01net. : Quelle a été la grande nouveauté dans l’Internet français en 2003 ? Ludovic Lecomte : La preuve qu’un modèle payant peut exister. En 2002, nous avons essayé. En 2003, nous avons cassé la baraque avec des jeux comme Qui veut gagner des millions ? Et il s’agit d’une très bonne
nouvelle, qui va permettre de contrebalancer le poids de la publicité. La contrepartie, c’est qu’il nous va falloir améliorer nettement la relation clients. Avant, on délivrait du contenu que les gens regardaient ou non. Avec le payant, nous devons
nous assurer que la garantie de fonctionnement est là.Avez-vous évolué dans votre perception des internautes ? Il y a un rêve à la base d’Internet : que chaque client final soit le rédacteur en chef. Mais nous nous sommes rendu compte que ce n’est pas ce qu’attendent les gens. Vu la quantité d’informations qui circulent, ils recherchent
d’abord un filtrage intelligent, avec une notion de proximité de service.Y a-t-il des expériences que vous suivez tout particulièrement à l’étranger ? J’ai arrêté de regarder ce qui se passe ailleurs. Chaque fois que nous avons assuré ce genre de suivi, nous nous sommes plantés.Quelles sont les grandes évolutions technologiques de l’année ? L’explosion du haut-débit bien sûr. Une forte offre vidéo devient possible : en 2002, nous avions 40 millions de logs pour nos vidéos ; en 2003, nous sommes passés à 72 millions. J’ai aussi l’impression que le
haut-débit change la façon d’utiliser Internet, les gens regardent plus de sites et y sont moins fidèles. Mais la mini-révolution, c’est le développement du hors-Web (messagerie instantanée, peer-to-peer). Là, nous ne sommes pas
présents. Pour la messagerie, nous avons de forts partenaires. Et le peer-to-peer reste plus ou moins légal. Actuellement, je me demande encore comment utiliser le hors-Web pour Star Academy 4.Quelle est l’importance du Web par rapport à la télévision ? Nous ne nous prenons pas pour les maîtres du monde. Nous n’avons pas la puissance de la télé. TF1 fait du spectacle et le fait très bien. En le transposant sur Internet, il perd toute valeur. Le Web se regarde à cinquante centimètres
de son écran, pas dans son canapé, et il faut utiliser une souris, un clavier…Qu’attendez-vous d’Internet pour les prochaines années ? Que ça marche. Les Français regardent la télévision plus de trois heures et demie par jour sans aucun problème. Passez trois heures sur Internet et vous aurez cent problèmes. On ne peut plus se contenter des balbutiements du début.
Aujourd’hui, les gens payent, il faut que ça marche.
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