Les théories de management tournicotent en imposant à chaque virage des modèles qui s’inspirent des tendances du moment et démolissent celles d’hier. Des gourous comme Tom Peters ou Peter Drucker l’ont compris et vendent tous les deux ans un best-seller qui explique à chaque parution pourquoi ils avaient tort dans la précédente. Pourtant, quand on analyse l’histoire du management, comme le fait très bien Bruno Jarrosson(*), on comprend qu’il n’est que le reflet de son époque. Il fut donc, successivement : hiérarchique (après-guerre), collaboratif (années 1970), incitatif (années 1980), matriciel (années 1990), consensuel (années 1990 suite et fin), puis en réseau (début des années 2000). Depuis le 11 septembre 2001, il s’inspire de la stratégie antiterroriste de la CIA, modèle le plus décortiqué par les analystes ces temps-ci et présenté ainsi par la littérature spécialisée : l’organisation moderne doit penser comme un gang de rue, prêter serment comme une équipe de football américain et communiquer comme Wall Mart (numéro un de la grande distribution).Bon, regardons de près : le gang de rue est une sorte de secte de taggeurs-rappeurs qui parle un langage codé, se reconnaît par des signes incompréhensibles des non-inités, se réunit rapidement pour prendre une décision qu’il exécute (au sens propre, c’est-à-dire avec un fusil à pompe) immédiatement. L’équipe de foot américain est une assemblée de gros balèzes dopés à la testostérone, au cerveau grand comme un petit bit, qui démolit tout sur son passage et obéit aveuglement aux ordres hurlés par un coach hystérique. Enfin, l’enseigne d’hypermarché vend des yaourts en les présentant comme les éléments d’une vie nouvelle, vitaminée, écologique et spirituelle. Reste à sy mettre et en vitesse car la prochaine tendance pointe : solidaire, éthique, génétique, elle conjuguera engagement et créativité. Allez, bonne année, bon courage !(*) ” 100 ans de management ” (Dunod, 1999)
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