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Mac Pro : ni RAM, ni GPU interchangeables pour la machine professionnelle d’Apple ?

Selon le grand gourou des news Apple, Mark Gurman, Apple préparerait un Mac Pro où seule la mémoire de stockage (SSD) serait modulaire. Une approche à risque dans le cas d’un PC professionnel où les performances brutes et l’évolutivité sont clés.

Le Mac Pro actuellement en gestation dans les laboratoires d’Apple pourrait être l’ordinateur haute puissance le moins modulaire jamais lancé par la Pomme. Selon le célèbre spécialiste d’Apple, le journaliste de Bloomberg Mark Gurman, l’entreprise californienne aurait décidé d’appliquer la même conception « tout-intégré » de ses Mac actuels à sa future machine professionnelle. Comprendre ici : souder la mémoire vive (RAM) comme des rumeurs en faisaient déjà état. Mais aussi et se contenter du processeur graphique (GPU) intégré au processeur sans pouvoir faire appel à un GPU externe. Ce qui ferait de cet hypothétique Mac Pro une machine extrêmement figée dans le temps.

https://twitter.com/markgurman/status/1618410815379632129

Il s’agit ici de fuites d’informations, et non d’une annonce officielle de l’entreprise. Néanmoins, ce changement dans la narration « parallèle » de la genèse du futur superordinateur d’Apple permet de faire un petit point sur les avantages et les inconvénients de la conception intégrée que l’entreprise prône. Tout en dissociant les besoins du grand public, et ceux des professionnels.

Les avantages du tout intégré

Dans un M1 Ultra comme ici, le gros de la surface de chacun des deux die est occupé par des cœurs GPU. Des cœurs non seulement en lien direct avec les cœurs CPU, mais aussi très proches d'une mémoire qu'ils partagent tous entre eux. Un atout qui offre des gains de performances dans de nombreuses applications. Et qui limite notablement la consommation énergétique. © Apple
Dans un M1 Ultra, le gros de la surface de chacun des deux die est occupé par des cœurs GPU. Des cœurs non seulement en lien direct avec les cœurs CPU, mais aussi très proches d’une mémoire qu’ils partagent tous entre eux. Un atout qui offre des gains de performances dans de nombreuses applications. Et qui limite notablement la consommation énergétique. © Apple

Du point de vue purement matériel, la façon dont sont conçues les puces M d’Apple ont plusieurs avantages. Si on écarte les atouts pour Apple (meilleur contrôle de la machine, plus de marges, simplification des designs, etc.), il y a en aussi pour les utilisateurs. Il faut ici rappeler la spécificité des puces Apple. La première est la conception de mémoire unifiée soudée à proximité (quelques mm) de la puce de calcul – un SoC qui intègre CPU, GPU et NPU, comme les puces mobiles d’Intel et d’AMD. Le processeur tout-en-un se partage donc la mémoire pour tous les usages. Sauf que dans le cas des versions Pro, Max et Ultra, la taille de la partie GPU est largement supérieure aux puces de la concurrence. Tellement que cela revient à avoir une carte graphique dédiée de type RTX3060/3070. Une des limites actuelles dans la montée en performances étant les latences de transmission de l’information d’une puce à l’autre – le GPU charge un élément en mémoire, le calcule, l’envoie dans la mémoire du CPU qui le prend en compte, etc. – l’unification de la mémoire en un grand pool où tout le monde peut piocher peut accélérer de nombreux transferts.

L’autre avantage est à chercher du côté de la consommation énergétique. Si les MacBook actuels sont les machines avec le meilleur rapport performances/watt, c’est aussi parce que l’intrication CPU+GPU et la mémoire à côté évitent les déperditions temporelles et thermiques des allers-retours vers les mémoires. Un pluriel ici très important : une machine avec un GPU dédié dispose de sa RAM dédiée. Qui dit plus de puces, dit aussi davantage de consommation énergétique. Tout cela est bel et bon dans des machines ultraportables, voire portables. Mais la donne énergétique est moins prégnante dans les grosses tours de calcul. Un monde avec de nombreux domaines d’applications, dont certains sont très sensibles à la quantité de mémoire vive.

Les (gros) avantages du modulaire

Une carte mère pour processeur AMD Threadripper comme l'ASUS Pro WS WRX80E peut recevoir jusqu'à 2 To de RAM. Une quantité parfois nécessaires pour certaines applications professionnelles.
Une carte mère pour processeur AMD Threadripper comme l’ASUS Pro WS WRX80E peut recevoir jusqu’à 2 To de RAM. Une quantité parfois nécessaire pour certaines applications professionnelles. © Asus

Si les AMD, Intel et Nvidia n’ont pas encore réussi à rattraper Apple dans le domaine du rapport performances par watt, ces trois acteurs dominent tout de même largement Apple dans les performances pures. Quoique très efficace, même le plus gros GPU d’Apple ne peut dominer une RTX4090 de Nvidia ou tout autre processeur graphique professionnel. Idem pour les processeurs, où un énorme AMD EPYC 9474F et ses 96 cœurs et 250 Mo de mémoire cache L3 (plus de 7000$ TTC le processeur !) à 360W en pointe est forcément plus puissant que la puce d’Apple. La limite étant notamment à chercher du côté du tout intégré, où la dissipation thermique – dont la puissance est une expression – ne peut être répartie au sein d’un système.

Lire aussi : Mac Pro : en passant aux puces Apple Silicon, va-t-il perdre ses principaux atouts ? (janvier 2023)

Le fait de se priver non seulement d’un CPU, mais surtout d’un GPU modulaire peut être un sacré handicap pour l’évolutivité des machines. Si les sauts de performances de CPU d’une génération à l’autre sont rarement supérieurs à 15 % à gamme égale, les GPU profitent toujours de sauts de performances supérieurs à 50 %. Si selon M. Gurman, la puce d’Apple pourrait bénéficier d’un supplément de puissance en poussant plus loin la fréquence grâce à un refroidissement plus performant que celui d’un Mac Studio, la marge de manœuvre d’Apple reste limitée.

https://twitter.com/markgurman/status/1618411578436780034

Vient ensuite l’impossibilité d’augmenter la RAM. Si certaines applications préfèrent moins de mémoire, mais très rapide, d’autres sont très (très) friandes de RAM. Avoir suffisamment de place en mémoire pour maintenir des modèles, bases de données et autres dans un espace plus rapide que le SSD est parfois nécessaire, notamment pour des simulations et modélisation scientifiques. Et avoir de la marge pour faire vivre deux ou trois ans de plus une machine très chère à l’achat en changeant le GPU, ou en augmentant la mémoire vive, est un argument d’achat pour une machine professionnelle. Bien plus que la beauté du boîtier ou le rapport performances par watt.

S’il faut rappeler qu’il s’agit d’une analyse d’une rumeur – et donc à prendre des pincettes – il faut aussi ajouter que nous ne savons rien de la stratégie d’Apple. Une entreprise qui sait généralement très bien cibler les clients avec ses machines. Peut-être que le volume et les efforts à mettre dans le maintien d’une ligne de machines upgradables n’est plus dans son intérêt. La réponse lors de l’annonce officielle des futurs Mac Pro !

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Source : Mark Gurman de Bloomberg (Twitter)


Adrian BRANCO