L’été arrive et avec lui, la flambée des factures de téléphone mobile. Touriste ou homme d’affaires, l’abonné qui utilise son portable à l’étranger continue en effet à payer le prix fort, même quand il ne fait que recevoir un appel.
Une situation dénoncée depuis longtemps, mais prise en main depuis peu par la Commission européenne. L’UFC-Que Choisir se propose de l’aider dans ses réflexions avec un projet de réforme. Elle espère ainsi influer sur les décisions définitives de
Bruxelles, attendues le 19 juillet prochain.Entre autres propositions, l’UFC-Que Choisir suggère la création d’un ‘ appel local européen ‘, en réponse à l’aberration de la tarification actuelle : ‘ Quand un client français en
voyage en Allemagne appelle un résident allemand, l’appel pourrait être considéré comme local, mais il est facturé cinq à six fois plus cher que s’il s’agissait d’un appel local à l’intérieur du territoire français ! Il devrait être du même
ordre de prix ‘, dénonce Joël Dufour, président de la commission nouvelles technologies de l’UFC-Que Choisir.Cette marge est d’autant plus inadmissible, selon l’association, que ‘ d’un point de vue technique, ces appels ne sont pas très différents. Les réseaux des opérateurs européens sont interconnectés et les coûts
liés à la prise en charge d’un abonné étranger [identification du client, facturation entre opérateurs, NDLR] sont peu significatifs ‘, souligne Jean-François Poitut, chargé de mission à l’UFC-Que
Choisir.Le constat est valable même dans des configurations plus simples, où les marges sont certes moindres : un abonné français situé en France est facturé en moyenne 0,48 ?/min lorsqu’il appelle en Allemagne, mais s’il est en
voyage à Berlin, il paiera le double pour appeler à Paris. Dans ce cas de figure, l’UFC-Que Choisir prône un ‘ appel intra-européen unique ‘, qui permettrait à tout Européen en déplacement d’émettre ou de recevoir des
appels à un tarif plafonné à 0,466 ?/min.
Une marge de 80 %
D’après son analyse, l’association estime que Bouygues Telecom, Orange et SFR ont empoché, en 2004, 735 millions d’euros grâce au roaming européen (itinérance), en faisant une marge de 80 % sur les appels
passés par des étrangers en transit en France. Elle souhaite que cette marge soit plafonnée à 30 %, pour tous les appels ‘ intra-européens ‘. L’UFC-Que Choisir affirme que ses propositions auraient permis aux
consommateurs d’économiser 392 millions d’euros sur la base de l’année 2004.Si l’association de consommateurs se montre particulièrement incisive sur le dossier du roaming, c’est parce que la Commission européenne doit justement prendre des décisions fermes envers les opérateurs dans une
quinzaine de jours. Après avoir longtemps
laissé traîner le dossier, Bruxelles a soumis des
propositions en mars 2006, qui plafonnaient les prix de gros (revente de minutes entre opérateurs) mais aussi les prix de détail (directement facturés aux abonnés) : un Français
en Allemagne pouvait ainsi espérer appeler dans l’Hexagone pour 0,48 ?/min au lieu d’1 ?/min.Mais, en juin dernier, la Commission a émis de nouvelles propositions, jugées par l’UFC-Que Choisir plus en faveur des opérateurs…
‘ Nous devons contrebalancer la pression que des lobbys exercent sur la
Commission. Et quoi qu’il arrive, il faut absolument que Bruxelles maintienne sa volonté de réguler le prix de détail. ‘ En effet, les régulateurs nationaux, comme l’Arcep en France, n’ont jamais voulu s’attaquer au prix de
détail, laissant aux opérateurs le champ ‘ libre ‘. Les décisions que prendra Bruxelles le 19 juillet devraient être appliquées mi-2007.
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