01 Net. : Les dix-neuf Etats et le département de la Justice américains qui s’opposent à vous dans ce procès ont proposé vendredi soir une série de sanctions, parmi lesquelles l’éclatement en deux de Microsoft. Allez-vous changer votre stratégie en attendant que ces sanctions soient approuvées par le juge Jackson ?
Marc Chardon : Nous ne croyons même pas aux sanctions, c’est bien trop improbable. Et puis il faudrait mettre au point un plan pour chacune des possibilités à disposition du juge : nous n’aurions plus le temps de nous occuper de nos clients. Le lancement, en juin, de Next Generation Windows Services est ainsi maintenu. Il n’est pas question de nous empêcher d’ajouter des fonctionnalités à Windows.Mais les autorités ne vous l’interdisent pas. Elles vous demandent juste d’être aussi capables de livrer un Windows sans fonctionnalités applicatives supplémentaires, telles qu’Internet Explorer, Media Player, etc.Imaginez que le défragmenteur ou les fonctionnalités TCP/IP ne soient plus en standard dans Windows, éditeurs et utilisateurs seraient bien incapables de s’y retrouver. Je ne vois pas où se situerait l’avantage pour les consommateurs. Pourquoi serions-nous les seuls à subir de telles restrictions ? Simplement parce que nous nous appelons Microsoft ? Apple, Linux ou Sun ont bien le droit de le faire, eux.Vos parts de marché ne sont quand même pas comparables…Regardez les parts de marché de Palm. Personne ne leur interdit d’intégrer une nouvelle version de leur logiciel de reconnaissance d’écriture. Pourtant, PalmOS reste fermement entre les mains de Palm. La notion de part de marché n’est de toute façon plus pertinente. Avec WAP et Symbian, le PC perd sa position de principal moyen d’accès à l’information au profit du téléphone. Le juge Jackson s’est intéressé à des modèles économiques vieux de cinq ans. Il ne faut pas non plus oublier que Microsoft a diminué le prix de ses produits, a permis une diffusion massive de technologie et n’a pas empêché ses concurrents d’accéder au marché.Ce n’est pas ce qu’écrit le juge Jackson, qui estime au contraire que vous avez empêché Netscape d’atteindre certains canaux de distribution.Non, il n’a fait que parler d’actions qui tendaient en ce sens. Et il a bien noté que Netscape a pu distribuer des millions d’exemplaires de son navigateur. De plus, il faut se souvenir que le juge Jackson, dans un précédent procès contre Microsoft, a déjà été débouté en appel. Nous avons une entière confiance en la justice américaine. Simplement, nous faisons face à dix-neuf procureurs d’Etats américains qui préparent les élections de novembre. Tous viennent dEtats où nos concurrents sont présents en force, et les financent.
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