Passer au contenu

Manuel du tricheur

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

Devenir malhonnête n’est pas donné à tout le monde. Il y faut de l’imagination et une persévérance sans faille ! Nombreux sont les candidats, rares sont les élus. J’en suis, mais ne doute pas que certains d’entre vous possèdent ces dons qui font les champions. Pour moi, tout a commencé avec cette histoire des forums internet où, pour ne pas perdre mon job, j’ai fait circuler des rumeurs immondes sur nos concurrents. Bien qu’occupant le poste élevé de directeur de communication de notre groupe, j’avais envoyé moi-même ces messages, m’abaissant au rang de secrétaire pour taper de mes blanches mains ces kilomètres de prose ordurière.Pourquoi ? Par peur, si je le demandais à mon assistante, de baisser dans son estime. Et donc de ne plus pouvoir obtenir d’elle que sa pause déjeuner ne dépasse pas une demi-heure, et qu’elle emporte un peu de travail en week-end, pour que je puisse profiter des miens. Bref, cette campagne de calomnies sur le web fut pour moi une révélation. J’en ai eu honte, puis j’y ai pris goût : les délices insoupçonnables de la félonie m’apparurent soudain dans toute leur évidence ! Depuis, je m’épanouis sous l’effet de cette drogue. Elle est devenue une maîtresse exigeante, mais sans me vanter, j’ai de quoi fournir ! Jugez-en plutôt : pour promouvoir nos nombreux sites, je n’ai pas hésité à cumuler les tricheries les plus basses et les astuces les plus tordues, réussissant à multiplier par deux notre audience en 15 jours !Mon premier coup de maître : introduire le mot-clé “gratuit” dans le référencement de nos sites, alors que rien n’y est donné, et que même nos produits en “promotion” relèvent du vol à main armée ! Pour tromper les annuaires, j’ai justifié cette gratuité bidon par un leurre spécial gogos : le devis gratuit sur certains services, qui consiste à dire au client qu’il n’a pas à payer en regardant l’étiquette, mais seulement en achetant. Les petites mains des annuaires n’ayant pas le temps d’enquêter façon FBI, 80 % d’entre eux se sont laissés “berlurer”.Deuxième astuce gagnante, au ras des pâquerettes : l’échange truqué de bannières de pubs. Un : vous proposez l’échange. Deux : pour ceux qui l’acceptent, vous collez leur fichue bannière sur vos pages. Trois : ils constatent votre bonne volonté, et collent la vôtre chez eux. Quatre : vous retirez aussitôt la leur. Résultat : 95 % d’entre eux ne pensant jamais à revenir sur votre site, votre cher trafic augmente sans aucune contrepartie. Seule erreur à éviter : vous montrer aussi bête qu’eux en ne vérifiant qu’une fois. Punissez sans vergogne ceux qui se montreraient aussi malhonnêtes que vous. Une autre astuce, aussi consternante qu’efficace, consiste à acheter (100 francs pièce) quelques noms de domaine bien porno, et à les rediriger sur votre site. Chaque obsédé sexuel devient ainsi un client potentiel. Proposez aussi à vos visiteurs de placer leurs petites annonces professionnelles sur une page dédiée de votre site, avec cette carotte : les annonces les plus cliquées seront en tête de liste. Ils passeront des heures à les cliquer eux-mêmes, trichant pour mieux être vus, et votre trafic augmentera en flèche, aussi vite que les tarifs de votre espace pub. Pour la suite de ce manuel, prière dacheter Le Nouvel Hebdo la semaine prochaine…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


La rédaction