Passée presque inaperçue jusqu’ici, la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel du 27 février dernier d’ouvrir enfin la bande AM (ondes moyennes uniquement) à de nouveaux opérateurs et à de nouveaux formats est une formidable avancée radiophonique mettant définitivement fin au monopole de la radio en France. C’est aussi l’un des actes les plus novateurs du CSA depuis l’arrivée de Dominique Baudis, son président, qui renoue du même coup avec l’obligation de respect du pluralisme. C’est, enfin, la victoire de tous ceux qui, comme nous à Superloustic (demande d’ouverture de l’AM dès 1987), ont mené ce long combat face aux inerties juridiques, techniques et administratives de l’audiovisuel français, face aux pressions des opérateurs privés qui se partagent aujourd’hui le gâteau de la FM (NRJ Group, RTL Group, Europe 1 Communications), tentant d’installer discrètement un nouveau monopole hexagonal. Pionniers des radios libres dans les années 1980, nous sommes aujourd’hui pionniers de l’AM libre. Cette victoire de Superloustic (la radio des 4-11 ans) et de l’Adam (Association pour le développement de l’AM) ne doit pas être un leurre. Ce n’est qu’une étape…
Les moins de onze ans, public oublié
Superloustic est un concept de radio à vocation nationale et citoyenne, adaptée et destinée “prioritairement” à plus de 7 millions d’enfants. Offrir aux 4-11 ans de notre pays un accès gratuit à l’information, à la liberté d’expression, à un programme généraliste adapté à leur âge et respectant l’écoute des mineurs (tel que le prévoit la loi de 1986 relative à la communication audiovisuelle), c’est toute l’ambition de ce “vrai” nouveau format. C’est aussi une nécessité et une urgence pour ce nouveau public, grand oublié du média radio depuis l’année 1992. Alors que se passe-t-il en France ?Combien de temps encore allons-nous marcher sur la tête, pour ne pas dire “un grand oui” à cet exceptionnel outil gratuit, culturel, social, éducatif, informatif, de services et de dialogue intergénérations, dire “oui” à son redéploiement au plan national, face au besoin des enfants de s’exprimer en toute confiance et à celui des parents de les laisser faire en toute sécurité, évitant ainsi les multiples dérives constatées par tous ?Combien de temps faudra-t-il pour agir devant les soutiens dérisoires alloués à notre production européenne à destination des juniors, au regard de la puissance de la production japonaise ou américaine ? Combien d’auteurs, de compositeurs, d’interprètes devront se résigner, voire disparaître, face à l’offre majoritaire de programmes à destination des plus de 15 ans ?Bref, qu’attend-on pour répondre à la réalité des besoins par des actes courageux et volontaristes, plutôt que par des “si”, des “mais” et des discours en décomposition ?Si l’Europe est juste abordée dans la campagne pour la présidentielle, l’enfance, la jeunesse, l’audiovisuel et les nouvelles technologies en sont cruellement exclus, comme en sont exclus les jeunes créateurs et entrepreneurs français. Pourtant, le prochain gouvernement devra engager de grandes réformes dans tous ces domaines, majeurs pour l’évolution, le dynamisme et l’avenir de notre pays.
Agir, faire, avancer
Alors oui, Superloustic doit exister partout en France pour les enfants ! Et que l’on cesse de nous parler de semi-pénurie de fréquences en ondes moyennes (plus de 50 sont disponibles), de problèmes techniques et sonores de l’AM (la numérisation de la bande est prévue fin 2003), d’un parc d’émetteurs trop anciens (qu’on le change), et de tous les arguments invoqués pour limiter les actions, sans volonté, sans convictions, sans choix visionnaires. DAB : oui ou non ? TNT : oui ou non ? Loi audiovisuelle de 1986, évolution : oui ou non ? AM : oui mais… ou oui ?Agissons, faisons et avançons ! Le temps est venu de construire en toute transparence (secteurs public et privé de la radio confondus) un paysage radiophonique français, le PAR, équitable, équilibré et performant.* fondateur de superloustic et du mouv de radio france, directeur associé de la société bravo productions
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