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Luc Besson dénonce les ‘ complices du piratage ‘

Dans une tribune publiée dans ‘ Le Monde ‘, le réalisateur et producteur dénonce nommément des société du Web qui profiteraient de la contrefaçon en ligne.

Selon la Loi pour la confiance dans l’économie numérique, quand quelqu’un repère un contenu ‘ manifestement illicite ‘ sur un site, il doit le notifier à ce dernier selon une procédure
très formelle pour en demander le retrait. Mais il existe apparemment un moyen plus rapide : publier une tribune dans un grand journal avec le nom des fautifs.C’est ce qu’a fait
Luc Besson ce week-end. Le producteur et réalisateur de cinéma s’est fendu dans Le Monde
daté du 14 février d’un texte dénonçant non seulement le piratage, mais aussi tout un système économique qui en profite. Il en a même rajouté une couche dans
une interview accordée à l’Hebdo cinéma sur Canal Plus.Dans les deux cas, il cite nommément le site BeeMotion Streaming, hébergé sur le service Dedibox de Free… qui a illico demandé au site de cesser ses activités de diffusion (streaming) de films. C’est ce
qu’indique BeeMotion
sur sa page Web.Dans sa tribune parue dans Le Monde, Luc Besson écrit : ‘ Les internautes ne sont […] pas
les seuls responsables [du piratage ,
NDLR]. Comment explique-t-on qu’ils aient aussi facilement accès à des films pourtant protégés par la loi ? Le visionnage gratuit et illicite de contenus cinématographiques s’effectue sur des sites de téléchargement et de
streaming (écoute en direct) très facilement accessibles sur la Toile. ‘Plus loin, il ajoute : ‘ Ces sites ne pourraient exister sans la complicité objective de bon nombre d’acteurs économiques français qui ont un intérêt financier à faire perdurer le système.
L’économie du piratage est une longue chaîne d’acteurs. ‘

Un ‘ loyer numérique ‘ issu du piratage

C’est là que le producteur cite BeeMotion Streaming, site canadien apparu en septembre 2008, proposant ‘ des centaines de films dont certains viennent de sortir, pour zéro euro ‘,
précise Luc Besson sur Canal Plus. Le raisonnement du cinéaste est celui-ci : on ne peut probablement rien juridiquement contre un site étranger, mais s’il est hébergé par une société française, on peut agir contre cette dernière. Luc Besson
dénonce ainsi le ‘ loyer numérique ‘
perçu par Iliad. Autrement dit, un revenu issu du piratage.Free/Iliad n’est pas le seul à s’attirer les foudres du cinéaste. Il s’en prend aussi à PriceMinister dont la publicité était ‘ omniprésente sur le site de BeeMotion ‘, ainsi qu’à Google
et Allotraffic qui ‘ touchent des commissions de régie de la part des marques françaises ‘ affichant des annonces sur des sites illégaux, BeeMotion ou d’autres.Sur la chaîne cryptée, Luc Besson se montre plus qu’explicite : normalement, tous ces acteurs du Web français devraient être poursuivis. ‘ Ils savent très bien qu’ils mettent de l’argent dans des choses qui
ne sont pas légales
. Il n’y a pas de raison de mettre toute la pression sur les internautes. ‘

La loi ‘ Création et Internet ‘ examinée le 4 mars

Si Free, comme souvent en cas de litige, ne commente pas l’affaire, PriceMinister a tenu à réagir. ‘ Le piratage sur Internet est un grave problème et il est normal de s’en inquiéter, reconnaît son PDG,
Pierre Kosciusko-Morizet. Mais l’analyse de Luc Besson ne tient pas debout. ‘ Pierre Kosciusko-Morizet rappelle par exemple que les publicités pour PriceMinister sont le fait de sites Internet affiliés qui
s’inscrivent à une plate-forme pour placer une bannière ou un pop-up du site d’achat-vente entre particuliers.Ce dernier dit donc ne pas avoir la main sur la destination de ses annonces. ‘ Il nous faudrait vérifier qui sont nos 20 000 affiliés ! C’est complètement méconnaître ce
mécanisme ‘,
résume le fondateur de PriceMinister.Un autre gros acteur du Web s’étonne de la démarche de Luc Besson et de l’initiative de Free, prise complètement hors du cadre légal de la LCEN. Mais il remarque que l’affaire survient à quelques semaines du début des débats à
l’Assemblée nationale sur
la loi Création et Internet. Aux dernières nouvelles, les députés en ont programmé l’examen pour le mercredi
4 mars. Un petit coup de lobbying ?En tout cas, le reproche fait par Luc Besson à PriceMinister n’est pas le premier du genre. En juin 2005, les producteurs et le réalisateur du film Les Choristes avaient cité plusieurs sociétés (Neuf Telecom,
AOL, Française des jeux, SNCF, le groupe Partouche…) devant le tribunal correctionnel pour
avoir passé des publicités sur des sites de liens BitTorrent.

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Arnaud Devillard