En Bourse, votre titre a chuté de 160 dollars en janvier à 14 dollars aujourd’hui. Quelles en sont les conséquences pour vos activités ? Pour rassurer les investisseurs, nous devons faire en sorte d’atteindre la rentabilité dès l’année fiscale 2001 et sérieusement ralentir notre activité de fonds d’investissement. Et cela durera aussi longtemps que le cours des actions restera à son bas niveau actuel. Nous sommes assez optimistes, car les analystes situent la valeur de l’action entre 50 et 60 dollars dans six mois. Mais nous ne pouvons pas faire grand-chose avant ce revirement. Nous devons garder nos liquidités pour nos investissements présents. Enfin, la faiblesse de l’action nous handicape également, en termes d’image, pour lever des fonds auprès de nouveaux capital-risqueurs.Cette incapacité d’investir ne va-t-elle pas retarder, voire empêcher votre installation comme incubateur en Europe ? Pour notre expansion en Europe, nous limiterons nos efforts aux sociétés opérationnelles que nous possédons déjà (Altavista, Vicinity, Engage, CMGIon, Activate ou Equilibrium – NDLR). Bien sûr, dans un an, nous pourrions regretter d’avoir choisi d’être absent en tant que fonds d’investissement sur le Vieux Continent. A ce titre, notre retard pourrait être handicapant. Mais il faut relativiser pour deux raisons. D’abord, le risque est faible de voir apparaître de nouveaux incubateurs dans un climat aussi morose. Ensuite, notre rôle ne se limite pas à la seule incubation. Nous sommes aussi une société opérationnelle de conseil et de services autour d’internet.Si la méfiance des investisseurs envers internet devait persister, CMGI pourrait-il se séparer d’@Ventures ? Ce n’est pas une solution que nous envisageons. Le rôle du fonds d’investissement @Ventures est également d’alimenter en capital les sociétés opérationnelles. La base de notre succès, c’est notre activité fonds d’investissement (les sociétés opérationnelles ont été créées, au départ, pour des raisons fiscales – NDLR). C’est uniquement la pression des investisseurs qui nous a obligés à changer notre stratégie. Avec l’introduction en Bourse de ses start up, @Ventures nous permet de réinvestir dans de nouveaux projets. Nous n’envisagerons de nous séparer de notre fonds d’investissement que si cette branche devait pâtir très longtemps de la morosité boursière actuelle, qui retarde les introductions en Bourse. Finalement, les investisseurs vont souffrir de leur retrait. Si nous avions gardé la même capitalisation boursière, CMGI aurait pu lancer de nouvelles sociétés et les porter en Bourse.La volonté de faire fusionner vos cinquante sociétés opérationnelles en cinq à dix grosses structures n’est-elle pas contraire aux modèles économiques habituels ? Il est vrai que ce mouvement de fusion a de quoi étonner. Mais c’est un choix dicté par la Bourse. D’autant que la réduction du nombre de sociétés peut présenter un inconvénient. Une introduction en Bourse, même massive, peut rapporter beaucoup moins d’argent que plusieurs réparties. Mais, de toute façon, si la conjoncture se retourne, il sera toujours possible d’essaimer certaines activités, puis de les introduire en Bourse.Avec la vente d’iCast et de 1stUp, start up ciblant le marché du grand public (le B to C), CMGI entame-t-elle une reconversion totale dans le commerce interentreprises (B to B) ? Effectivement, depuis un an, nous pensons que le B to B est plus sûr que le B to C. Il y a dix-huit mois, 45 % de nos activités se faisaient dans le commerce interentreprises. Maintenant, ce taux est passé à 75 %. Mais il faut relativiser. AltaVista, par exemple, se porte assez bien. Nous pensons même atteindre la rentabilité en Europe d’ici à quelques mois. Et il existe des services grand public exceptionnels, comme Amazon ou Yahoo!, qui sont des succès.L’un des leitmotiv de CMGI est la mise en réseau de ses sociétés. Mais, lors de l’installation de Vicinity et d’Engage en France, l’impression dominante était que ces sociétés ne se connaissaient pas. Il est certain que les synergies ne sont pas encore établies. Durant les premiers mois, les gens se demandent comment ils pourront travailler avec des personnes qu’ils connaissent peu ou pas du tout. Il leur faut juste du temps. Ce n’est pas automatique. Pour accélérer l’intégration, nous mettons en commun les services généraux et les services marketing. Ce qui permet, en outre, de ne pas dupliquer inutilement les emplois.
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