Passer au contenu

Manufacture française du cycle : comment une usine de vélos centenaire est devenue le temple du VAE

Fondée il y a 100 ans, cette usine d’assemblage de vélo est la propriété d’Intersport depuis 2013. Le distributeur y a investi 40 millions d’euros pour la transformer en plus grand site de production de VAE en France.

C’est l’usine de tous les superlatifs : 35 000 m2 d’usine, 30 000 m2 de stockage, 650 employés. Elle a été taillée pour produire jusqu’à 600 000 vélos par an. Plus grande unité d’assemblage de vélos dans l’Hexagone, la Manufacture française du cycle fête cette année ses 100 ans. Pourtant, l’aventure aurait pourtant pu s’arrêter en 2012 et le dépôt de bilan de Cycleurope, alors propriétaire du site de Machecoul-Saint-Même (Loire-Atlantique).

Img 1439
Un opérateur de la MFC assemblant un VTTAE de la marque Sunn. © JSZ/01net.com

La coopérative Intersport tente à ce moment un pari en reprenant la société et en la baptisant Manufacture française du cycle (MFC). « Ce n’était pas naturel pour nous de reprendre un site industriel, très éloigné de notre métier de base de distributeurs, nous indique Gérard Leclerc, PDG d’intersport France & Belgique. Mais avec l’augmentation des coûts de transport des vélos depuis la Chine, nous avons misé sur un assemblage en France. »

La vérification des VAE en fin d’assemblage. © JSZ/01net.com

 

Le pari de l’électrique

Dès la reprise de l’usine, Intersport fait un autre pari : investir massivement sur l’assemblage de VAE. « En 2012, il s’était vendu 2,7 millions de vélos musculaires en France et seulement 56 000 vélos à assistance électrique (VAE), se souvient le PDG. Mais le premier marché était en légère récession tandis que le second avait augmenté de 17 % par rapport à l’année précédente. Nous nous sommes dit qu’il y avait là une carte à jouer. » Un pari gagnant puisqu’en 2024, Intersport et la MFC étaient devenus le numéro un du VAE en France en plus d’être le premier assembleur de bicyclettes, tous types confondus.

Img 1468
Des cartons entiers de moteurs électriques à la MFC. © JSZ/01net.com

Le chemin a pourtant été semé d’embûches depuis la création de l’entreprise en 1925, déjà à Machecoul. Cette année-là Marcel Brunelière, un forgeron-mécanicien de 32 ans, lance son activité de commerce de pièces détachées de vélos. Difficile en effet de vivre de son premier métier, les paysans d’alors ne pouvant le payer qu’une fois par an, lors de la vente de leurs récoltes. Devant le succès de sa nouvelle affaire, il s’attache les services du jeune Eugène Redois, 18 ans à peine, qui devient son magasinier-livreur. 

Les mythiques Cycles Gitane

C’est l’année suivante que les deux associés se lancent dans l’assemblage de bicyclettes. Leur grange, située dans le bourg de la commune, leur sert d’atelier d’où sortent deux à trois vélos par jour. Le tout sous l’œil d’une vache et d’un cheval, si l’on en croit le témoignage d’Eugène Redois. Les chevaux semblent poursuivre l’entreprise, puisque c’est dans une écurie qu’elle déménage en 1928. Deux ans plus tard, la dizaine d’ouvriers assembleront officiellement les vélos sous la mythique marque Gitane.

Img 1376
Quelques uns des mythiques vélos Gitane. © JSZ/01net.com

Surnommé le Gitan par son épouse à force d’être toujours sur la route pour son travail, Marcel Brunelière choisit alors cette appellation pour rendre hommage à sa femme. Ce sera le début d’une immense aventure industrielle et sportive. La société devient la Micmo (Manufacture industrielle de cycles et de motocycles), puis est cédée à un nouveau propriétaire en 1966, année de la retraite du « Gitan ». Dix ans plus tard, elle tombe dans le giron de la régie automobile Renault. Elle sera à l’origine de l’équipe cycliste Renault-Gitane qui marquera les esprits entre 1978 et 1982 grâce aux exploits de ses coureurs Bernard Hinault, Laurent Fignon ou encore Greg LeMond. 

Img 1369
Bernard Hinault, le 8 avril 2025 à la MFC, pose avec son maillot de l’époque, entouré de Gérard Leclerc et David Jamin. © JSZ/01net.com

Les années 80 commenceront alors à marquer le déclin de l’entreprise, cédée ensuite à Peugeot et à la société basque Beistegui Hermanos qui s’associent pour l’occasion et créent Cycleurope. La filiale qui s’occupe du site de Machecoul doit alors faire face à la féroce concurrence asiatique et finira par déposer le bilan ; avec la suite que l’on connaît depuis son rachat par la coopérative de distributeurs.

200 000 VAE en 2022

« Depuis la reprise de l’usine en 2013, Intersport a investit 40 millions d’euros ici, se félicite David Jamin, directeur général de la MFC. Le principal investissement a été la création de la surface logistique de 30 000 m2 attenante à l’usine qui peut livrer aussi bien les entrepôts et les magasins que les consommateurs directement. » Au point qu’en 2022, l’année la plus faste de ces dernières décennies pour le marché du vélo, la production de VAE est même montée jusqu’à 200 000 unités sur le site machecoulais.

La ligne d’assemblage aérienne a été installée en 2022. © JSZ/01net.com

Aujourd’hui, si on est désormais loin de cette année faste, l’électrique représente la moitié de la production totale de l’usine, soit 300 000 vélos en 2024, dont les deux tiers dédiés à Intersport (le reste est réparti entre la marque Sunn, Vélib’, Naolib et des distributeurs comme E.Leclerc, Coopérative U ou Feu Vert). Sur les dix lignes de production, une ligne aérienne a même été créée. « Elle a été installée en 2022 et représente un investissement de l’ordre de 300 000 euros, détaille Romain Perrus, directeur d’exploitation du site. On peut y accrocher les cadres par le haut et permettre aux opérateurs de tourner tout autour sans jamais avoir à les porter. » Un choix parfait pour les VAE, plus lourds à manipuler, qui confirme une nouvelle fois l’orientation prise il y désormais 13 ans. 

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Sébastien Zanchi