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Marc Vasseur PDG de Genset : ” Les expériences les plus fortes à vivre sont dans les biotechs “

Toujours enthousiaste, Marc Vasseur revient à la tête de Genset. Il livre au Nouvel Hebdo la primeur de son action : regagner la confiance des marchés.

Alors que vous étiez une star du Nouveau Marché, votre cours est très chahuté. Vous affichez une contre-performance de plus de 50 % depuis le début de l’année. Comment l’expliquez-vous ?Notre modèle économique actuel n’est pas compris par les marchés, du fait du manque de communication financière ces deux dernières années. Le potentiel de Genset n’est pas mesuré à sa juste valeur. Nous allons faire de notre mieux pour renouer le contact avec les analystes et la communauté financière.Finalement votre place est-elle bien en Bourse ?Bien évidemment. Les sociétés d’innovation ont toute leur place sur les marchés, à condition de ne pas faire une introduction trop précoce et d’avoir un business model éprouvé. Il ne s’agit pas de transformer la Bourse en capital-risque comme beaucoup ont cru pouvoir le faire. Quant à nous, il est vrai que notre valorisation actuelle ne reflète pas notre potentiel, nos brevets, notre savoir-faire…Les biotechs deviendront-elles une nouvelle bulle ?La bulle a déjà éclaté ! Il suffit de regarder les valorisations des sociétés de biotechnologies cotées en Bourse, parmi lesquelles certaines ne sont valorisées guère plus que leur trésorerie, Celera par exemple. L’enthousiasme pour le secteur est désormais raisonné. Pour notre part, nous avons certainement présenté la réorientation de notre modèle économique de façon un peu trop brutale.Justement quel est votre nouveau positionnement ?Nous n’avons pas changé de positionnement. Nous avons développé un certain nombre d’actifs : il est désormais temps de les vendre et d’en tirer le maximum de valeur.Où en êtes-vous avec votre molécule, la Famoxin ?La production de notre molécule luttant contre le diabète et l’obésité est en cours. Les essais cliniques démarrent en octobre. Nous y travaillons depuis plusieurs années, et je ne vois pas pourquoi nous aurions de mauvaises surprises. Des groupes de recherche s’intéressent à la Famoxin, lui découvrant de nouvelles propriétés, mais nous sommes les seuls à en avoir les droits d’exploitation.Quels sont les autres axes de développement ?Nous avons construit une banque de protéines sécrétées. Elles représentent des pistes à exploiter pour de futurs médicaments. Je compte bien avoir une politique agressive de cession ou de licence de ces candidats. Nous avons aussi découvert des approches dans les domaines de la schizophrénie et de la dépression. Tous ces travaux ont été possibles grâce à notre potentiel bio-informatique : chez Genset, il y a autant d’informaticiens que de blouses blanches. L’informatique fait partie intégrante de la recherche : par l’échelle à laquelle nous travaillons, et par la richesse des données à manipuler. Notre budget est de 20 millions d’euros environ, autant que pour la biologie. Nous avons été parmi les premiers à mettre en place des systèmes de gestion de laboratoire informatisé. Tout doit passer par des process automatisés, des suivis par codes-barres, des statistiques, des bases de données… Mais, finalement, notre force réside dans notre capital humain.D’accord, mais une partie des collaborateurs historiques a quitté l’entreprise, comme Bernard Bihain, le père de la Famoxin. N’y a-t-il pas hémorragie ?Non. Le mouvement se fait dans les deux sens. Certains ont quitté Genset, car leurs programmes de recherche étaient achevés. Nous en sommes à l’exploitation de leurs résultats, ce qui s’avère parfois moins excitant pour ces pionniers. D’autres nous ont rejoints, comme par exemple Paul Moser (vice-président système nerveux central), qui nous vient de Sanofi Synthélabo ; Denis Ravel (directeur du développement pharmaceutique), des laboratoires Servier ; ou encore Fabio Macciardi, une star de l’épidémiologie génétique. Et je suis revenu, aussi !Vous avez quitté Genset en 2000. Vous y revenez aujourd’hui. Votre nouvelle casquette de “business-angel” ne vous satisfaisait pas ?Pendant deux ans, j’ai investi dans des sociétés de biotechnologies comme Evologic, qui se penche sur l’évolution forcée des bactéries. Je suis un des investisseurs du fonds Banexi Ventures. J’ai créé Pasteur MediaVita, une société d’édition plurimédia en sciences de la vie et médecine. Mais investir ne me suffisait pas. La biotech et les sciences de la vie, c’est ce que j’aime, et c’est là qu’il y a les expériences les plus fortes à vivre.Vous, investisseur, que pensez-vous de la loi Fabius ?On utilise des outils pour compenser les contraintes du système, mais il faudra bien s’attaquer à la création d’entreprise. L’arsenal mis en place depuis quelques années, avec, entre autres, la loi sur l’innovation va dans ce sens. Les mentalités ont évolué. En 1989, quand Pascal Brandys et moi-même avons créé Genset, on passait “du côté obscur de la Force “. Aujourd’hui, un professeur qui ne s’implique pas de près ou de loin dans une entreprise a l’air ringard. Savoir que l’on a un peu contribué à ce changement de mentalités est positif.

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Hélène Puel et Agathe Remoué