Après une mauvaise année, les affaires de Lucent ne sont pas près de s’arranger. Malgré le cafouillage peu glorieux du bilan 2000, puis le coup d’assommoir du premier trimestre 2001 (plus de 1 milliard de dollars de pertes et dix mille licenciements), nul indice de remise en question chez les dirigeants.Nous sommes leader quasiment partout, et nous avons la meilleure technologie. Tous ces avatars sont à mettre au compte d’une croissance mal maîtrisée, expliquent-ils en substance.Laurent Lafarge, directeur général de Lucent France, admet ce constat. Mais son explication est ambiguë. “C’est vrai, les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos espérances. Cela dit, Lucent n’est pas le seul à connaître des difficultés qui touchent l’ensemble du marché. En fait, la situation de la société est à mettre au compte d’une croissance rapide.” Ainsi, il explique qu’au moment où Lucent a quitté le giron d’AT&T, en 1996, son chiffre d’affaires se situait autour de 20 milliards de dollars. Et que, aujourd’hui, il atteindrait le double si l’on comptabilisait ceux d’Avaya et d’Agere, devenues des sociétés indépendantes. Sans compter les nombreuses acquisitions que Lucent doit encore digérer. Enfin, ces ratés concerneraient surtout le marché américain. En Europe, la croissance de l’entreprise se maintient à deux chiffres.Pourtant, d’autres sociétés connaissent une croissance rapide et effectuent de nombreux rachats sans pour autant afficher de mauvais résultats. Ne serait-ce donc pas une affaire de culture d’entreprise ? Laurent Lafarge esquive la question en mettant en avant la volonté de Lucent de s’oxygéner et de se régénérer. “ Nous avons annoncé un plan de restructuration ambitieux. Nous allons nous concentrer sur des secteurs à croissance durable, tels que l’optique, l’internet, la commutation IP et les mobiles.”La chose est entendue, si ce n’est que l’entreprise met en avant l’optique. Un secteur qui, pourtant, a été l’une de ses faiblesses en 2000. Laurent Lafarge réfute à nouveau ce constat : “Nous n’avons pas été distancés dans la course à la technologie. Nous n’avons simplement pas assez investi dans la production industrielle. Erreur que nous avons corrigée depuis. D’ailleurs, ce qui nous arrive guette n’importe lequel de nos concurrents. Demain, nous nous serons refait une santé, et eux seront en difficulté.”
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