Imaginons un instant que le calendrier de la FIFA ait été différent. Imaginons que la Coupe du monde de football ait eut lieu il y a deux ans, à la veille de l’été 2000. Nul doute que l’euphorie des dot-com d’alors se serait affichée abondamment le long des pelouses coréennes et japonaises. Il y aurait eu des panneaux .com, des sponsors .com, des partenaires .com, des affiches .com, des spots .com…Evénement planétaire et universel, la Coupe du monde aurait été le cadre idéal à l’exposition d’un média qui revendique justement ces épithètes. Pas de doute, c’est bien l’Internet triomphant qui aurait été le champion du monde du bord des stades. Sauf que, voilà, nous sommes en 2002 et en deux ans les choses ont bien changé.Hormis Yahoo!, qui annonce à la télé et s’affiche sur les stades (près des poteaux de corner, emplacement stratégique s’il en est), qui nous rappelle encore l’existence d’Internet pendant cette Coupe du monde ? La Poste et France Télécom. Soit deux entreprises historiques, enracinées dans notre quotidien, et qui soulignent donc mieux que quiconque le basculement silencieux qui s’est produit ces derniers mois : de l’ère des discours, Internet est passé à celle de la réalité, aussi forte que souterraine.Car internet est bien présent à la Coupe du monde, non pas autour des terrains comme il aurait pu l’être il y a deux ans, mais dans les tribunes. Combien d’entre nous en effet suivent-ils les matches grâce aux retransmissions en ligne ? Combien d’entre nous se sont-ils tenus informés, pendant deux semaines et presque minute par minute, de l’évolution de la blessure de Zidane grâce aux sites d’actualité ? Internet a disparu de notre environnement médiatique pour se fondre peu à peu dans notre environnement tout court.Recadré par la crise, Internet a gagné le droit à l’indifférence : plus il est là, moins il est visible, et moins on en parle. Il est désormais devenu un canal ” comme les autres “, c’est-à-dire traité de la même façon, avec ses avantages et ses inconvénients, ses capacités et ses limites. Comme d’autres, on l’avait peut-être vu un peu trop beau. Comme d’autres, il a charrié son lot de désillusions. Mais il n’a pas disparu pour autant, bien au contraire, et il a su se reprendre en s’appuyant sur ses forces. Comme d’autres le feront. Du moins, on lespère.* Journaliste à 01 InformatiqueProchaine chronique jeudi 27 juin
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