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La Lune d’abord, Mars ensuite : le prochain patron de la Nasa met fin au rêve d’Elon Musk

Le retour des Américains sur la Lune est un impératif national, et ce avant que la Chine n’y pose à nouveau les pieds, assurait Jared Isaacman, le prochain administrateur de l’agence spatiale américaine à des sénateurs la semaine dernière. Demain, il sera auditionné devant la commission du commerce du Sénat, avant de prendre les commandes de la NASA.

En amont d’une audition qui se tiendra mercredi 9 avril, dernier obstacle à sa nomination à la tête de la NASA, Jared Isaacman tenait à rassurer. La semaine dernière, il s’entretenait ainsi avec des parlementaires, et déclarait qu’avec lui, le programme spatial américain se concentrerait sur la Lune, avant de se projeter vers Mars. Selon trois sources au courant des discussions interrogées par Reuters, le retour des astronautes sur la Lune restait au centre de la stratégie de la NASA, tout comme celui de s’y projeter avant que la Chine ne le fasse, elle qui semble pourtant en avance et moins dérangée par des questions de changements de politique.

Parmi les parlementaires présents, Ted Cruz, un républicain du Texas, était particulièrement intéressé sur la question tant son État abrite le Kennedy Space Center à Houston, véritable centre névralgique du programme Artemis de la NASA – le programme lunaire. En plus d’une localisation, l’ambition des Américains à retourner sur la Lune a créé tout un écosystème d’entreprises et de partenariats, avec des milliers d’emplois en jeu et des investissements importants. Sans passer par la Lune pour prouver de leur supériorité, les États-Unis perdraient gros d’un point de vue industriel. L’Europe aussi serait touchée, elle qui développe la capsule Orion, qui doit loger les astronautes.

Depuis le début du deuxième mandat de Donald Trump, la NASA a perdu de son attrait aux yeux de la Maison-Blanche. Bill Nelson, nominé par l’ancienne administration de Joe Biden, a laissé sa place à une dirigeante par intérim, Janet Petro, en attendant que Jared Isaacman (nominé par Donald Trump), ne puisse prendre le relais. En attendant, les licenciements se multiplient, avec le départ de la scientifique en chef Katherine Calvin, mais aussi de 22 autres employés. En termes de programme, Artemis bat de l’aile, et le retour sur la Lune n’était plus vraiment mentionné, tout comme l’utilisation de la fusée SLS, aux coûts d’utilisation astronomiques.

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Lors de son discours d’investiture, accompagné d’Elon Musk, Donald Trump avait promis qu’il allait envoyer « des astronautes américains pour implanter le drapeau américain sur la planète Mars ». Comme le rappelait Reuters, Elon Musk voyait de son côté la Lune comme une diversion à son discours de toujours avec SpaceX, à savoir celui de coloniser Mars. Sur X, la semaine dernière, le milliardaire réitérait d’ailleurs ses propos, comme un moyen de faire pression sur la NASA : « s’arrêter sur la Lune ne fait que ralentir le chemin vers Mars », publiait-il sur la plateforme.

La situation était donc critique, et la place de Jared Isaacman n’annonçait rien de bon. Proche d’Elon Musk, ce dernier a financé à deux reprises des missions privées avec SpaceX, dans lesquelles il embarquait. La plus notable, Polaris Dawn, l’a même amené à devenir le premier astronaute amateur à réaliser une sortie extravéhiculaire, dans le vide spatial. Rien n’indiquait que le futur administrateur de la NASA allait suivre une ligne de conduite objective, sans risque d’être influencé par SpaceX et le rêve d’Elon Musk : réorienter le budget annuel alloué par l’État fédéral à l’agence spatiale américaine pour tout miser sur un voyage vers Mars.

SpaceX a encore beaucoup à gagner avec Donald Trump

Mentionner la Lune comme objectif principal de la NASA risque pourtant d’être une condition sine qua non Jared Isaacman ne pourra obtenir le rôle d’administrateur général à la NASA, alors que les sénateurs doivent voter pour son accès au trône. Qu’il le mentionne aujourd’hui ne veut certainement rien dire de la suite des plans de l’agence, surtout à l’heure où la Chine pourrait prendre les devants et donner un argument patriotique redoutable : si la Chine gagne la course à la Lune, alors les États-Unis n’auront d’autres choix que de gagner celle de Mars.

En somme, la complaisance ou la défiance du futur patron de la NASA aux yeux d’Elon Musk pourront toujours être influencées par d’autres dossiers, tels que le rôle à jouer par SpaceX, dans les missions de l’État. Certains gros contrats alloués à la United Launch Alliance ont déjà été réorientés vers SpaceX. La société aérospatiale s’attachera aussi à obtenir d’autres feux verts du côté de la Federal Communications Commission (FCC), au rôle central dans l’attribution de bandes de fréquences dans le cadre de son réseau Internet par satellite Starlink. À la tête de cette agence, proche de Donald Trump et fervent défenseur des républicains, du nom de Branden Carr.

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Source : Reuters