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Mac OS X, l’étincelle qui a redonné vie à Apple, a 20 ans

En vingt ans, Mac OS X s’est affirmé comme le cœur des Mac, comme le système d’exploitation qui les a sauvés du naufrage, mais il a aussi essaimé, forci, muté, pour être désormais omniprésent, dans chaque produit d’Apple ou presque. Plus qu’un OS, Mac OS X a été un renouveau essentiel.

En octobre prochain, on célèbrera tristement les dix ans de la mort de Steve Jobs. Ce sera l’occasion, sans doute, de revenir sur un parcours extraordinaire, riche en anecdotes, en rencontres clés et en décisions éclairées. Il sera alors temps, une fois encore, de voir à quel point Steve Jobs et Apple sont étroitement liés. Quel acteur de la Silicon Valley peut en effet se prévaloir d’avoir non seulement fondé une entreprise, mais de lui avoir aussi redonné vie ?

Quand on pense à la renaissance d’Apple, on se tourne souvent vers les premiers iMac, vers la campagne Think Different et tous ces symboles du vent de renouveau que Steve Jobs apportait avec lui lors de son retour à la fin des années 90.
Mais on oublie trop souvent, trop rapidement, l’élément central de cette refondation, arrivé certes un peu plus tard : Mac OS X. Or, le 24 mars dernier, Mac OS X a soufflé ses vingt bougies.
L’occasion de revenir brièvement sur ce que ce système d’exploitation est et a été, maintenant que l’on sait avec certitude que Steve Jobs avait vu juste quand il indiquait, dans le communiqué de l’annonce de la commercialisation de Mac OS X, daté du 21 mars 2001 que « Mac OS X est le logiciel d’Apple le plus important depuis le système d’exploitation du Macintosh originel en 1984 ».

Copland : un échec à l’échelle d’Apple

Quand on repense à l’histoire du géant de Cupertino, on écarte volontiers l’après Macintosh, l’ère glorieuse puis piteuse, qui vit Steve Jobs se faire licencier. Qui vit aussi Apple continuer à produire des Mac et des System avec plus ou moins de bonheur. De moins en moins de bonheur, pourrait-on dire. 

C’est en 1994 que Gil Amelio va lancer le projet Copland, Mac OS 8 en devenir, destiné à faire oublier l’écart qui se creuse avec Windows. Lors de la WWDC 1996, Copland aura le privilège d’être montré à quelques happy few… avant d’être abattu d’une main nerveuse par Gil Amelio lui-même, quelques mois plus tard. 
Le patron d’Apple d’alors s’est lancé dans une grande campagne de réduction de coûts tous azimuts. Il est, pour détourner sa formule rapportée par Steve Jobs, très occupé à garder le bateau Apple pointé vers ce qu’il croit être la bonne direction, alors que les trous au fond et les fuites dans la coque se multiplient.

D.R. – Mac OS X Cheetah, les fondations sont posées d’emblée… Et l’interface Aqua !

En retard, privé de certaines de ses fonctions au profit d’un hypothétique Mac OS 9, et finalement mis à mort donc, Copland est un bel échec, comme en compte l’histoire de l’informatique. 

Néanmoins, sa fin prématurée ne doit pas faire oublier le besoin de plus en plus urgent d’animer les Mac avec un système d’exploitation qui tienne la route et réponde aux exigences des années 90. 
Les soucis de stabilité et les limites de System 7 pèsent lourd dans les esprits. Trop marquées techniquement par les moyens des années 80 (notamment la faible quantité de mémoire disponible et ce que cela implique en matière de gestion des logiciels), héritières d’usages dépassés (longtemps cet ancêtre de Mac OS X n’a su faire tourner qu’un programme à la fois), les itérations nombreuses et imparfaites de Mac OS Classic souffraient de l’empilement de briques, qui ressemblait de plus en plus à un jeu de Patatras.

D’autant que le Mac OS 8, lancé finalement en 1997, ne résolvait pas vraiment les problèmes d’Apple. En fait, l’arrêt de Copland a eu un seul et unique intérêt : prouver aux dirigeants de la firme de Cupertino que la solution ne pouvait pas être interne.

What’s NeXT ?

Dès lors, la chasse à une solution miracle extérieure était lancée. Très rapidement, un candidat se démarque, c’est le Français Jean-Louis Gassée et son incroyable BeOS, système d’exploitation détonnant à l’époque grâce à son interface graphique détaillée, rapide et à des années lumières de ce que proposaient Apple et Microsoft. Les plus anciens d’entre nous se souviendront peut-être même avoir réussi à l’installer sur leur Mac PowerPC… Tout n’y était pas encore, mais la promesse était belle, et l’esprit qui animait ce projet rappelait par certains aspects l’Apple du Macintosh.

