L’urbanisation comme ligne directrice
L’urbanisation des systèmes d’information est dans l’air du temps. Contexte économique oblige… Des entreprises telles que Renault n’hésitent d’ailleurs pas à afficher publiquement, lors de conférences, les bénéfices de cette
forme de consolidation de leurs logiciels à l’échelle du groupe. Plus discret sur le sujet, 3M n’en est pas moins également à un stade très avancé de l’urbanisation de son informatique européenne, et peut être même considéré comme un précurseur dans
le domaine. Car si près de 80 % de ses logiciels sont aujourd’hui communs à l’ensemble de ses filiales européennes, plus de dix années de travail ont été nécessaires pour atteindre ce résultat.A quand remontent les débuts de l’urbanisation de votre système d’information ? Celle-ci a débuté en 1991, au moment du développement de notre système de gestion commerciale européen (Euroms). Depuis, nos efforts en la matière n’ont fait que s’accroître. Ainsi, entre le premier cahier des charges d’Euroms et
aujourd’hui, les développements menés ont été plus importants que prévu.Quels bénéfices en tirez-vous aujourd’hui ? Grâce à nos efforts d’urbanisation, près de 80 % des logiciels de 3M Europe sont désormais communs. Depuis trois ans environ, toutes les installations européennes s’effectuent avec une seule image, permettant un support européen
des outils. Nous devons aussi à cette urbanisation des coûts de passage à l’an 2000 et à l’euro sans doute inférieurs à ceux d’autres entreprises.Comptez-vous étendre cette démarche à l’échelle mondiale du groupe ? Bien sûr. D’ailleurs, pour les infrastructures, les choix techniques sont déjà mondiaux. Les préconisations des Etats-Unis sont adoptées par tous les pays. 3M affiche sa dimension mondiale vis-à-vis de ses fournisseurs.
L’européanisation du système d’information de 3M constitue une étape nécessaire et préalable à sa mondialisation. Les Etats-Unis, qui bénéficient déjà de systèmes communs, ne peuvent l’organiser s’ils doivent traiter individuellement avec chaque
filiale européenne.L’urbanisation concerne-t-elle également la recherche et le développement informatique ? Nous vivons aujourd’hui l’urbanisation de la R informatique comme nous l’avons vécue en 1991 pour le reste de nos activités. Il y a trois ans encore, nous disposions dans l’Hexagone, pour le compte de l’Europe, d’une véritable équipe
de R Désormais, nos vrais laboratoires de R sont aux Etats-Unis. Il en reste un en France. Mais son activité se résume à faire de la recherche appliquée. C’est-à-dire essentiellement du test de produits avant leur mise en production.
L’urbanisation du système d’information de 3M a eu un impact direct sur son organisation. D’une part, dans le mode de concertation des différentes directions informatiques. D’autre part, dans la façon d’organiser les équipes. Mais aussi
et enfin, dans la manière de travailler de chaque informaticien. Polyvalence et flexibilité sont désormais de rigueur.Comment les directions informatiques de 3M se concertent-elles maintenant pour mener de nouveaux projets ? Les responsables des centres d’excellence et les directeurs de région se réunissent tous les deux mois pour discuter des projets, de la répartition des ressources, etc. Par ailleurs, les directeurs des études, ceux des infrastructures
et les centres d’excellence se rencontrent également deux à trois fois par an pour débattre des projets européens.Comment vos équipes sont-elles organisées pour répondre aux besoins du groupe ? Nous ne pouvons nous permettre de multiplier nos forces. Nous nous attachons donc à rendre nos équipes polyvalentes. Des gens du front office interviennent ainsi également aux études et au développement. Nous obligeons les
informaticiens à tourner. Ils passent du support au projet, et vice versa. L’équipe support est le commanditaire des nouveaux projets. Ceux-ci ne lui étant pas imposés, nous ne connaissons aucun problème lorsqu’ils lui reviennent, au moment de la
mise en production. Cette organisation permet aussi de limiter les projets dans le temps, ceux qui développent ne le faisant pas pour leur propre compte.Quel est le rôle de l’informatique française dans cette organisation ? En France, nous supportons les opérations de la filiale française et nous avons une responsabilité européenne dans le domaine des systèmes décisionnels et de l’architecture technique. Comme dans le reste du groupe, nous demandons à
nos informaticiens de revenir avec des solutions standards plutôt que métier. Il est plus avantageux pour nos différentes branches d’avoir des solutions communes. Cet effort de standardisation ne choque plus personne aujourd’hui, contrairement à il
y a trois ou quatre ans.
