C’est une figure historique, considéré comme l’un des tout premiers ordinateurs portables, si ce n’est le premier : l’Osborne 1, lancé en avril 1981 par Osborne Computer Corporation (1). La machine, qui fête ses 30 ans, avait été conçue pour être déplacée facilement, malgré ses 10,7 kilos. Son propriétaire pouvait la refermer comme une valise et la tenir en main grâce à une poignée. Selon une publicité, elle avait été pensée pour pouvoir être mise sous le siège d’un avion, d’après cet article de 1982 d’Atlantic Magazine. On peut y lire aussi que, « déplié, l’Osborne 1 ressemble à une radio militaire désuète ».
« La meilleure affaire du moment »
Conçu par Lee Felsenstein, l’Osborne 1 était vendu 1 795 dollars. A ce prix, jugé bas à l’époque, « la meilleure affaire du moment dans le monde du business », selon Atlantic Magazine, l’acquéreur disposait d’un PC avec un écran monochrome minuscule de 5 pouces de diagonale (52 caractères par ligne), un processeur Zilog Z80 de 4 MHz, une RAM de 64 kilo-octets.
Il était doté de deux lecteurs de disquettes simple densité 5 pouces 1/4 (une capacité jugée insuffisante alors), d’un port parallèle IEEE-488 et d’un port RS 232, pour y connecter en série imprimantes ou modems. L’Osborne 1 était jugé d’autant plus intéressant en terme de prix qu’il était fourni avec plusieurs logiciels : système d’exploitation CP/M 2.2, tableur SuperCalc, traitement de texte WordStar, langage de programmation MBASIC de Microsoft et CBASIC de Digital… Le coût des logiciels équivalait à celui de la machine elle-même !
L’ordinateur permettait, en option, d’ajouter un modem maison de 300 bauds, encastrable sous le lecteur de disquettes de gauche, un connecteur lui étant réservé en façade. L’utilisateur pouvait aussi brancher un écran externe plus grand, rajouter une carte électronique pour permettre la lecture de disquettes double densité… L’Osborne 1 devait être branché sur une prise électrique (120 V ou 240 V), une batterie d’une autonomie de 1 heure fut commercialisée par la suite.
L’effet Osborne
Osborne Computer a connu le succès avec cette machine : 11 000 exemplaires écoulés les huit premiers mois ; chiffre d’affaires de 1 million atteint en septembre 1981. Les ventes furent impactées négativement par l’annonce de nouvelles machines à venir, mais non prêtes, l’Osborne Executive et le Vixen. Cette erreur stratégique est restée célèbre sous le nom « d’effet Osborne ».
L’Osborne 1 (et sa deuxième version, de bleu vêtue) fut aussi sévèrement concurrencé par des machines plus attractives, comme le KayPro II (1982), puis surtout par le Compaq Portable, le premier portable qui soit aussi un clone de l’IBM PC, tournant avec MS-DOS, système devenu incontournable en 1983. Puis, à court d’argent, Osborne Computer fit faillite en 1983.
En retraçant l’histoire de cette machine, dont le musée de l’Informatique détient un exemplaire, (acheté 99 dollars sur eBay, voir ici la fiche) on se rend compte à quel point les terminaux nomades ont évolué, à l’heure des tablettes tactiles et autres ordiphones.
A lire, sur ce passionnant morceau d’histoire, le long article consacré à l’Osborne 1 et à Adam Osborne (décédé en 2003), publié par Technologizer. Les plus motivés peuvent aussi naviguer sur l’excellent Odlcomputers.net, dont la « timeline » permet de revivre l’épopée des premiers ordinateurs personnels.
(1) Osborne Computer Corporation a été cofondée, avec Lee Felsenstein, par Adam Osborne, auteur de livres informatiques et de documentations pour Intel.
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