Arrivé en juin 2007 dans le monde de la téléphonie mobile, Apple a réussi à partir de juillet 2008 à imposer un modèle économique de distribution des applications. Un modèle que la concurrence tend à copier. Le 6 janvier dernier, Apple, toujours, lançait son Mac App Store, une plate-forme de téléchargement de logiciels gratuits et payants, réservée, cette fois, à ses ordinateurs, les Mac.
« Nous avons beaucoup appris de l’App Store pour iOS, nous indiquait Eddy Cue, vice-président des services Internet d’Apple, lors d’un bref entretien téléphonique le jour du lancement du Mac App Store. Nous espérons réussir la même chose pour les logiciels pour ordinateurs », poursuivait-il, conscient de l’ampleur de la tâche.
Un démarrage prometteur
Le 7 janvier, le lendemain de son lancement, le Mac App Store totalisait plus d’un million de téléchargements à en croire Apple. Un joli chiffre. Il faut dire que la société de Cupertino a mis à disposition mille logiciels, deux fois plus que pour le lancement de l’App Store iOS.
Un million d’applications gratuites et payantes téléchargées en une journée, le chiffre est encourageant, mais doit être mis en perspective avec le nombre total de Mac compatibles avec Mac OS X 10.6.6, la version requise pour bénéficier du nouveau magasin en ligne. Ainsi, depuis janvier 2006 et l’introduction des Mac Intel, Apple a vendu environ 46 millions de Mac. Même si tous ne sont plus utilisés, cela donne une idée de ce que pourrait donner le Mac App Store.
iOS App Store et Mac App Store, une différence de poids
« C’est une nouvelle expérience, on espère que le Mac App Store marchera aussi bien » que son frère mobile, « mais il est encore trop tôt pour l’affirmer », nous déclarait Brian Croll, vice-président du marketing produit Mac OS X Apple.
Il faudra d’abord accepter l’idée qu’il est impossible de comparer de façon arithmétique ces deux plates-formes. Car, autant l’iPhone, l’iPod touch et l’iPad (125 millions d’unités vendues selon les derniers résultats financiers d’Apple) peuvent débarquer dans toutes les maisons, même celles équipées de PC, autant le Mac App Store se limite d’emblée, et a priori pour longtemps, aux Mac.
Des atouts…
Dès lors, on s’essaie à la traditionnelle liste des plus et des moins. Brian Croll insiste sur le processus de validation d’un programme soumis. Assez proche de celui pour iOS, il comporte une « part importante de vérification de sa stabilité et de sa sécurité ». Un point capital puisque Apple y joue désormais son image.
Brian Croll vante également l’évidente intégration du service à Mac OS X, avec tout ce que cela implique de simplicité d’utilisation. Quand on s’inquiète du fait que l’obligation de gratuité pour les mises à jour incitera les développeurs à préférer le lancement d’une nouvelle application – payante – à chaque introduction d’une nouvelle fonction, Eddy Cue, pragmatique, déclare que les développeurs « ne voudront pas prélever de l’argent toujours sur les mêmes utilisateurs, parce que c’est difficile de les garder. Et de conclure, précautionneux, sur ce point : Bien sûr, nous en sommes au début, c’est donc difficile à savoir ».
…des manques…
Mais en attendant de savoir comment se comporteront les développeurs présents, quelques heures sur le Mac App Store dévoilent rapidement une faiblesse. Une grande partie de ce que les utilisateurs de Mac appellent des incontournables, comme VLC, Handbreak, Cyberduck et bien d’autres, sont absents. Certains sont sans doute en cours de validation. Mais la question des verrous numériques (DRM) utilisés pour associer les logiciels téléchargés (y copmpris les gratuits) à un compte pose des problèmes à certains.
Les logiciels issus de la communauté du Libre par exemple pourraient ne pas vouloir se jeter dans cette nasse, même si elle est conçue ainsi pour faciliter la vie des utilisateurs. C’est le cas du fameux VLC, arrivé triomphalement sur l’App Store iOS. Il a dû être retiré, la licence GNU GPL n’étant pas compatible avec les conditions restrictives d’Apple.
Dès lors, un grand nombre d’applications qui ont fait le bonheur des utilisateurs sur Mac OS X depuis des années ne passeront pas par le Mac App Store. Brian Croll déclare évidemment que les logiciels « open source sont libres de postuler et qu’Apple adorerait les savoir présents sur le Mac App Store. Mais pour cela, ajoute-t-il, il faudra qu’ils respectent les conditions fixées » par Apple.
L’absence de nombreuses applications open source n’est pas forcément rédhibitoire. Mais c’est en tout cas un lourd handicap. Le Mac App Store pourra et deviendra certainement incontournable, mais il ne pourra devenir la plate-forme unique de référence. Il faudra encore longtemps compter sur les sites de téléchargement communautaires.
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