Mandrake Soft est une miraculée. La société, qui distribue une version du système d’exploitation Linux, vient de réussir l’introduction au Marché libre de 22,63 % de son capital par le biais d’une augmentation de capital portant sur 688 480 actions nouvelles introduites à 6,2 euros (40,70 francs) chacune. “Nous avons opté pour une valorisation assez faible de 21,1 millions d’euros, ce qui ne représente pas plus de 3 % de notre principal concurrent américain, Red Hat, explique Jacques Le Marois fondateur et PDG de la société. Mais nous voulions être certains que notre introduction se réalise, et cela nous a permis de séduire plus de 50 % d’individuels, ce qui va stabiliser notre actionnariat “.De la stabilité, la société n’en a pas connu beaucoup depuis un an et l’embauche d’un CEO américain, Henri Poole. Celui-ci avait choisi de repositionner complètement Mandrake Soft sur l’enseignement à distance. Une option stratégique étrange pour une société située au départ sur la vente de boîtes d’une version du système d’exploitation Linux modifiée en interne. “ Nous avons perdu entre 4,6 et 6,1 millions d’euros dans cette opération, explique Jacques Le Marois. J’ai donc pris la décision dès février de reprendre les commandes de la société “. Une urgence, puisque les coffres de Mandrake Soft ne contenaient plus que 2,3 millions d’euros de cash.
Un système reconnu
Si le système à code source ouvert Linux est aujourd’hui reconnu et largement utilisé ?” Mandrake Soft estime à 1,7 million le nombre de ses utilisateurs, dont 100 000 en entreprise ?” la société prévoit une augmentation de son chiffre d’affaires de 383 % entre 2001 et 2002. Il passerait de 4,3 à 20,6 millions d’euros. Alors même que ses concurrents comme l’Allemand Su Se sont forcés de licencier et que Turbo Linux a dû annuler son introduction au dernier moment.Mais des atouts, Mandrake Soft n’en manque pas. Sur les trois premiers mois de l’année, la jeune société a classé son produit en tête des ventes aux États-Unis, sur le territoire même de Red Hat. Son partenariat avec le distributeur américain Macmillan a été sa plus importante réussite, puisque 60 % du chiffre d’affaires 2001 sera réalisé par l’intermédiaire de Macmillan. Un atout mais aussi une position délicate : le distributeur n’a pas hésité à interrompre son partenariat avec Red Hat, au profit de Mandrake Soft et pourrait changer d’avis une nouvelle fois.Mais, plus que sur la vente de ses logiciels, Mandrake Soft parie sur la progression de sa division services, qui représentera 41,4 % de son chiffre d’affaires en 2003, contre seulement 14 % aujourd’hui.
Services croissants
Cette activité se décompose en deux parties mineures, le support technique et la formation, et deux majeures, le consulting et une place de marché en ligne de produits (stations de travail, solutions logicielles d’éditeurs tiers et hébergement internet), qui devrait être lancée au second semestre. Sur l’année 2001, le consulting (audit et conseil sur la mise en place de systèmes Linux) représentera deux tiers du chiffre d’affaires de la partie services. Mais la place de marché devrait monter en puissance jusqu’en 2003, date à laquelle elle représentera 33,5 % du chiffre d’affaires de la division, le consulting ne générant plus que 36 % du revenu des services.
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