De tels efforts déployés sur une aussi longue période ont permis de bouleverser la perception du rôle de l’informatique au sein de 3M. Elle est désormais considérée comme un élément moteur dans l’accroissement de la productivité de
l’entreprise. La direction informatique ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. Elle poursuit actuellement ses efforts pour renforcer cette perception. Y compris lors de l’acquisition, par le groupe, de nouvelles sociétés.En quoi l’urbanisation de votre système d’information – et l’organisation qui en découle – a-t-elle modifié la perception de l’informatique au sein de 3M ? Notre système d’information est devenu le liant des quatre-vingt mille produits fabriqués par 3M. Et l’équipe informatique est maintenant perçue comme un support au métier de l’entreprise. En France, la DSI fait d’ailleurs partie du
comité de direction. Pour renforcer cet esprit, nous avons travaillé à la refonte du système de gestion des compétences de nos informaticiens selon trois axes : technique, business et management. J’accorde le même poids au trois. Ce qui
explique d’ailleurs que je me sois déjà séparé de collaborateurs excellents sur le plan technique, mais qui ne comprenaient pas les besoins des utilisateurs ou ne savaient pas tirer le meilleur de leurs équipes. Si l’informatique est crédible dans
l’organisation de 3M, nous le devons justement à ce genre d’efforts.Avec 80 % de logiciels communs à l’Europe, l’urbanisation de votre système d’information touche à sa fin. Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Aujourd’hui, c’est l’e-productivité qui nous tracte. Depuis dix-huit mois, elle constitue notre priorité. Nous cherchons à mieux utiliser notre système et les technologies de l’information en général, de façon à augmenter la
productivité de l’entreprise. Cela se concrétise tout d’abord au niveau du support. Son amélioration doit permettre aux utilisateurs de travailler de façon optimale. Par ailleurs, nous veillons désormais à ne lancer des projets que dans une optique
systématique de retour sur investissement. D’ailleurs, aucun projet n’est initié sans un ‘ sponsor ‘ – direction technique ou opérationnelle – au sein de 3M, qui s’engage sur son
ROI. Enfin, nous poursuivons naturellement l’européanisation de notre système d’information. La France et la Grèce ont été ainsi désignées comme pilotes pour la mise en ?”uvre du progiciel Peoplesoft pour les ressources humaines. Nous nous
dirigeons également vers un progiciel commun pour le manufacturing, édité par JD Edwards.Lorsque 3M acquiert de nouvelles entreprises, comment intégrez-vous leurs systèmes dans une informatique aussi structurée que la vôtre ? L’intégration de systèmes est depuis longtemps l’une de nos priorités. Nous y avons été confrontés en 2001, lors de l’achat du fabricant de matériel électrique Pouyet. Au-delà des aspects techniques, il y a surtout les aspects
humains. Nous devons prendre en compte la façon dont 3M est perçu par les nouvelles entreprises. Nous nous efforçons donc de leur montrer que notre activité ne pourra se développer qu’avec elles. Nous leur expliquons que leurs équipes informatiques
ont leur place au sein de 3M. Nous sommes désormais rodés à ce genre de processus. Certains de nos collaborateurs sont ainsi devenus des spécialistes de l’intégration de systèmes externes.
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