Pour son premier lancement global depuis son « indépendance » de Huawei dont elle fut la marque « jeune et accessible », Honor profite du MWC de Barcelone pour présenter ses deux nouveaux fleurons, les Magic 4 et Magic 4 Pro. Des annonces qui initient la nouvelle vitesse de croisière de l’entreprise, qui contrôle déjà 17 % de l’énorme marché chinois : si les annonces ont ralenti ces deux dernières années pour cause de séparation et de réorganisation de la structure, les cadres de Honor promettent que « les lancements vont désormais être plus réguliers maintenant que nous sommes lancés ». Et c’est donc avec une puce Qualcomm Snapdragon 8 Gen 1 que le chinois se (re)lance à la conquête du monde.
Le mot conquête n’est pas ici vain : en duplex depuis la Chine, le président d’Honor, George Zhao, rappelle que sa marque est globale avec de nombreux centres de R&D (notamment en France) et emploie en Chine plus de 100.000 employés dont 50 % sont des ingénieurs…
La recherche d’un design reconnaissable
Les smartphones étant tous des rectangles avec un écran et tout le monde n’étant pas Apple, Honor était à la recherche d’une identité visuelle. Qui semble s’être trouvée par le biais d’un imposant système caméra. Appelé « œil de la muse », ce système prend la forme d’une ronde de modules caméra agencés de manière symétrique. Il reste à voir si Honor arrivera à « tenir » ce design sur plusieurs générations pour bénéficier de l’effet de reconnaissance recherché.
Motorisé par la dernière puce de Qualcomm exécutant Android 12 et la surcouche maison Magic UI 6.0, le Magic 4 Pro fait le pari d’un design tout en courbes avec les quatre bords de l’écran incurvés. Il faudra voir si cela n’a pas un effet négatif sur la préhension et les angles de visions. Et ce dernier point est important, puisque l’écran est un argument d’importance pour le terminal haut de gamme de la marque.
Un écran qui promet
D’une diagonale de 6,81 pouces, l’écran OLED LTPO utilisé par Honor profite d’une fiche technique difficile à prendre en défaut. Avec une fréquence de rafraîchissement allant de 1 Hz à 120 Hz, le terminal peut profiter non seulement d’une grande fluidité, mais aussi d’une plus grande sobriété énergétique.
Du côté des couleurs, la dalle (1312 x 2848 pixels soit 460 dpi) poussant jusqu’à 1000 nits affiche 1,07 milliard de couleurs, gère 100 % de l’espace colorimétrique P3 et est certifiée HDR 10+. À ce sujet, Honor promet que des sources peuvent être « transformées » en HDR grâce, notamment, à un contrôleur d’affichage indépendant. Cela reste à voir.
« L’œil de la muse » : cinq capteurs dont trois dédiés à l’image
« Bien mieux que l’iPhone 13 Pro » : c’est la promesse culottée du PDG d’Honor, détails d’une photo de montagne enneigée à l’appui. Il ne cessera d’ailleurs de comparer son fleuron à celui d’Apple tout au long de la conférence ! Pour combattre l’iPhone 13 Pro, « l’œil la muse » comporte cinq modules, mais trois seulement sont là pour capturer des images. Les deux autres sont des béquilles pour aider le travail des autres modules : l’une pour la mise au point (capteur ToF), l’autre un soutien pour réduire les scintillements (anti-flicker).
Le système d’imagerie à proprement parler est donc, comme chez de nombreux concurrents (dont les iPhone Pro) basé sur trois modules caméra : un ultra grand-angle (équivalent 35 mm inconnu), un grand angle 23 mm f/1.8 et un téléobjectif 90 mm f/3.5. Si vous avez tilté sur le module caméra principal, c’est normal : seul Huawei proposait une telle couverture angulaire.
Ce qui est intéressant dans l’approche de Honor, c’est que sans chercher les capteurs les plus grands, le chinois intègre tout de même des composants de belles dimensions – 1/2.0, 1/1.56 et 1/2.5 pouces. Aucun capteur miniature à déplorer ni sur le téléobjectif ou l’ultra grand-angle, ce qui promet une qualité d’image (détails, textures, etc.) assez constante à toutes les focales.
