Est-il trop tôt pour tirer le bilan de la crise avec les Etats-Unis qui affecte Huawei ? Le champion des télécoms se montre en tout cas faiblement impacté pour le moment par les pressions américaines exercées depuis le mois de mai.
Son chiffre d’affaires est en hausse de 23 % au premier semestre, soit 52,3 milliards d’euros. Il a même écoulé 118 millions de smartphones sur la même période, ce qui lui permet de rester à la deuxième place mondiale derrière Samsung et devant Apple. C’est moins que prévu avant la tourmente mais ces chiffres restent une véritable performance vu le contexte.
Interdit de collaborer avec les entreprises américaines
Huawei a été la cible au mois de mai dernier d’un décret de Donald Trump interdisant aux entreprises américaines de vendre des technologies à des partenaires étrangers présentant des risques pour la sécurité nationale. Il s’est ainsi retrouvé exclu de l’écosystème d’Android pour ses futurs terminaux.
Cela fait donc deux mois que partenaires télécoms et clients grand public auraient pu être tentés de cesser d’acheter du Huawei. Mais la confiance demeure visiblement, sans compter que le marché chinois est resté bien évidemment totalement préservé.
Huawei garde le cap sur la 5G en France
Shi Weiliang, le directeur général de Huawei France, s’est montré particulièrement confiant lors d’une conférence de presse en parallèle de la présentation des résultats financiers en Chine. « Nous travaillons avec les quatre gros opérateurs français pour la 5G et aucun d’eux n’a annulé ses commandes. Personne ne nous exclut des appels d’offres », a-t-il souligné.
« Du côté du grand public, nous avons enregistré une légère baisse des ventes de smartphones durant quelques semaines mais cela n’a pas duré. Et nous espérons pouvoir compenser ce recul au deuxième semestre », a-t-il détaillé.
Pas de triomphalisme cependant chez Huawei qui ne parle plus dans l’immédiat de passer devant Samsung en matière de ventes de smartphones. Même chose en tant qu’équipementier télécom puisqu’il reconnaît volontiers ne s’arroger « que » 30 % du marché et ne pas avoir pour objectif de le dominer.
Créer une alternative aux technologies américaines
Au sujet de sa dépendance technologique aux fournisseurs et aux brevets américains, les choses sont plus contrastées. Le président du groupe Liang Hua a affirmé, depuis la Chine, que la production hardware des produits et des processeurs avait pu continuer sans problème.
« Notre production n’a pas été interrompue un seul jour », a-t-il constaté. Mais Huawei ne s’est pas prononcé sur la situation à plus long terme. Et elle s’annonce plus épineuse puisque l’interdiction américaine ne prendra effet que mi-août.
Un rapprochement entre la Chine et l’Europe ?
Le géant chinois appelle maintenant de ses vœux un rapprochement entre la Chine et l’Europe pour créer une alternative à la domination américaine. « Nous n’avons pas peur de cette crise : elle va nous renforcer dans le futur, mais nous ne pouvons pas travailler seuls. C’est une opportunité pour la Chine de créer avec l’Europe un autre écosystème technologique, à la fois autour des systèmes d’exploitation et des processeurs. Nous devons devenir autonomes », a avancé Shi Weiliang.
En attendant, Huawei pense que la 5G peut être une occasion de rebattre les cartes du marché high-tech en faisant émerger une nouvelle génération de GAFA et pourquoi pas même… des champions européens.
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