Certaines idylles, fêtées en grande pompe, n’ont finalement qu’une portée limitée. C’est le cas du fameux accord IBM/StorageTek de 1996. A l’époque, IBM n’avait pas supporté de se faire doubler par EMC sur le marché du stockage grand système. Il s’allie donc avec StorageTek, quatrième du secteur, pour revendre ses serveurs Iceberg : une architecture novatrice, mais qui peine à transformer l’essai commercial. Sur le papier, l’union sacrée s’affiche comme le nouveau leader du marché. Mais voilà. L’année dernière, l’accord n’a pas été reconduit. L’ennemi EMC trône toujours en tête des ventes. StorageTek a repris à son compte la vente des Iceberg. Quant à IBM, sa nouvelle arme de conquête s’appelle Shark ESS, une technologie maison qui n’a rien à voir avec StorageTek. Alors… beaucoup de bruit pour rien ? “C’était un excellent accord, se défend Jean-Luc Pugnet, directeur de la division stockage d’IBM France. Si on ne l’avait pas eu, ç’aurait été pire. Il nous a permis de diffuser notre technologie et de contenir la concurrence.” Car, finalement, c’est bien de cela qu’il s’agit. L’accord qui prétendait détrôner EMC a surtout permis à IBM et StorageTek de limiter la casse. Lors de sa signature en 1996, les serveurs Ramac 1 et 2 d’IBM soutenaient mal la comparaison avec la concurrence. La génération suivante ayant pris deux ans de retard, la revente de l’offre StorageTek est apparue comme une aubaine. Aujourd’hui, le marché a changé. La tendance est au SAN et à la consolidation du stockage NT, Unix et grands systèmes. Les partenaires d’hier vont désormais s’affronter sur une même base installée. D’un côté, StorageTek tentera de la faire évoluer vers de nouveaux Iceberg acceptant les environnements ouverts. Quant à IBM, il tâchera de la faire migrer vers son architecture Shark. Les partenaires sont redevenus concurrents.
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