Louis Pouzin sera l’invité de 01net, ce vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale américaine. Quand on lui demande de se présenter, il répond brièvement : « Pour le passé, regardez sur Wikipedia. Pour l’avenir, regardez l’Icann. » Une manière de dire qu’entre le contrôle de la NSA et celui de l’iCann, l’évolution de la toile ne va pas dans le sens qu’il espérait.
Peu connu du grand public, Louis Pouzin est pourtant celui sans qui Internet ne serait pas ce qu’il est. Comme Vinton Cerf ou Tim Berners Lee, ce Français est l’un des artisans de la toile. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être récemment décoré par la Reine Elizabeth en même temps que Tim Berners Lee, Vinton Cerf, Robert Khan et Mark Andreessen pour leur contribution à la création du World Wide Web en 1989.
Diplômé de polytechnique en 1950, il est l’un des rares à cette époque à s’intéresser à l’informatique. Il a inventé le datagramme et ses travaux ont été repris par Vinton Cerf pour créer le protocole de transmission TCP/IP.
Créer des extensions sans passer par l’Icann
Pour ce pionnier, c’est le smartphone qui a totalement changé Internet et qui a démultiplié la puissance américaine sur le réseau. D’ailleurs, il ne possède pas de smartphone, ni de tablette. Quant à ses ordinateurs (des PC et des Mac), ils ne sont pas de la dernière génération. Il ne possède pas non plus de télévision. « J’ai eu un iPad, mais je l’ai revendu six mois après. Je ne supporte pas de ne pas pouvoir installer ce que je veux sur un appareil ».
A 83 ans, Louis Pouzin ne s’est pas retiré des affaires. Grand défenseur d’un Internet libre et ouvert, il regarde avec défiance le contrôle de l’Icann. Pour lui, cet organisme doit rester sous contrôle des Etats-Unis. Pour préserver sa souveraineté, ou pour la bâtir, l’Europe doit mettre en place une alternative.
Pour cela, il vient de créer Open-Root. Cette startup propose à qui le veut de créer son extension sans passer par l’Icann. Une initiative déjà soutenue par Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, qui, depuis sa nomination, a engagé une bataille contre cette organisation qui, rappelle-t-elle, est une entreprise privée régie par le droit californien.
Pour Louis Pouzin, ce n’est pas un rêve. C’est un projet qui rassemblera même au-delà de la France, l’Europe et tous les États qui voudraient se ranger sous sa bannière. Apparemment, ils sont déjà nombreux.
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