Les SCS devaient, à l’origine, démultiplier la puissance commerciale des opérateurs. Suivant un modèle, qui avait fait florès au Royaume-Uni, elles auraient eu à revendre l’offre des opérateurs en l’enrichissant de leur propre valeur ajoutée distinctive, en termes de fonctionnalités et de services. Mais surtout, les SCS géraient et facturaient elles-mêmes, en leur nom propre, les abonnés qu’elles avaient recrutés.Ce modèle avait sans doute sa raison d’être à une époque où le mobile était encore un objet élitiste. Mais il s’est révélé inadapté, en France du moins, lorsque la téléphonie mobile est devenue un marché de masse. Les SCS n’ont pu intégrer des offres telles que les packs ou les forfaits prépayés, et les surcoûts, qu’elles s’accordaient, les rendaient de moins en moins compétitives.Certaines d’entre elles ont alors cru rebondir en se repositionnant sur les services sur mesure aux entreprises. Et cependant, leur croissance est restée très inférieure à celle du marché. Dans le meilleur des cas, leur parc d’abonnés s’est stabilisé autour de 200 000 à 300 000 abonnés. Une misère…France Télécom Mobiles considère aujourd’hui que les SCS ont fait leur temps. “Elles étaient utiles aux opérateurs, explique Patrick Fontana, directeur général de France Télécom Mobiles Distribution, dans la mesure où elles pouvaient les aider à sortir de l’enfance, de la même façon que les gros tankers ont besoin de remorqueurs pour sortir du port. Mais maintenant que nous sommes en haute mer…”Courant 2000, l’opérateur public a ainsi dénoncé toutes les conventions, qui le liaient aux SCS depuis 1992. Il souhaite les remplacer par de simples contrats de distribution et de gestion des clients.Son objectif est que toutes les bases d’abonnés Itineris des SCS soient transférées sur ses propres bases d’abonnés d’ici au 1er avril prochain. Les motifs ? A l’heure du marché de masse, il faut absolument homogénéiser les offres pour donner une efficacité maximale aux nouveaux lancements. Il faut unifier les bases d’abonnés pour faciliter les opérations de renouvellement de terminaux.Le mouvement serait déjà bien engagé avec certaines d’entre elles. Ce transfert d’abonnés, en tout cas, a déjà été réalisé pour France Télécom Mobiles Services (FTMS), la SCS de France Télécom Mobiles, qui depuis octobre dernier a été fondue dans France Télécom Mobiles Distribution (FTMD). Depuis cette date, FTMD assure donc la gestion des anciens abonnés FTMS ainsi que des abonnés recrutés par les réseaux de distribution indépendants.Hutchison Telecom, la SCS d’Orange plc pour le marché français, qui gérait quelque 330 000 clients pour un effectif de plus de 400 personnes, subira le même sort. Elle sera fondue dans FTMD après l’introduction en Bourse au début de 2001 de 15 % du capital d’Orange, la nouvelle filiale mobiles du groupe France Télécom. A ce moment-là, FTMD prendra d’ailleurs sûrement le nom d’Orange Distribution France.Pour les SCS indépendantes, difficile de savoir où l’on en est avec précision. CMC, Coriolis Télécom, Debitel et le président de l’association des SCS ont tous refusé de répondre à nos questions, comme si le terrain était hautement miné. Seul Carrefour Télécom fait exception : jusqu’à nouvel ordre, nous a-t-il dit, il n’est pas question de céder sa base d’abonnés.Quant à SFR, il n’a pas prévu de mettre fin aux conventions SCS en 2001. Inutile, en effet, d’ouvrir les hostilités avec des partenaires, qui ne réalisent plus qu’un peu plus de 5 % de ses ventes. Ces dernières sont d’ailleurs en régression nette depuis 1999. Seules trois SCS peuvent encore être considérées comme actives : Carrefour Télécom, Coriolis Télécom et Debitel (filiale de Swissphone à 70 %). Et sur celle-ci, seul Carrefour Télécom parvient à stabiliser son niveau d’activité en tant que SCS SFR. Les trois autres SCS du marché français sont Motorola, Sagem et Vodafone/Bosch/Localtel (www.hutchison.fr) (www.debitel.fr).
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