L’industrie du Web et l’industrie culturelle s’apprêtent-elles à fumer le calumet de la paix ? Voire à unir leurs forces pour lutter contre les pirates du peer-to-peer ? Après des années d’affrontement
sans concessions, des tractations ont été engagées il y a plusieurs jours, sous l’égide des pouvoirs publics. Le ministère des Finances fait ainsi régulièrement la navette entre les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les maisons de
disques.‘ Un accord sera signé dans les jours qui viennent avec des engagements de part et d’autre, estime, optimiste, le directeur général de la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques), Marc
Guez. Il s’agit d’une vraie collaboration qui devrait passer de notre côté, par une volonté affirmée de fournir encore plus de contenus [en accès légal sur Internet, NDLR]. Nous espérons par ailleurs que les FAI ne
s’opposeront pas aux actions en justice engagées contre les pirates. Nous souhaitons également qu’ils acceptent de relayer auprès de leurs abonnés les messages de prévention diffusés par les ayants droit pour lutter contre le téléchargement
illégal. ‘Même son de cloche, quoiqu’un peu plus mesuré, chez les FAI. ‘ Nous devrions arriver à une coopération, relève Stéphane Marcovitch, délégué général de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de
services Internet). Mais il est encore un peu tôt pour qu’un accord soit défini. Néanmoins, il faut sortir de la logique des communiqués assassins et arrêter de se regarder en chiens de faïence. Objectivement, nous ne
sommes pas les ennemis des industries culturelles, mais nous avons parfois des intérêts différents. ‘Les FAI pris d’un accès de bonne volonté ? ‘ On est prêt à les [les industries culturelles, NDLR] aider. Nous sommes favorables à la discussion, confirme le délégué de l’AFA.
Malgré tout, il faudrait des ouvertures de catalogues beaucoup plus conséquentes, et que l’on engage enfin de vraies dépenses publicitaires pour les services légaux de diffusion de contenus culturels sur Internet. ‘
Trois ministres mis à contribution
Au-delà des mesures pédagogiques et des bonnes intentions, certains représentants des industries culturelles souhaitent également un filtrage des réseaux peer-to-peer, au niveau des FAI, pour répondre aux abonnés
qui en feraient la demande. C’est l’exemple type des parents qui voudraient protéger leurs enfants des contenus illégaux échangés avec des logiciels comme Kazaa.‘ Ces solutions technologiques sont déjà disponibles grâce à des sociétés comme Audible Magic, aux Etats-Unis, ou Interoute, en Europe, explique Marc Guez. Il ne reste plus aux FAI qu’à
prendre une licence d’exploitation. ‘ Sur ce dernier point, le délégué de l’AFA se montre plus prudent. ‘ Si filtrage il y avait, ce serait plutôt au niveau de l’ordinateur de l’utilisateur qu’au niveau
des serveurs gérés par les FAI. ‘Des divergences que l’Administration tente d’aplanir. Les ministres des Finances (Nicolas Sarkozy), de l’Industrie (Patrick Devedjian) et de la Culture (Renaud Donnedieu de Vabres) déploient actuellement des montagnes dénergie pour
rallier tout ce petit monde sous le même drapeau : celui de la lutte contre le piratage des contenus culturels.
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