Et la qualité d’image, Honor promet qu’elle sera « excellente » avec des algorithmes avancés. Une partie logicielle qui va non seulement « empiler » des images RAW à un instant T pour améliorer la qualité d’image, mais qui va aussi coupler les modules caméra – notamment des clichés au téléobjectif avec le « cœur » de ce que perçoit le module caméra principal.
Plein d’assurance, le PDG d’Honor n’a eu de cesse de comparer des détails de clichés comparant le Magic 4 pro à l’iPhone 13 Pro. Le problème de l’approche ? Si nous apprécions, en tant que geeks, les détails techniques et cette comparaison (à priori) franche avec l’iPhone 13 Pro, la réalité est que cela fait un moment qu’Apple n’est pas le mieux disant technologique. Mais il reste celui qui offre toujours le meilleur autofocus et la meilleure concordance des couleurs d’un module à l’autre. Honor garde dans sa manche une promesse de balance des blancs adaptative qui serait, une fois encore, meilleure que celle de l’iPhone 13 Pro. Là encore une promesse qui sera vérifiée lors des tests.
100W, avec ou sans fil
La charge est une des forces de Honor, et cette nouvelle génération franchit une étape avec une recharge 100W à la fois en filaire comme en sans-fil. Ce que cela signifie ? Simplement que l’appareil passe de 0 % à 100 % en seulement trente minutes. Oui, même en recharge sans fil, ce qui est un record.
Le reste de la fiche technique est vraiment complet avec une certification IP68 contre l’eau et les poussières, un lecteur d’empreintes digitales sous l’écran, deux caméras en façade (3D pour la reconnaissance de visage et un ultra grand-angle pour les selfies), deux emplacements nano-sim, un enregistrement vidéo 4K 60p avec fichier de log (pour les cinéastes), une fusion multitrame pour la capture de photo pendant une séquence vidéo, etc. Un vrai vaisseau amiral en somme. Mais qui souffre d’un petit caillou dans sa chaussure…
L’étrange question de la sécurité
Qu’elle le veuille ou non, Honor est une marque chinoise. Issue, qui plus est, d’une scission d’une entreprise (Huawei) dont les liens avec le PCC lui ont valu l’ire de l’administration Trump. Aussi, lorsque les ingénieurs affirment avoir ajouté une couche de sécurité supplémentaire à celle promise de base non seulement par Android 12, mais aussi par la puce Snapdragon 8 Gen 1 de Qualcomm, les sourcils se lèvent.
Car le système de sécurité est basé sur une puce additionnelle, un chip externe. Bien qu’il soit validé par un standard de sécurité international – CC EAL5+ – et co-développé avec Qualcomm, il n’en reste pas moins que les tensions internationales et les tensions entre l’Occident et la Chine font que tout élément de sécurité provenant de l’empire du Milieu ressemble un peu trop à une boîte noire. Laisser le couple Google/Qualcomm faire le travail (qu’il est sensé faire !) aurait été, pour le public occidental, plus rassurant que de proposer un supplément de sécurité. Dont le caractère chinois est, en lui-même, un élément de doute.
Le Magic 4 Pro est annoncé à 1099 euros dans une unique version 8Go/256 Go avec une disponibilité dans le courant du printemps (sans plus de détails). À noter que le chargeur filaire 100W sera de la partie, un bon point vu qu’un tel accessoire a le bon goût non seulement de charger le smartphone, mais aussi des PC portables.
Magic 4, la version allégée
Annoncé à 200 euros de moins que son grand frère soit 899 euros, le Magic 4 (non « Pro » donc) devrait offrir le même niveau de performances générales, car c’est toujours le Snapdragon 8 Gen 1 qui le propulse. S’il propose la même diagonale d’écran, sa définition est un peu moindre, son module téléobjectif moins haut de gamme, il fait l’impasse sur la recharge sans fil (et se limite à 66W en filaire). Par ailleurs, sa protection contre les agressions extérieures est un peu en retrait (IP54 au lieu de IP68) et il n’a pas de caméra 3D en façade (qui augmente la sécurité pour la reconnaissance de visages). Seul petit avantage : une batterie 4800 mAh quand son grand frère se « contente » d’une batterie de 4600 mAh.
Les Honor Magic 4 et 4 Pro seront lancés dans le courant du printemps.
Honor Magic 4 8Go/256Go : 899 euros
Honor Magic 4 Pro 8Go/256Go : 1099 euros
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