Luna Sentz, 29 ans, est à l’image de la génération Internet, hyperactive et très à l’aise avec les nouvelles technologies. Son métier : ” Web J “, un néologisme calqué sur DJ. Autrement dit, animatrice d’émissions diffusées sur des sites Web, en l’occurrence celui de Canal+ ( www.canalplus.fr). Comédienne à l’origine, elle a d’abord prêté sa voix à la fameuse créature virtuelle Cléo, avant de participer à la première fiction interactive sur Internet, également pour Canal+. L’an passé, elle présentait des émissions régulières sur le site de la chaîne. Et depuis deux mois, elle prend plusieurs fois par semaine le relais en ligne de l’édition de la mi-journée de Nulle part ailleurs.
Sans pub et sans répit
Pour présenter des émissions sur le Web, il est nécessaire d’avoir “une pêche d’enfer”, précise Luna. Car toutes les émissions sont interactives. En effet, l’internaute n’est pas un spectateur passif : il sollicite en direct et à tout moment l’animateur. “Nous devons répondre en permanence aux attentes des internautes, sans répit. Sur le Net, pas de coupure pub pour reprendre son souffle !” La jeune femme reçoit au cours de chaque émission un ou plusieurs invités. Tout en les questionnant, elle doit surveiller sur l’écran de son portable l’apparition des remarques et des questions des internautes. Puis, elle transmet celles-ci à ses hôtes ou bien leur envoie directement une réponse. Les thèmes abordés varient beaucoup. “J’ai fait une émission avec deux jeunes femmes victimes de violences sexuelles, raconte Luna, et les internautes ont été vraiment géniaux. C’était “total respect” pour mes témoins.”Pour faire de l’animation interactive, il faut donc posséder une énergie sans faille mais aussi un minimum de psychologie. “Je dois être capable de canaliser l’énergie des gens sur le chat, pour éviter les dérives.” Certains, heureusement très rares, tiennent des propos agressifs ou pornographiques ou bien bloquent le chat, en saisissant la même phrase à plusieurs reprises. “J’essaie alors de savoir ce que veut vraiment la personne, sans faire montre d’agressivité en retour. Je lui fais comprendre qu’elle est la bienvenue si elle décide de cesser d’agir de la sorte.” Et, ça fonctionne très bien ! Trois caméras filment l’émission : une caméra de télévision classique, une DV maniée par un ” netman ” (cadreur Internet) et un petit bijou high-tech, capable de filmer sur 360?’, que l’internaute peut diriger avec sa souris. Sur son ordinateur, celui-ci peut passer d’une caméra à l’autre. Luna, quant à elle, sait utiliser la technique pour dynamiser les émissions, par exemple en avertissant les spectateurs qu’elle va bouger et qu’ils vont devoir la suivre avec la caméra 360?’. Une convivialité inimaginable à la télévision ! Et même si la technique a parfois des ratés, les internautes savent faire preuve d’indulgence. D’autant plus qu’ils se sentent vraiment écoutés. Pour preuve, les programmes évoluent constamment en fonction de leurs desiderata.
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