bretagne et l’Allemagne et la croissance y est soutenue. Mais je ne suis pas autorisé à vous donner des chiffres financiers par pays.Les objectifs de Yahoo Europe en 2002 ? En matière d’acquisitions, tout est question de prix et de valeur ajoutée. Nous étudierons toutes les opportunités, notamment pour les sites d’annonces. Mais nous nous concentrons sur notre core business, les pays où nous avons des filiales (Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne, Danemark, Suède, Espagne, Norvège, Pays-Bas…) qu’il faut développer. La priorité va au lancement des services payants : recherche personnalisée, stockage de données pour les particuliers, sites web sur mesure pour les entreprises, logos et sonneries pour mobiles, jeux en ligne et contenus audio-vidéo pour le grand public… Nous allons sans doute lancer un ” package ” de services sur le modèle de ce qui existe aux États-Unis (une formule premium à 20 dollars par mois). L’idée c’est de booster la part des services payants qui représentent aujour-d’hui 20 % du chiffre d’affaires. Parallèlement, nous cherchons de nouvelles recettes publicitaires : le site Yahoo Fifa, dédié à la couverture de la Coupe du monde de football, y concourra avec l’arrivée d’annonceurs non-internet. Notamment en France, car vous êtes champions en titre. L’autre piste, c’est le positionnement de recherche payant, grâce à l’accord que nous avons passé avec Espotting en Europe.Passerez-vous des accords avec des opérateurs télécoms pour offrir des accès à haut débit sur le modèle de l’accord Yahoo/SBC aux États-Unis ? Tout à fait, mais nous prenons le temps car le marché du haut débit n’en est qu’à ses débuts en Europe. Nous allons discuter avec les opérateurs, pays par pays, pour voir ce que l’on pourrait faire et dans quel délai. Avec une capitalisation de 10 milliards de dollars, Yahoo est une cible pour AOL, Microsoft ou Vivendi Universal. Pouvez-vous rester indépendants ? Tout peut arriver dans la vie, surtout en ce moment. Notre boulot c’est de ne pas y penser, mais précisément de nous concentrer sur notre job !

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Propos recueillis par Jean-Christophe Féraud