Force est de constater que, depuis quelque temps, la nature des projets informatiques change. Les outils proposés par les éditeurs offrent une couverture fonctionnelle toujours plus large et une facilité d’utilisation croissante. Parallèlement, les choix informatiques participent désormais pleinement de la stratégie de l’entreprise. Et, à cet égard, ils ne relèvent plus seulement du pouvoir de décision des directions informatiques. Les éditeurs l’ont compris et cherchent maintenant à séduire les services marketing ou stratégiques avant de faire valoir leurs arguments techniques, adaptant leur discours en conséquence. Cette double évolution, amorcée avec les projets ERP, se confirme au fil des chantiers : sites portails personnalisés, démarche CRM, mise en ?”uvre d’un bus d’échanges EAI avec réingénierie des processus sont autant de projets qui s’appuient de plus en plus sur des outils de haut niveau et, de fait, interpellent les non-techniciens. Dans ce contexte, les maîtrises d’ouvrage, délestées du lourd travail de spécification détaillée de l’applicatif, participent au choix des outils et définissent leur paramétrage. Les maîtrises d’?”uvre, de leur côté, voyant diminuer la part du développement dans la mise en ?”uvre d’une solution technique, aspirent à plus de fonctionnel. La répartition des rôles perd bien souvent en clarté. Ce qui, dans le cadre des grands projets, provoque des remous politiques, qui tournent parfois à la guerre de tranchées. Ce découpage reste cependant légitime. La spécification du besoin et la créativité autour du métier sont plus que jamais nécessaires. Or, on a souvent tôt fait de se décharger sur une solution technique d’un travail de réflexion stratégique. L’outil, loin d’être une prothèse, doit servir de support à une redéfinition des besoins et du métier : il faut savoir créer de la valeur ajoutée avec des outils qui sont aussi à la disposition des concurrents. Tels devraient être les enjeux de la maîtrise d’ouvrage. De la même façon, dans un environnement qui croît en complexité, le rôle des équipes techniques reste essentiel. L’intégration à l’existant, la capacité à supporter la charge, la disponibilité… En un mot, la construction de l’architecture technique de la solution constitue un enjeu crucial. A cela s’ajoutent des compétences métier afin de comprendre le fonctionnement des outils. Le développement ne disparaît pas pour autant, mais il prend une dimension nouvelle en s’appliquant aux éléments hautement stratégiques et différenciateurs des projets. C’est donc le cloisonnement des compétences qui perd de son sens : chacun a tout à gagner à mieux comprendre le métier de l’autre afin de mieux travailler ensemble.L’avenir est à des équipes mixant profils techniques et profils fonctionnels aussi bien côté maîtrise d’?”uvre que maîtrise d’ouvrage. Avec – rêvons un peu – une véritable équipe projet, légère et transversale, qui saura cristalliser le mariage de ces deux types de compétences. La bonne nouvelle est que la progression des outils enrichit le métier de chacun, maîtrise d’ouvrage comme maîtrise d’?”uvre, et que cette évolution est inéluctable. La mauvaise nouvelle est que, dans les entreprises, cette prise de conscience coûte parfois la réussite dun projet.
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