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Maintenant, ce sont les vieux sages qui sont optimistes

De même que chaque génération croit avoir inventé le sexe, chaque génération croit avoir créé une nouvelle économie.

Je ne supporte pas les gens qui prétendent que le krach boursier a été salutaire. Un cyclone qui entraîne tant de désespoir et de destruction de richesses ne peut être une bonne chose. Le krach ne fut pas salutaire, il était inévitable, ce qui n’est pas la même chose. Chacun savait qu’il aurait lieu, mais profitait de la flambée des cours en espérant sortir à temps.Aujourd’hui, le pessimisme qu’il a déclenché est aussi irrationnel que l’euphorie qui l’a précédé. Pourtant, la révolution internet n’est pas une illusion d’optique… dès lors que l’on se place dans une perspective historique.Évidemment, prendre du recul en étant plongé dans le marasme quotidien est aussi difficile que de croire au réchauffement de la planète quand le mois de juillet est glacial. L’effondrement des start-up, les licenciements massifs aux États-Unis, le sentiment que le Net se développe dans les foyers à la vitesse d’un escargot n’incitent pas à l’optimisme.Qui serait patient avec un couteau sous la gorge ? Il faut pourtant se convaincre que nous ne sommes qu’au début d’un processus qui prendra dix ou vingt ans ?” quand la généralisation du téléphone a pris un siècle. En clair, adopter la posture des vieux sages.Établi par le Gartner Group, le cycle du ” Hype ” technologique (voir le graphique) remet quelques idées en place. Publiée au début des années 90, cette courbe s’applique pourtant bien au phénomène internet. Elle montre que l’excès est toujours de mise ?” à la hausse, puis à la baisse ?” en matière de visibilité des innovations technologiques. Bref, lorsque les médias auront fini de brûler ce qu’ils ont adoré, nous reviendrons à la raison.Mais qu’est-ce que la raison ? L’emblématique patron d’Intel, Andy Grove, en donne une bonne définition. Lui qui ne s’était pas privé de critiquer l’extase des marchés vis-à-vis des start-up se dit maintenant plus optimiste qu’eux.
” Internet est bien une invention de la même ampleur que le télégraphe ou le chemin de fer, affirme-t-il dans une interview à notre confrère américain Wired, mais je n’ai jamais pensé qu’elle changerait les fondamentaux ou supprimerait les cycles économiques. “Et d’ajouter ironiquement : ” De même que chaque génération croit avoir inventé le sexe, chaque génération croit avoir créé une nouvelle économie. “ Ce qui ne l’empêche pas de réaffirmer son célèbre credo : demain, toutes les sociétés seront internétisées ou ne seront pas.Les TIC n’ont pas supprimé les cycles économiques ? C’est parce qu’il y croit qu’un prévisionniste américain, Roger Cass, incite lui aussi à l’optimisme. Nous vivons, selon lui, une vague d’expansion de vingt-sept ans (1994-2020).Grâce aux données qu’il a recueillies depuis trente ans sur les taux d’intérêt, les loyers, les salaires, les taxes ou la consommation d’énergie, il montre dans le magazine Fast Company que nous nous trouvons dans une configuration identique à celle des quatre “longues phases d’expansion que le monde a connues depuis deux cents ans”.La crise actuelle n’est qu’une péripétie qui se terminera au plus tard en 2002. “Le futur est écrit. L’accepter est seulement une question de confiance” , conclut-il. Voilà des arguments qui vous permettront d’être avant-gardiste ?” c’est-à-dire optimiste ?” à la rentrée…

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Christine Kerdellant