Architectes, professionnels du graphisme, professions libérales… Apple a depuis longtemps bâti son fonds de commerce sur des secteurs d’activité bien identifiés. Lors du dernier Apple Expo, Steve Jobs, le PDG, affirmait vouloir conquérir une clientèle de PME beaucoup plus large. Certaines entreprises évoluant dans les services, l’administration ou l’industrie ont depuis longtemps franchi le pas. Pour la plupart, leur choix a été guidé par la simplicité d’utilisation, quasi mythique de Mac OS. “Nous utilisons des Mac depuis 1989. Ils étaient beaucoup plus faciles d’accès que les PC de l’époque, qui fonctionnaient avec Windows 2.0. Cela nous a notamment permis de bâtir notre réseau nous-mêmes”, se souvient Nicolas Levivier, PDG de Gohin Messain, un fabricant de pinces de manutention équipé de quatorze Macintosh fonctionnant avec Mac OS 9.
Le favori des non-informaticiens
Depuis cette époque, des progrès ont été réalisés pour simplifier l’utilisation des PC et les rendre plus accessibles aux non-informaticiens. Pourtant, selon les entreprises consultées, les Mac conservent encore une nette longueur d’avance, notamment lorsqu’il s’agit de les déclarer sur un LAN. Pour simplifier au mieux l’opération, Mac OS centralise, plus ou moins selon ses versions, l’ensemble des fonctions de paramétrage réseau d’un client. À l’inverse, la configuration d’un client Windows impose de naviguer en différents endroits de l’OS, ce qui complique l’opération. “Nous avons connecté nous-mêmes nos trente Mac à notre LAN. En revanche, la mise en réseau de nos quatre PC a été sous-traitée”, relate Frédéric Faure, PDG d’Atalante, un tour-opérateur spécialisé dans les voyages d’aventure. En outre, les Mac se révèlent plus souples. “Nous sommes amenés à installer régulièrement nos portables Titanium G4 chez nos clients. Avec nos portables Dell, nous devions reconfigurer à chaque fois les paramètres réseau. Contrairement à Mac OS, qui garde en mémoire des configurations réseaux différentes, avec Windows, chaque nouvelle configuration écrase la précédente”, explique Patrick Seifert, directeur général de la société de conseil en développement commercial Axis,qui dispose de trente Mac et de huit PC.Macintosh est aussi synonyme de sécurité. Sa diffusion moins importante dans le monde a pour conséquence immédiate un nombre moindre de virus développés pour lui. “Malgré la protection de nos antivirus et de notre coupe-feu, nos PC ont déjà été touchés. Les virus peuvent être présents sur le Mac, mais ils ne s’exécutent pas”, assure Frédéric Faure. Dans le passé, cette infériorité numérique des Mac a pu freiner leur interaction avec des PC fonctionnant avec Windows. Le problème s’est atténué à mesure que Microsoft livrait de nouvelles versions de sa suite bureautique Office pour les deux plates-formes. “Il nous est arrivé de recevoir par la messagerie des fichiers joints qui ne pouvaient être lus par nos Mac jusqu’à ce que nous migrions sous Mac OS 8.6. Aujourd’hui, nos postes exploitent Office 98 de Microsoft et échangent chacun, sans problème, deux à trois fichiers par jour avec des PC”, explique Frédéric Faure.
L’intrusion du PC
Cependant, même si le problème de compatibilité a été résolu, le manque d’applications métier empêche une entreprise de s’équiper entièrement chez Apple. Si les éditeurs de solutions horizontales, comme la bureautique et la gestion, sont nombreux à développer leurs produits pour Mac et PC, il n’en va pas toujours de même pour les logiciels métier. “La base de données économiques sur les entreprises Compass que nous utilisons n’est disponible que pour les OS Microsoft. Nous l’avons donc installée sur un serveur Windows 2000, dont les Mac prennent le contrôle grâce au client RDC de Microsoft, présent en standard dans Mac OS X”, explique Patrick Seifert, directeur général d’Axis. Le problème s’est aussi posé chez Gohin Messain. “Nous avons acheté deux PC pour utiliser l’application de CAO mécanique SolidWorks et le logiciel de CFAO Expert CUT de Lantek qui ne sont disponibles qu’avec Windows”, rappelle Nicolas Levivier. Ce passage obligé contraint certaines entreprises à gérer des environnements hétérogènes. La solution consiste alors souvent à installer une passerelle sur le réseau de l’entreprise. “Notre serveur de fichiers et d’impression AppleShare fonctionne avec Mac OS 8.5. Pour que nos PC y accèdent, nous utilisons le logiciel MacLan de Miramar, qui met en oeuvre le protocole réseau AppleTalk sous Windows”, décrit Frédéric Faure. Avec l’arrivée de Mac OS X 10.2, le problème devrait être résolu plus facilement puisque ce nouvel OS gère en standard les clients Windows. Il devrait, en outre, contribuer à enrichir le catalogue d’applications proposé avec Macintosh. Son noyau Unix FreeBSD permet en effet d’adapter sur les machines d’Apple des applications disponibles avec Linux et Unix. “Lorsque nous avons refait le processus de gestion des commandes du réseau de distribution de téléphones d’un opérateur, nous avons utilisé le logiciel de création de schémas OmniGraffle d’Omni Group conçu à la base pour Unix”, relate Patrick Seifert. Une perspective alléchante pour les aficionados d’Apple voulant éviter les compromis avec le monde du PC.
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