Trafic de drogue, proxénétisme… Les réseaux terroristes et mafieux blanchiraient, dans le monde, environ 1000 milliards de dollars tous les ans par le jeu des mouvements bancaires. Depuis le 11 septembre 2001 et,
surtout, la mise en examen, début 2002, de Daniel Bouton, PDG de la Société Générale, dans une affaire de trafic de chèques entre la France et Israël, les banques sont de plus en plus enclines à se doter de systèmes automatisés de détection
d’opérations suspectes.En France, si un certain nombre de dispositifs nationaux et européens font obligation aux établissements d’identifier et de geler les fonds douteux, aucun texte ne les contraint encore ?” à la différence de la
Suisse ?” à s’équiper de tels outils. Toutefois, assure Marie-Agnès Nicolet, associée au cabinet Audisoft Consultants, ‘ pour remplir l’obligation prévue par le Comité de la réglementation
bancaire, il n’est plus possible, pour une banque à réseau traitant des milliers de transactions par l’intermédiaire de dizaines d’applicatifs différents, d’assurer une surveillance manuelle de ces
opérations. ‘
Définir des seuils dalerte pour chaque transaction
Directeur solutions et conseil au sein de la division finances de LogicaCMG, Laurent Malpeli confirme que ‘ la plupart des acteurs se sont déjà dotés de solutions de filtrage ‘. Dans cette
première étape, il s’agit de rapprocher les données clients et les transactions des listes noires internes ou fournies par les autorités ?” Ofac, Gafi, Journal officiel. Ce rôle de filtre est assuré par des
développements internes ou des progiciels du marché, tels que Fircosoft, Hotscan ou Logi-Tracker.L’étape suivante consiste à se doter de progiciels d’analyse comportementale, édités par Mantas, Net Economy, Searchspace, Carreker ou SAS. Ces solutions balaient l’ensemble des données relatives aux clients et aux
comptes, puis les comparent à un historique de fonctionnement. Des seuils d’alerte peuvent être définis en fonction de la provenance et de la destination de certaines transactions, de leur nature ?” apport disproportionné
d’espèces, réveil d’un compte dormant, etc. ?” ou de leur montant.
Un projet à fort impact organisationnel
Plus structurant que le filtrage, ce type de projet dure environ huit mois et exige de lever un certain nombre d’obstacles. Financiers, tout d’abord. Laurent Malpeli évalue ainsi le ticket d’entrée
?” licence, intégration, coûts d’infrastructure ?” à 1 million d’euros. Technique, ensuite. ‘ En amont du projet, un chantier primordial porte sur l’identification des données
nécessaires, puis sur l’élaboration des différents scénarios d’alimentation et de rapatriement (ETL, EAI). ‘Organisationnel, enfin. Au-delà de la culture du risque à propager en interne, des circuits de workflow doivent assurer la coordination entre les services spécialisés chargés de la lutte antiblanchiment en
back office et les chargés de comptes en agence. Ces derniers sont ‘ les mieux à même de juger de la cohérence de certaines opérations par rapport au profil de leurs clients ‘, juge
Marie-Agnès Nicolet.Dans les starting-blocks, les grandes banques françaises devraient franchir le pas en 2004 et 2005. ‘ Les décisions seront prises durant le premier semestre, pour un démarrage en juin ou
septembre ‘, assure Laurent Malpeli. En avance, la Caisse nationale des Caisses d’épargne était déjà en phase d’implémentation en début d’année.
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