Néanmoins, c’est un autre concurrent qui va finalement s’imposer : NeXT, la société fondée par Steve Jobs après son départ d’Apple. Moins séduisante visuellement, NextStep avait pour elle d’être plus aboutie et éprouvée dans les milieux professionnels et universitaires – après tout, le Web a été inventé sur une machine NeXT…

En 1996, toujours, après quelques négociations et un chèque de 400 millions de dollars, Apple rachetait finalement NeXT, introduisant dans ses murs le génie qui lui manquait. A vous de voir si on parle ici de NextStep ou de Steve Jobs, devenu par la grâce de ce rachat conseiller auprès de Gil Amelio – qu’il fera licencier en 1997 par le conseil d’administration.

Quatre ans pour tout réinventer

Nous sommes donc à la toute fin de 1996. Mais que se passe-t-il alors entre ce mois de décembre et le 24 mars 2001, date de sortie officielle de Mac OS X dans les magasins à travers le monde ?

Soulagé d’avoir trouvé un nouveau cœur pour ses Mac, Apple n’a pas fait le plus dur. En coulisse dans les bâtiments d’Infinite Loop, les équipes en charge du logiciel se mettent au travail pour transformer NeXTSTEP en « un jeune guépard », le premier Mac OS X, nom de code Cheetah.

Elles sont dirigées par Avie Tevanian, vice-président de l’ingénierie logicielle chez NeXT. Cet ami de longue date de Steve Jobs est un homme clé, qui a non seulement supervisé le développement de NeXTSTEP, mais qui l’a surtout construit et fait reposer sur son propre travail universitaire. Il est en effet un des deux papas du noyau Mach, pensé pour les calculs distribués et parallèles, et tourné vers les applications scientifiques. Ce même noyau qu’on a retrouvé au cœur de Mac OS X, et retrouve toujours dans macOS, iOS, iPadOS, watchOS et tvOS…

C’est un travail de fond et de titan que les équipes d’Apple (et de NeXT – où on retrouve également un certain Scott Forstall, qui présidera plus tard à la destinée d’iPhone OS/iOS, jusqu’à une triste sortie de route) vont réaliser pendant ces quatre ans. Un travail colossal et extrêmement complexe. La meilleure illustration de cette difficulté est sans doute Mac OS X Server (Rhapsody, de son petit nom), une fusion pas très heureuse d’OpenSTEP et de Mac OS 8.5.1, sortie dès le mois de mars 1999.

Il faudra donc deux ans de plus pour arriver en mars 2001 et trouver un équilibre honnête destiné au grand public. Et encore, Mac OS X ne sera seul sur scène qu’à partir du mois d’avril 2002. Lorsque, en ouverture de la WWDC 2002, Steve Jobs enterrera officiellement Mac OS 9, au son de la Toccata, de Bach, et de la levée d’un cercueil destiné au système d’exploitation moribond.

https://www.youtube.com/watch?v=G1SLCAiGkVQ

Deux ans pour construire aussi les outils qui donneront vie à l’écosystème de Mac OS X, en facilitant la vie des développeurs, ou en tout cas en leur permettant d’adapter leurs applications sans avoir à tout reprendre. On pense ainsi à Carbon, et Cocoa… 

A l’heure où les Mac M1 embarquent Rosetta 2 pour faire tourner les applications Intel sur les puces Apple Silicon, on peut aussi se rappeler que Mac OS X embarquait en son sein une version virtualisée de Mac OS Classic pour exécuter les applications qui n’avaient pas encore été redéveloppées.

Le reste, les interfaces Aqua, les effets d’affichage, le Dock, Exposé, les bureaux, la double vie menée par Mac OS X pour tourner en secret à la fois sur les Mac PowerPC et sur les Mac Intel, tout ceci culmine donc avec macOS 11. Mais pas seulement, car au fil du temps, des produits, des besoins, Mac OS X a évolué pour s’adapter aux iPhone, puis aux iPad, puis à la Watch….

En définitive, autant qu’un système d’exploitation qui a redonné vie aux Mac au début des années 2000, Mac OS X est un héritage structurant, omniprésent, sans lequel tout aurait été différent. Plus que le souvenir de Steve Jobs, et de dizaines d’hommes et de femmes, Mac OS X est l’étincelle qui palpite au cœur d’Apple, depuis 20 ans maintenant.

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Par : Opera

Pierre FONTAINE