Céder les droits d’utilisation des bandes de fréquences 1920-1980 MHz et 2110-2170 MHz pendant quinze ans aurait pu rapporter jusqu’à 130 milliards de francs (19,8 milliards d’euros) à l’Etat. Si la manne est inespérée pour les Caisses de retraites nationales, l’investissement est suffisamment important pour que les opérateurs y réfléchissent à deux fois avant de s’engager. D’autant que leurs dépenses ne s’arrêteront pas là. Il s’agit également de prévoir le déploiement de nouveaux réseaux, ce qui, à l’échelle nationale, reviendrait à près de 40 milliards de francs d’investissements supplémentaires, selon les spécialistes.” Nous avons eu recours à deux expertises, l’une par l’administration, l’autre par un grand consultant privé libre de lien avec les candidats potentiels “, expliquait le ministre des Finances, Laurent Fabius, le 6 juin 2000 à l’Assemblée nationale, pour justifier le prix des licences. A l’époque, des critiques se sont même élevées pour dénoncer une tarification trop basse en comparaison du montant acquitté en avril par les opérateurs pour acquérir des licences UMTS au Royaume-Uni (38,5 milliards d’euros) et des 50,5 milliards d’euros déboursés en Allemagne.
Les premiers profits de l’UMTS attendus pour 2013
Mais, depuis, l’effet ” téléphonie mobile de troisième génération est retombé “. Les actions en Bourse des opérateurs ont été durement sanctionnées par les marchés qui s’inquiétaient de leur niveau d’endettement, ainsi que de leur capacité à amortir des investissements pour des perspectives commerciales qui restent, encore aujourd’hui, assez floues.Selon Forrester Research, les coûts de déploiement des réseaux UMTS (Universal Mobile Telecommunications System) entraîneront une baisse du résultat opérationnel des opérateurs en Europe en 2003, puis des pertes opérationnelles en 2007, le redressement n’étant pas attendu avant 2013.Le cabinet d’études souligne aussi que le prix de la licence française (32,5 milliards de francs, soit environ 4,95 milliards d’euros) ramené au nombre d’habitants donne un montant de 335 euros par personne, soit le niveau le plus élevé d’Europe après l’Allemagne (611 euros) et la Grande-Bretagne (630 euros), dont les tarifs sont jugés excessifs. Il y a là matière à s’interroger sur les prix que les opérateurs seront amenés à pratiquer pour rentabiliser leurs investissements, risquant ainsi de s’éloigner de l’objectif affiché, à savoir la consommation de masse de ces services.
Le WAP, un prédécesseur qui inquiète
Entre-temps, avec l’échec du WAP, les opérateurs ont commencé à s’inquiéter de la réalité de l’adoption des services mobiles ?” systèmes de localisation (magasin, restaurant, distributeur de billets) et systèmes de guidage en temps réel (intégrant la fluidité du trafic, les conditions météorologiques…), réservation en ligne, services bancaires, jeux en réseau ?” par les usagers. Le passage à un débit maximal de 2 Mbit/s, qui ne pourra être atteint que dans certaines conditions, permettra-t-il dimaginer de nouveaux services qui séduiront les consommateurs ?
La “killer application” pour mobiles reste encore à découvrir, et, avec elle, les clients de troisième génération.
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