Nul besoin d’aller au Japon pour voir des démonstrations UMTS qui fonctionnent. Certes, l’empire du Soleil levant, ayant le premier lancé des services commerciaux, possède quelques longueurs d’avance, mais Monaco Telecom n’est pas vraiment en reste, avec l’un des premiers réseaux européens en état de marche.
Six mois à un an d’avance sur la concurrence
Pour l’heure, l’alliance Siemens-Nec a déployé, pour le compte de l’opérateur monégasque, sept Node B (l’équivalent UMTS des stations de base traditionnelle du GSM) et couvre 90 % des deux kilomètres carrés de la principauté. Il devrait, pour une couverture totale, en installer trois de plus dans les prochains mois.La technologie utilisée à Monaco, véritable laboratoire grandeur nature de Cegetel (Monaco Telecom est détenu à 55 % par Vivendi Telecom International), n’est pas la version définitive de l’UMTS tel qu’il est défini dans les standards préconisés par l’Etsi ou par le 3GPP (Third generation partnership project), mais “le travail est bien avancé et nous allons déployer les versions 3GPP de septembre 2001 dès le début de cette année”, explique Stéphane Bret, directeur de la division Réseaux mobiles de Siemens. Et d’expliquer le choix d’un partenariat avec Nec : “Ce constructeur est l’un des premiers à avoir reçu des commandes de NTT DoCoMo au Japon. Cela nous coûte beaucoup moins cher d’adapter une technologie que de la développer entièrement de bout en bout, et, désormais, avec l’expérience de Monaco, nous avons une très bonne connaissance terrain, qui nous assure une avance de six mois à un an sur nos concurrents.”
Des débits flirtant avec les 384 kbit/s en Streaming
Concrètement, la démonstration de Monaco a permis de surfer sur Internet et de visualiser en Streaming des programmes télé à des débits flirtant avec les 384 kbit/s. Enfin, un constructeur et un opérateur sont en mesure de montrer des applications UMTS sur le Vieux Continent ! On imagine facilement les applications entreprises à venir, facilitant d’autant le travail des collaborateurs nomades : accès au bureau comme si on y était, géolocalisation, informations… Il devrait y en avoir pour tout le monde ! Mais, si le constructeur allemand est apte à démontrer un réseau UMTS, si modeste soit-il, où en sont ses concurrents ?
Les numéros un et deux devancés
En octobre 2001, le numéro un, le finlandais Nokia, n’était pas en mesure de montrer mieux que des stations de base posées sur des palettes, prêtes à être livrées aux opérateurs clients, dont Orange. Un état d’avancement qui, à l’époque, avait ravi Didier Quillot, directeur général d’Orange France. Quant aux terminaux, il était à peine possible d’aborder le sujet. “Nous avons effectué beaucoup de recherches mais, pour des raisons stratégiques, nous ne pouvons les montrer”, déclarait un porte-parole du constructeur.Le numéro deux, Ericsson, n’est pas non plus capable de montrer à ses visiteurs l’état d’avancement de ses travaux, et semble préférer se concentrer sur la deuxième génération (GPRS), avec des contrats à Bahreïn, en Chine et en Inde. Il fait également resurgir sur le devant de la scène la “première troisième génération”, avec les premiers contrats signés avec des opérateurs américains qui ont opté pour l’Edge (Enhanced data rate for GSM evolution).Alcatel, autre fournisseur d’Orange, n’évoque, de son côté, qu’une “première mondiale”, après avoir annoncé l’acheminement d’une communication voix, données et vidéo sur l’embryon de réseau déployé à Paris. Il ne nous a cependant pas été donné de voir par nous-mêmes ces démonstrations, effectuées, selon les intéressés, à l’intérieur d’un immeuble, depuis un véhicule ou par un piéton vers un autre mobile UMTS, vers un GSM, ou encore, vers un téléphone fixe. Enfin, toujours selon Alcatel, le réseau a pu atteindre le débit record de l’UMTS, soit 384 kbit/s.Si l’expérience de Monaco prouve que la technologie est quasi mature, elle affiche encore quelques incertitudes. En effet, lors des démonstrations, le terminal Nec a montré rapidement ses limites, puisque la batterie a dû être changée au bout d’une demi-heure, totalement vidée.Moins technique, le dernier problème est pour les opérateurs : comment tarifer de manière raisonnable les services ? Le scénario le plus probable devrait résider dans l’adoption de cette technologie par les entreprises, sans doute les plus prêtes à s’équiper, la commercialisation de masse ne s’effectuant que peu à peu. Pour certains observateurs, les nouvelles technologies mettent du temps à émerger, et l’UMTS ne dérogera pas à cette règle : il faudra peut-être attendre de six à huit ans pour que l’on voie de nombreux utilisateurs équipés de terminaux multimédias à hauts débits. D’ailleurs, les calendriers de lancement sont assez flous : fin 2002, pour les plus optimistes ; courant 2004, pour les plus prudents.
Les Japonais, incontournables
Finalement, les constructeurs européens alliés à des Japonais semblent les mieux armés dans le dossier du haut débit mobile. Dans le domaine des mobiles également, les Nippons peuvent donner des leçons. Même si le terminal Nec utilisé à Monaco ne permet pas encore d’afficher des données multimédias directement sur son écran, et sert plutôt de modem, il existe, et il fonctionne. Ce qui n’est pas le cas des concepts phones dont Nokia ou Ericsson parsèment leurs documentations. Il faut se faire une raison : les Japonais sont en avance et il vaut mieux travailler avec eux. Stéphane Bret reste modeste : “Toute nouvelle technologie met du temps à décoller et à s’installer. Le téléphone mobile de troisième génération n’échappe pas à la règle.”
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